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France / Environnement

Les oiseaux se meurent dans les campagnes françaises

Des chercheurs tirent la sonnette d’alarme dans une étude menée par le CNRS et le Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Ils révèlent que depuis les années 1990, un tiers des populations d'oiseaux vivant en milieu agricole auraient disparu.

Depuis les années 1990, près d'un tiers des populations d'oiseaux vivant en milieu agricole auraient disparu. (image d'illustration)
Depuis les années 1990, près d'un tiers des populations d'oiseaux vivant en milieu agricole auraient disparu. (image d'illustration) FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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Par Mohsin Charkaoui

« Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse ». C’est ce que dit l’étude menée par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), rendue publique mardi 20 mars. Les populations se seraient réduites d’un tiers en 15 ans, une diminution qui serait directement liée aux pratiques agricoles intensives.

« Les milieux naturels que sont les forêts ou les zones non cultivées ne voient pas un déclin de cette ampleur. Sans faire de grandes hypothèses, on peut considérer que ce sont les modèles agricoles qui sont à l’origine de ce phénomène », affirme Grégoire Loïs, chercheur au Muséum et l’un des coordonnateurs de l’étude.

Le résultat de deux études

Le constat est issu de deux réseaux de surveillance distincts, indépendants et usant de méthodologies différentes. D’un côté le programme STOC (suivi temporel des oiseaux communs), un réseau de sciences participatives piloté par le Muséum. Cette plateforme rassemble les observations d’ornithologues, de naturalistes et de passionnés, sur l’ensemble du territoire. De l’autre, une étude menée à l’échelle locale par le CNRS dans une « zone-atelier » située dans les Deux-Sèvres (79) et suivie depuis presque 25 ans.

Les chercheurs mettent en cause les pratiques agricoles intensives mais l’étude alerte aussi sur l’accélération de ce phénomène depuis les deux dernières années dans les milieux agricoles. Elle pointe du doigt notamment l’utilisation des herbicides, des engrais au nitrate ou encore les nicotinoïdes, ces insecticides neurotoxiques responsables de la raréfaction de nombreux insectes et du déclin des abeilles.

Un environnement dégradé

Mais le dépérissement des oiseaux des champs n’est que la part visible de dégradations encore plus profondes. Il y a aussi moins d’insectes, moins de plantes sauvages et donc moins de graines. Même les organismes qui rendent les sols vivants et permettent les activités agricoles, comme les bactéries ou les champignons, se portent mal. Pour Grégoire Loïs, « la disparition de ces oiseaux est le signe que les milieux cultivés en France sont de moins en moins hospitaliers aux organismes vivants. Il faudra tôt ou tard accepter la baisse des productions industrielles si on souhaite avoir un environnement plus durable et moins toxique ».

Face à la gravité de la situation, l’étude soutient que la solution ne viendra pas de la protection de ces espèces mais du changement réel des pratiques. Loin d’être résignée, la communauté scientifique veut alerter les consciences et croire en la capacité de résilience de ces milieux naturels, comme le souligne Grégoire Loïs, « ces communautés d’oiseaux peuvent se restaurer si on supprime la source de destruction à la base, d’autres espèces sont là pour le prouver ».

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