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France / Nucléaire

EPR de Flamanville: le feuilleton continue

Le feuilleton de l'EPR, le réacteur nucléaire de Flamanville, dans la Manche, offre cette semaine un nouvel épisode. Lancée il y a 13 ans, la construction de l'EPR n'en finit plus d'être retardée. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) doit cette semaine donner son avis sur la conformité de la cuve du réacteur.

L'EPR de Flamanville est aujourd'hui une épine géante dans le pied d'Areva.
L'EPR de Flamanville est aujourd'hui une épine géante dans le pied d'Areva. REUTERS/Benoit Tessier
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L’EPR est un projet de réacteur de troisième génération, dit « à eau pressurisée », développé par un consortium regroupant Framatome, devenu Areva, et EDF en France, et Siemens en Allemagne. Il est conçu pour pouvoir fonctionner avec 100 % de MOX, un combustible issu du retraitement du plutonium lui-même issu de combustibles usés. Le plutonium est 10 000 à 100 000 fois plus radioactif et toxique que l’uranium, et les risques d’accident plus élevés et plus graves.

Les deux premiers réacteurs de ce type sont en construction à Flamanville, en France, depuis 2004, et à Olkiluoto, en Finlande, depuis 2005. Les échéances de mise en service étaient prévues au départ pour Olkiluoto en 2009 et pour Flamanville en 2012 n’ont pas été respectées. A Flamanville, l’EPR subit depuis le début de sa construction des retards consécutifs à des problèmes techniques, des accidents mortels sur le chantier et maintenant des anomalies de qualité.

→ (RE)LIRE : Areva, ses EPR, ses calvaires

Suite à une étude approfondie les deux dernières années, le gendarme du nucléaire doit donner son avis d’expert sur la qualité de la cuve du réacteur et de son couvercle. Remontons la chronologie : en avril 2015, l’ASN découvre des anomalies dans l’acier des cuves et des couvercles de l’EPR de Flamanville, mais aussi des deux EPR qui ont été vendus à la Chine. Des défauts de soudure sont également détectés dans le réacteur, mais l’ASN autorise des tests ; en 2016, des anomalies sont relevées dans les cuves et les couvercles qui ont été forgés entre 2007 et 2011 à l’usine du Creusot. Il y a trop de carbone dans l’acier, ce qui le rend fragile, donc dangereux. L’usine du Creusot vivait alors des problèmes techniques, financiers et changeait de propriétaire, passant des mains de Bolloré à celle d’Areva.

Un avis technique et des conséquences financières

Les 31 experts de l’ASN doivent rendre une proposition d’avis concernant la résistance de la cuve et du couvercle d’ici la fin de la semaine, et un avis définitif à l’automne prochain. Il semble que le problème principal se situe au niveau du couvercle. Sauf contrôles réguliers tout au long du fonctionnement du réacteur, la solidité du couvercle ne semble pas garantie et son utilisation n’irait pas au-delà de quelques années. Un changement de couvercle pourrait avoir lieu, mais les délais de commande et de fabrication repousseraient le démarrage du réacteur de plusieurs années alors qu’EDF annonçait la mise en service du réacteur pour 2018.

Si EDF et Areva sont suspendues à cet avis de l’ASN, c’est parce que les retards successifs ont déjà plombé les ventes à l’étranger. La Finlande, qui avait commandé deux EPR, a résilié la commande du second réacteur en raison des retards et des coûts astronomiques occasionnés : le premier EPR devrait démarrer à Olkiluoto au plus tôt en 2018, mais le coût de construction est passé de 3 milliards à la commande à plus de 8,5 milliards aujourd’hui, et Areva et Siemens sont en désaccord avec la compagnie d’électricité finlandaise pour déterminer qui va payer les dépassements. Un EPR a été vendu au Royaume-Uni, sa construction à Hinkley Point validée en mars dernier, mais d’après le journal The Economist, les banques britanniques ont conditionné leurs prêts au démarrage de l’EPR de Flamanville avant 2020. Les conclusions de l’ASN cette semaine seront donc déterminantes.

L’EPR de Flamanville, très critiqué par les associations environnementales en raison notamment de sa dangerosité potentielle, devait être la vitrine du nucléaire français de pointe. Il est aujourd’hui une épine géante dans le pied d’Areva.

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