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France

Le parc nucléaire face au risque terroriste, un rapport alarmant de Greenpeace

Alarmant, c'est le mot pour qualifier le rapport de Greenpeace sur la sécurité de nos centrales nucléaires en cas d'attaque terroriste. Alarmant, au point que seule une version expurgée des informations les plus sensibles est publiée ce mardi 10 octobre. Le document est signé par des experts du nucléaire et du terrorisme mandatés par Greenpeace et conclut à un « déficit historique de la protection de nos installations ».

Un site nucléaire en France à Belleville-sur-Loire.
Un site nucléaire en France à Belleville-sur-Loire. REUTERS/Regis Duvignau
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C'est un rapport extrêment inquiétant que publie Greenpeace ce 10 octobre 2017. Des experts anglais, américains, français et américains du nucléaire et du terrorisme pointent du doigt dans un rapport « des déficits historiques dans la protection de centrales nucléaires françaises ».

L'un des constats principaux des experts est la fragilité de la protection des piscines de combustible usé. « Si le bâtiment réacteur est protégé par une enceinte de confinement renforcée, les piscines de combustible usé, elles, ne sont pas protégées », dit le rapport.

A quoi servent les piscines d’entreposage du combustible ?

Ces piscines assurent à la fois une fonction de protection radiologique contre la radioactivité dégagée par le combustible usé, et de refroidissement de ce combustible, qui reste longtemps extrêmement chaud. Les piscines des réacteurs français ont une capacité de plusieurs centaines de tonnes de combustible, celles de l’usine de retraitement des déchets de la Hague contiennent déjà l’équivalent de près de 150 cœurs de réacteurs de 900 MW, et toutes sont au bord de la saturation.

Le scénario redouté est celui d’une perte de refroidissement, en raison d’une brèche qui entraînerait une déperdition d’eau plus rapide que le rythme auquel celle-ci peut être renouvelée, et conduisant à découvrir le combustible, qui, alors, prendrait feu.

63 piscines mal protégées

Les piscines sont contenues dans des bâtiments épais de 30 cm. Le bâtiment réacteur est lui entouré de parois en béton de 60 cm à 1 mètre. En cas d'attaques sur ce type de structures, la capacité de résistance des piscines est problématique, et peut aboutir à « de graves rejets radioactifs, et à terme la fonte de toute la piscine ». En comptant La Hague et Creys-Malville, la France compte en effet 63 piscines de combustible usé. L'un des coauteurs du rapport, rencontré par Le Parisien, précise même que dans le cas de Fukushima, « si les piscines avaient elles aussi été touchées, ce sont les 14 millions d'habitants de la ville de Tokyo, pourtant située à 260 km, qui auraient dû être évacués ». Les experts préconisent donc de bunkériser ce type d'installations. Il faudrait investir entre 140 et 222 milliards d'euros pour mener à bien ce renforcement de la protection.  Interrogé par Le Parisien, Philippe Sasseigne, directeur du parc nucléaire d'EDF, réfute les critiques sur ces fameuses piscines de combustible et insiste sur les moyens déployés pour protéger les sites.

Greenpeace, un scénario bien maîtrisé

Greepeace alerte donc l'opinion publique, et va remettre aux autorités son rapport. Et pour parfaire le scénario catastrophe dessiné par Greenpeace, l'ONG a décidé de ne rendre publique qu'une version allégée des informations les plus sensibles afin de ne pas donner des idées à des personnes mal intentionnées. De quoi trembler encore un peu plus...

 

Dans la conception des installations nucléaires, beaucoup plus d'attention a été portée sur les réacteurs eux-mêmes que sur les piscines, et du coup, elles sont malheureusement victimes d'un déficit de robustesse intrinsèque qui vis-à-vis des actes de malveillance devient une vulnérabilité supplémentaire...

01:00

Yves Marignac, un des experts qui a travaillé pour le rapport de Greenpeace

Agnès Rougier

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