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France - Presse

France: la presse quotidienne nationale relève la tête

Grâce à une année riche en actualité et à l’adaptation des journaux au numérique, la presse quotidienne nationale française enregistre des chiffres en hausse pour l’exercice 2017. Mais si la mort du papier n’est pas encore pour demain, la PQR et surtout les magazines continuent de voir leurs ventes s’éroder.

La PQN a connu une croissance en audience de 6,5% depuis l'année dernière.
La PQN a connu une croissance en audience de 6,5% depuis l'année dernière. Christophe Carmarans/RFI
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On la disait en perte de vitesse, dépassée, voire même condamnée, mais la presse quotidienne nationale française voit son lectorat repartir à la hausse. Globalement, la PQN, telle qu’on l’appelle, a enregistré une hausse de 6,5% chez les plus de 15 ans depuis un an selon les chiffres publiés cette semaine par Offremedia.

Sur dix quotidiens nationaux, neuf sont à la hausse, les gains les plus spectaculaires étant ceux de La Croix (+27,1%), du Figaro (+18,5%) et de Libération (+ 17,5%). Plus que jamais leader sur ce marché avec 2,8 millions de lecteurs pour une diffusion de 280 000 exemplaires en moyenne, Le Monde enregistre pour sa part 16% de lecteurs en plus par rapport à 2016.

En prenant soin de rappeler que tous ces titres bénéficient des aides accordées par l’État via le Fonds stratégique pour le développement de la presse, on relèvera qu’ils ont été servis à la fois par une actualité particulièrement riche, animée en premier lieu par une campagne présidentielle française à rebondissements, et aussi par leur adaptation au numérique, laquelle commence vraiment à porter ses fruits. « L’ensemble de la presse écrite dans tous les pays développés voit sa diffusion papier baisser considérablement. Ceux qui compensent par la diffusion numérique, ce sont ceux qui arrivent à s’en sortir », observe l’universitaire spécialiste de l’histoire des médias Patrick Eveno, que nous avons interrogé au téléphone.

L’atout du numérique

En France, c’est pour le moment Le Monde qui a le mieux converti ses abonnements papier en abonnements numérique mais des titres comme Les Échos, Le Figaro ou encore L’Équipe sont tous en progression. « Si l’on regarde en chiffres absolus, Le Monde en est maintenant à 145 000 abonnés numérique alors qu’il y a dix ans il était à 140 000 abonnés papier »souligne Patrick Eveno. Ce changement n’est évidemment pas anodin, en particulier du point de vue économique car le papier coûte très cher par rapport au journal en format PDF consultable sur écran. « Sur un exemplaire papier, explique l’universitaire, le journal ne touche que 40% du prix de vente et 60% vont à l’impression-distribution. C’est pour cela qu’ils peuvent se permettre de vendre des abonnements numérique moins cher que des abonnements papier : il n’y a pas le coût du papier, ni de l’impression ni de la distribution ».

Reste que le papier demeure toujours plus attractif en termes de recettes publicitaires. « Elles sont beaucoup moins importantes sur le numérique que sur le papier », relève Patrick Eveno. « Sur le papier, explique-t-il, on peut encore vendre des espaces chers dans la mesure où on voit la publicité quand on lit un journal, ou du moins on la voit de façon subliminale. Sur le numérique en revanche, il y a des publicités qui disparaissent parce qu’on ne peut plus faire des ‘pop-ups’ comme on faisait à un moment ou parce qu’il y aussi des blocages de pub comme ad block par exemple ». La rentabilité de la publicité sur le numérique reste donc beaucoup moins importante que sur le papier pour le moment même si, a priori, on peut mieux y cibler son audience.

« Pour résumer, analyse Patrick Eveno, un abonné papier coûte beaucoup plus cher au journal mais il rapporte plus aussi. L’un dans l’autre en fait, c’est à peu de choses près pareil : si je prends Le Monde comme exemple, le chiffre d’affaire en faisant transférer le papier vers le numérique est resté à peu près le même. Mais on sait bien que l’avenir est au numérique pas au papier, en particulier grâce à l’amélioration des fonctions du mobile ». Que ceux qui préfèrent encore le contact de la feuille de journal se rassurent néanmoins : la mort du papier, ce n’est pas pour tout de suite. « Les journaux qui ont fait le saut vers le tout-numérique en arrêtant le papier – à l’exception du quotidien La Presse au Canada – ont tous perdu 80-90% de leur lectorat » conclut Patrick Eveno.

Bilan morose ailleurs

On notera pour terminer que cette embellie de la presse quotidienne ne se répercute pas dans la presse régionale. Si certains titres comme Ouest-France, Nice-Matin ou Le Progrès sont en hausse, beaucoup d’autres continuent à perdre des lecteurs, un lectorat plus âgé en moyenne et moins enclin à passer au numérique.

Le constat est encore pire pour la presse magazine qui a perdu 2,2% de son audience sur les douze derniers mois. Contrairement aux quotidiens nationaux, les news magazines comme la presse people ont du mal face à la concurrence des sites web gratuits de toutes sortes. Et comme le nombre de points de vente ne cesse de chuter – 700 kiosques en moins sur le territoire français cette année – cette tendance baissière pourrait bien se poursuivre.

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