France: cinq interpellations en marge de la visite du président Macron en Guyane
Des incidents ont éclaté dans la nuit du vendredi 27 octobre 2017 à Cayenne, en marge du déplacement du président de la République dans le département. Pour son premier voyage officiel dans les outre-mer, Emmanuel Macron se savait attendu au tournant, six mois après le conflit social qui avait paralysé le département.
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Dans la nuit de jeudi à vendredi, Cayenne a connu des affrontements opposant les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes plusieurs heures durant, et des manifestants, qui s'étaient donné rendez-vous devant la préfecture autour du collectif guyanais « Pou Lagwiyann Dékolé ».
« Les Guyanais ne sont pas des enfants », lance le président
Cinq interpellations ont eu lieu, selon le procureur. Un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés. Des jeunes, souvent cagoulés, ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles, notamment aux abords du commissariat. Des poubelles ont été incendiées, selon un journaliste de l'AFP.
Dans l'après-midi, une marche à l'appel de Pou Lagwiyann Dékolé avait rassemblé dans le calme plus d'un millier de personnes à Cayenne pour demander le respect des promesses faites par l'Etat jusqu'ici. Mais les protestataires ont ensuite voulu rencontrer le chef de l'Etat et ont franchi des barrières.
Les manifestants réclamaient de voir le président dans la soirée, plutôt que vendredi matin comme le proposait l'Elysée. Les esprits se sont échauffés. Emmanuel Macron « n'a aucun respect pour nous », considère Davy Rimane, membre du collectif, alors qu'une opération « ville morte » a aussi eu lieu.
M. Macron n'a donc pas convaincu les manifestants. Jeudi, le chef de l'Etat avait voulu s'afficher en président à l'écoute, mouillant la chemise, allant au contact dans les rues en terre battue de Maripasoula. Y compris d'un habitant dont la maison avait été cachée par des panneaux pour embellir le quartier.
Comme à son habitude, le chef de l'Etat français s'est montré ouvert au dialogue, et comme à son habitude, aussi, il a souhaité « parler vrai ». « Je ne suis pas le père Noël », « je ne suis pas venu faire des promesses en l'air », a-t-il ainsi averti, « parce que les Guyanais ne sont pas des enfants », a-t-il osé.
Les protestataires demandent toujours 2 milliards de plus
A la dernière minute, le chef de l'Etat avait accepté de recevoir des membres du collectif qui avait piloté la mobilisation au printemps dernier. Mais l'effort a été jugé insuffisant, ces derniers exigeant un rendez-vous immédiat. David Riché, président de l'Association des maires de Guyane, est mi-figue mi-raisin :
« Sur certains points, on a eu gain de cause, surtout sur le volet immigration, sécurité, minima sociaux », commente-t-il. Mais « le plan qui a été annoncé par le précédent gouvernement, je crois qu'il ne sera pas totalement respecté par celui-là, notamment sur le deuxième volet ».
L'enjeu sous-jacent : le plan additionnel. Dans l'accord de Guyane du 21 avril dernier, l'ancien gouvernement avait acté un plan d'urgence de 1,08 milliard d'euros, signé des accords sectoriels et « pris acte » d'une demande de 2,1 milliards d'euros de mesures supplémentaires par les protestataires.
Pas de fausse promesse, donc. Comprendre que l'Elysée respectera les engagements pris par le précédent gouvernement, et débloquera plus d'un milliard d'euros pour la Guyane. « Pas plus, pas moins », a insisté le président, estimant que « l'Etat a fait trop de promesses qui n'ont pas été tenues ».
Après les débordements, le président va donc devoir encore convaincre. Il est attendu ce vendredi au centre spatial de Kourou, un lieu devenu le symbole des inégalités sociales en Guyane. Le chef de l'Etat est accompagné par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et de plusieurs ministres.
→ À relire : Visite présidentielle, les attentes de la Guyane
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