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France

Attaque à Levallois-Perret: l’opération Sentinelle critiquée

L’attaque menée ce mercredi 9 août à Levallois-Perret, dans le nord-ouest de Paris, dans laquelle six militaires ont été blessés, relance le débat sur le maintien du dispositif militaire.

Des soldats de l'opération Sentinelle patrouillent devant la tour Eiffel, à Paris.
Des soldats de l'opération Sentinelle patrouillent devant la tour Eiffel, à Paris. ©Ludovic MARIN / AFP
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Lancée début 2015, juste après les attentats contre Charlie Hebdo et le supermarché casher de la porte de Vincennes (7 et 8 janvier 2015), l'opération Sentinelle visait, au départ, à déployer 10 000 soldats pour venir compléter le plan Vigipirate en restant en faction devant les sites sensibles. Mais au fil des mois, le dispositif (passé à 7 000 hommes) a évolué vers des patrouilles, en déplacement quasi-constant, dans tous les lieux sensibles.

Cibles des jihadistes

Les soldats de Sentinelle ont été pris pour cible à six reprises depuis le lancement de l'opération, de Nice à Levallois-Perret en passant par Valence, l'aéroport d'Orly ou encore le carrousel du Louvre à Paris. Ces attaques ont été menées à chaque fois par des hommes seuls, armés de couteaux, d'une machette ou qui ont utilisé leur véhicule (comme à Levallois-Perret, ce mercredi). Cela fait dire à certains responsables politiques et militaires qu'au lieu de « protéger, dissuader et rassurer » - selon les termes employés par le ministre de la Défense de l'époque, Jean-Yves Le Drian -, les soldats de Sentinelle fixent désormais la menace. Le dispositif est de plus en plus souvent jugé peu efficace et trop risqué.

« Ce dispositif ne donne satisfaction à personne car il apporte très peu en termes de sécurité. En revanche, il fournit aux terroristes des cibles militaires claires pour qui veut les frapper. Depuis le début, ils ont essentiellement servi de cibles », estime ainsi le général à la retraite Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre.

Le président de la République a entendu ces critiques. A la veille du défilé du 14 juillet, Emmanuel Macron annonçait, dans son discours à la communauté de défense, qu'il proposerait une « nouvelle doctrine d'intervention qui permettra de revenir en profondeur sur l'organisation de Sentinelle ».

Quelques jours plus tard, en déplacement sur une base aérienne du sud de la France, le même Emmanuel Macron précisait toutefois qu'il n'y aurait « pas un seul soldat en moins sur le territoire national d'ici au 31 décembre 2017 ».

Mais, avant-même l'attaque de Levallois-Perret, la ministre des armées, Florence Parly, avait annoncé que ses services travaillaient, en collaboration avec ceux de l'Intérieur, à des propositions de réforme de l'opération qui seront présentées au mois de septembre au président français.

« La gare du Nord, ça ne les fait pas rêver »

A la question de l'efficacité et des risques s'ajoute, par ailleurs, celle du recrutement. Les attentats de 2015 avaient provoqué une vague de candidatures pour rejoindre les rangs de l'armée. Mais beaucoup de recrues semblent n'avoir pas trouvé ce qu'elles cherchaient, au travers de cet engagement. Il y a eu de nombreux départs du régiment.

Le 19 juillet dernier, le chef d'état-major de l'armée de Terre était auditionné par la commission défense de l'Assemblée nationale. « Nos jeunes s’engagent pour l’action et pour voir du pays », déclarait le général Bosser. « Quand on leur dit que leur première mission sera Sentinelle à la gare du Nord, cela ne les fait pas rêver. Je ne vais pas raconter des histoires : ils se sont engagés d’abord pour partir au Mali ou sur d’autres théâtres d’opérations extérieures ». L'attaque de Levallois-Perret, risque de renforcer un peu plus encore, ce sentiment.

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