Accéder au contenu principal
France

Affaire Grégory: les raisons du suicide du juge Lambert expliquées dans une lettre

Le juge Lambert qui s'est donné la mort le 11 juillet dernier a écrit quatre lettres avant de commettre son geste. L'une d'elles adressée à un journaliste du quotidien régional L'Est Républicain a été rendue publique mercredi 19 juillet. Celui qui fut le premier magistrat chargé d'enquêter sur la mort du petit Grégory en 1984 y explique les raisons de son suicide.

Jean-Michel Lambert, juge d'instruction dans l'affaire Grégory Villemin, en 2014.
Jean-Michel Lambert, juge d'instruction dans l'affaire Grégory Villemin, en 2014. AFP/Jean-François Monier
Publicité

Les premiers mots du juge Lambert dans la lettre qu'il a laissée pour expliquer son suicide sont d'une implacable lucidité : « J'ai décidé de me donner la mort car je sais que je n'aurais plus la force désormais de me battre dans la dernière épreuve qui m'attendrait », écrit le juge.

Cette dernière épreuve, ce sont les dernières interpellations dans la famille de Grégory qui ont relancé l'enquête en juin dernier. Jean-Michel Lambert y explique que l'affaire Grégory, dont il a été dessaisi en 1987, a hanté sa vie... et son dernier « rebondissement », comme il l'écrit, a fini par le détruire.

L'ancien magistrat défend toujours son enquête

Le mois dernier, un minutieux travail de relecture du dossier, mené par les gendarmes a conduit la justice à mettre en examen trois membres de la famille de Grégory. Murielle Bolle, la belle-sœur de son oncle, Bernard Laroche, est elle aussi mise en examen. Cette nouvelle orientation du dossier, celle du complot familial, contredit les pistes suivies à l'époque par le juge Lambert.

Dans son courrier, celui qui était surnommé le « petit juge », pour son manque d'expérience lorsqu'il est saisi de l'affaire, proclame à nouveau l'innocence de Bernard Laroche et de Murielle Bolle. Jusqu'au crépuscule de son existence le magistrat a voulu défendre son honneur et son travail.

Un courrier qui illustre la solitude du juge

Le premier juge d'instruction de « l'affaire Grégory » a rédigé quatre courriers de ce type avant de se suicider. A son épouse, à sa fille, à son éditrice et au journaliste de L'Est Républicain. Ces personnes semblaient être son unique soutien et ils ne se comptent que sur les doigts d'une main.

Ce sentiment d'abandon s'est peut-être accéléré par la diffusion des carnets tenus par le juge Simon, qui a succédé au juge Lambert dans cette affaire. Quelques heures avant le suicide de son confrère, les chaînes d'information en continu passaient en boucle les impressions du juge Simon. L'une d'elles résonne encore : « On reste confondu devant les irrégularités, les fautes et les dissimulations de preuves ou le désordre intellectuel du juge Lambert », écrivait Maurice Simon. Cette déclaration sonne comme un désaveu en place publique.

L'affaire Grégory, une machine à broyer les hommes

L'affaire du petit Grégory aura donc fait 3 morts. Grégory, retrouvé inanimé dans les eaux de la Vologne un soir d'octobre 1984. Bernard Laroche, l'un des premiers suspects, assassiné par le père de l'enfant quelques mois plus tard; et aujourd'hui, Jean-Michel Lambert. « On ne connaîtra jamais la vérité parce que l'on refuse de voir la vérité », a d'ailleurs prédit le magistrat avant de se donner la mort. Un dernier hommage lui a été rendu ce jeudi 20 juillet au matin à la cathédrale Saint-Julien du Mans où avaient lieu ses obsèques.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.