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France

L'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, un acte politique

Le gouvernement français a tranché : après des décennies de controverse, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dans l'ouest, est définitivement abandonné. Décision annoncée mercredi 17 janvier 2018 par le Premier ministre, mais décidée et validée avec le président. Une décision difficile à prendre, et qui fait déjà sentir ses effets politiques.

Des zadistes tombant dans les bras des uns des autres après l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 17 janvier 2018.
Des zadistes tombant dans les bras des uns des autres après l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 17 janvier 2018. REUTERS/Stephane Mahe
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La décision était d’autant plus difficile à prendre que l’on se souvient que, durant la dernière campagne présidentielle, le juppéiste Edouard Philippe et le candidat Emmanuel Macron étaient tous deux plutôt favorables à la construction de cet aéroport. Le futur président avait alors élaboré l'idée d'une médiation de six mois pour évaluer toutes les options, suivie d'une décision définitive, mais s'était montré plus ambigu dans ses prises de parole.

Mais voilà, arrivés aux commandes du pays, face à un dossier véritablement empoisonné après un demi-siècle de tergiversations, « il n’y avait pas de bonne solution », a dit le chef du gouvernement à l'issue du Conseil des ministres de mercredi. Et la meilleure ou la moins pire pour sortir de l'impasse, aux yeux de nos gouvernants, c'était donc d’abandonner ce projet. Une décision qui a le mérite de jouer l’apaisement face aux opposants les plus farouches.

Notamment les zadistes, qui ont fêté leur victoire mercredi et qui, le gouvernement l’espère, seront peut-être un peu plus faciles à déloger. On verra. Mais c'est une décision éminemment politique également, qui conforte l’emblématique ministre de l'Environnement Nicolas Hulot, hostile de longue date à l’aéroport. Il n'avait pas fait de cette question une ligne rouge, mais pas sûr pour autant qu’il serait resté en poste. Ce risque est désormais écarté.

Le Premier ministre français, flanqué de ses ministres et notamment ceux de l'Intérieur et de l'Environnement, au moment d'annoncer l'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, le 17 janvier à Paris.
Le Premier ministre français, flanqué de ses ministres et notamment ceux de l'Intérieur et de l'Environnement, au moment d'annoncer l'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, le 17 janvier à Paris. REUTERS/Charles Platiau

Le président et son Premier ministre vont devoir maintenant gérer les conséquences politiques de leur décision. Et la colère est grande chez les élus de tous bords, au-delà des clivages partisans. On a ainsi entendu mercredi deux anciens Premiers ministres, le socialiste Jean-Marc Ayrault et le républicain Jean-Pierre Raffarin, dénoncer avec la même virulence « un déni de démocratie ».

Il est vrai que le président Macron est passé outre la consultation locale de la population en 2016, favorable à la construction. Le tollé politique va donc se poursuivre, alors que l’opposition cherche un peu d’oxygène pour exister face au populaire chef de l'Etat. Avec notamment cette critique sur le « reniement » de sa parole ; les ténors de la droite font remarquer depuis mercredi qu'Emmanuel Macron ne pourra plus dire désormais qu'il « fait ce qu'il a dit qu'il ferait ».

01:17

Abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes: les clivages traditionnels brouillés à l'Assemblée

Anthony Lattier

→ À la Une de la presse ce jeudi 18 janvier : pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes

La décision d'abandonner le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est populaire, selon deux sondages réalisés mercredi après l'annonce d'Edouard Philippe. Dans une étude Elabe pour BFMTV, 74 % des sondés se déclarent « favorables » à cette décision, contre 26 % qui s'y « opposent ». Environ 78 % des sondés sont « d'accord » avec la décision prise, relate une autre enquête réalisée par Harris Interactive pour RMC/Atlantico, contre 22 % qui ne sont « pas d'accord ».

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