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France / 13-Novembre

«Les attentats du 13-Novembre ont transformé l’hôpital»

Blouse blanche, tatouage au-dessus du coude et large sourire, Théophile Bastide n’a pas oublié son 13 novembre 2015. Ce cadre infirmier aux urgences de l’hôpital Lariboisière a été rappelé à son poste pour faire face à l’affluence des blessés. Nouvelles procédures, exercices d’alerte, les attaques de 2015 ont profondément bouleversé l’hôpital et les soignants.

Théophile Bastide était aux urgences de l'hôpital Lariboisière le 13 novembre 2015.
Théophile Bastide était aux urgences de l'hôpital Lariboisière le 13 novembre 2015. RFI / Stéphane Lagarde
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RFI : Que vous évoque le 13 novembre 2015 ?

Théophile Bastide : Je me souviens avoir été appelé à mon domicile alors que les premières victimes arrivaient. J’ai immédiatement repris le service. Les soins avaient commencé d’être mis en place par les équipes sur le terrain, et les victimes n’arrêtaient pas d’arriver.

Pour des raisons géographiques, l’hôpital Saint-Louis et l’hôpital Lariboisière ont été parmi les premiers à recevoir les blessés…

Ce qui est très particulier, c’est déjà qu’on n’est pas prévenus. La première victime est venue d’elle-même, en taxi. C’est une situation qu’on rencontre rarement dans les hôpitaux. Les médecins et les soignants ont dû improviser, s’adapter en ne sachant pas ce qui allait suivre.

C’était vraiment perturbant, mais tous les personnels se sont mobilisés pour accueillir un grand nombre de victimes. Nous avons reçu plus de vingt blessés. C’est impressionnant pour du personnel hospitalier qui n’est pas forcement habitué à ce genre de situation. Non seulement un grand nombre de victimes, mais aussi des blessures par balles. On est habitués à voir de temps en temps des blessures par arme à feu, mais à ce point-là cela a été perçu par beaucoup comme des blessures de guerre.

Avec aussi une projection de la part des personnels qui se retrouvaient face à des gens jeunes, parfois avec des gens qui avaient des amis au Bataclan où dans les environs. Psychologiquement, c’était compliqué pour les soignants. Ils sont parvenus à garder leur sang-froid et à organiser rapidement les choses.

Deux ans après, pensez-vous toujours à ce 13 novembre 2015 ?

Oui, on y pense toujours. D’abord parce qu’il y a eu beaucoup de travail et qu’on s’est organisés pour répondre encore mieux à un afflux encore plus massif de victimes. Nous avons appris de nos erreurs, car on a forcément commis des erreurs. Il y a beaucoup de choses qui ont extrêmement bien fonctionné, d’autres qui ont été plus compliquées et là-dessus dessus on a travaillé.

On continue d’ailleurs de se perfectionner. Tous les ans nous effectuons des exercices. On a également acquis du matériel spécifique – garrots, tourniquets, pansements spécifiques–  de manière à sécuriser les patients avant de les prendre en charge et de les transférer vers les services adéquats. En un temps très court, il faut arrêter les hémorragies et pouvoir évaluer l’ensemble des patients, temporiser, savoir quelles sont les blessures les plus et les moins graves, savoir sur lesquelles se concentrer.

Bien sûr, il nous reste des choses à améliorer parce qu’on a un turnover important, beaucoup de personnel ; c’est donc compliqué de maintenir les compétences dans ce domaine. Mais on est soutenu par une structure de l’AP-HP qui est concentrée sur ce sujet. Le centre d’enseignement des soins d’urgence qui gèrent les formations aux gestes en cas d’urgence.

Est-ce que ces attentats ont changé l’hôpital ?

Oui, je pense que de toute manière, les attentats du 13 novembre 2015 ont induit une mise en alerte, une inquiétude qu’on n’avait pas forcément avant. Je m’occupe de tout ce qui est gestion de crise depuis plusieurs années, et je sais qu’avant il y avait ce sentiment de choses assez irréelles, de choses qui n’arriveraient pas... On s’entraînait, on faisait les choses, mais sans y croire vraiment. Aujourd’hui, on y croit et on s’y prépare sérieusement.

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