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France / Justice

Mort de Patrick Henry, l'un des détenus les plus célèbres de France

Il fut l'un des plus anciens détenus de France, dont l'affaire judiciaire a été au centre du combat pour l'abolition de la peine de mort. Patrick Henry, 64 ans, dont 40 passés en prison pour le meurtre d'un enfant, est décédé ce dimanche 3 décembre 2017 d'un cancer du poumon. Il échappe à la guillotine, grâce à la plaidoirie de son avocat, Robert Badinter. Un procès qui a marqué les annales judiciaires en France.

Patrick Henry ici photographié en août 2002, un an après sa libération sous conditions.
Patrick Henry ici photographié en août 2002, un an après sa libération sous conditions. MYCHELE DANIAU / AFP
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Un crime qui provoque une émotion et une polémique sans précédent

Des décennies durant, Patrick Henry fut un symbole : celui d'un assassin d'enfant. A la fin des années 1970, ce jeune VRP enlève un garçonnet de 7 ans, Philippe Bertrand, à la sortie d'une école et formule une demande de rançon.

L'affaire tourne mal, le corps de l'enfant sera découvert mort par strangulation. Ce crime suscite alors une énorme émotion en France. « La France a peur », lance alors à la télévision le journaliste présentateur des journaux de 20 h, Roger Gicquel.

Un procès qui marque les annales judiciaires

Le procès de Patrick Henry qui suivra en 1977 marquera les annales judiciaires. Patrick Henry encourt la peine capitale, mais de justesse il échappe à la guillotine. Son avocat Robert Badinter, fervent militant de l'abolition de la peine de mort, convainc les jurés.

L'affaire Patrick Henry représente ainsi le premier pas vers l'abolition de la peine de mort. Dans une plaidoirie historique, le 20 janvier 1977, Robert Badinter prend les jurés un par un, et les yeux dans les yeux les enjoint de ne pas « couper vivant un homme en deux ».

Cette plaidoirie donnera lieu à un film, L'Abolition, diffusé en 2009 à la télévision française, inspiré des livres de Robert Badinter : L'Abolition, mais aussi L'Exécution. En effet, cinq ans avant l'affaire Patrick Henry, un autre client de Robert Badinter condamné à mort avait été guillotiné.

Nommé ministre de la Justice en 1981, Robert Badinter présente à l'Assemblée nationale le projet d'abolition de la peine de mort. Le 18 septembre 1981, par 363 voix contre 117, l'Assemblée nationale française adopte le projet de loi portant abolition de la peine de mort.

Aux jurés de la Cour d'assises qui venaient de lui sauver la tête, Patrick Henry dira : « Vous n'aurez pas à le regretter. » Il va passer près d'un quart de siècle derrière les barreaux. Détenu modèle, il reprend ses études.

En 2001, libéré sous conditions, il va cependant vite casser cette image. Il est interpellé en Espagne avec 10 kg de cannabis. Ce qui signifie pour lui un retour derrière les barreaux.

Après 40 ans d'emprisonnement, Patrick Henry avait retrouvé la liberté en septembre dernier. La justice l'avait autorisé à mener en homme libre son dernier combat, celui contre le cancer.

Tout le monde pensait que Patrick Henry allait être condamné à mort (...) Quand l'enfant avait été enlevé, Patrick Henry lui-même disait qu'il faudrait condamner à mort celui qui avait fait ça. Donc, il y a quelque chose, une espèce de mouvement d'opinion, un mouvement de révolte contre un acte odieux (...) Un sentiment qui est presque primitif et qui, partagé par la foule, se renforce, et qui est celui d'une vengeance

01:00

Le grand ténor du barreau Henri Leclerc revient sur ce procès emblématique

Franck Alexandre

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