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France

Législatives et présidentielle: quelles alternatives au scrutin à la française?

Alors que les élections législatives ont vu La République en Marche décrocher une écrasante majorité à l’Assemblée nationale, de nombreuses voix s’élèvent contre le mode de scrutin uninominal à deux tours. Un système électoral qui permet en général au vainqueur de l’élection de bénéficier d’une large majorité. Mais quelles sont les alternatives ? Exemples.

Une urne s'apprête à être dépouillée dans un bureau de vote à Nice, le 11 juin 2017.
Une urne s'apprête à être dépouillée dans un bureau de vote à Nice, le 11 juin 2017. Reuters/Eric Gaillard
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En France, les députés et le président sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours depuis la création de la Ve République en 1958 par le général de Gaulle. Les deux candidats qui obtiennent le meilleur score au premier tour sont qualifiés pour le second tour. Petite spécificité pour les législatives : trois voire quatre candidats peuvent arriver au second tour à condition qu’ils obtiennent un nombre de voix représentant au moins 12,5% des électeurs inscrits. Il y a alors triangulaire ou quadrangulaire.

Problème de ce mode de scrutin : en cas de nombre important de candidats au premier tour, les votes peuvent se diviser au point de disqualifier un ou une candidat(e) pourtant favori(te) pour le second tour. L’exemple le plus flagrant remonte à 2002, avec l’élection présidentielle qui a vu Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen arriver en tête du premier tour, avec 19,9% et 16,9%, éliminant ainsi Lionel Jospin (16,2%) pourtant donné favori de l’élection. Une défaite attribuée alors en partie aux scores plutôt élevés de « petits candidats » comme Jean-Pierre Chevènement (5,3%), Noël Mamère (5,2%) et Christiane Taubira (2,3%).

Quant aux législatives, difficile là encore de ne pas se poser la question de la représentativité du mode de scrutin quand La République en marche (LREM) et le MoDem décrochent 350 sièges sur 577 à l’Assemblée nationale, après avoir obtenu 32% des voix au premier tour des législatives.

Un résultat une fois de plus favorisé par le scrutin uninominal à deux tours, car le nombre élevé de candidats à gauche a réduit leurs chances de qualification pour le second tour dans de nombreuses circonscriptions. Et comme souvent, les partis radicaux ont été pénalisés cette année. Seuls 8 candidats du Front national ont ainsi décroché un siège à l’Assemblée, alors que Marine Le Pen était parvenue à rassembler un tiers des électeurs au second tour de la présidentielle. A gauche, la France insoumise et les communistes, pourtant au coude à coude avec Les Républicains au premier tour de la présidentielle, n’ont obtenu à eux deux que 27 députés. Un phénomène accentué par la réforme du calendrier électoral de 2001 qui fait passer les législatives un mois après la présidentielle, favorisant l'abstention et le vote en faveur du parti du chef de l'Etat fraîchement élu.

Même s’il n’existe pas vraiment de système électoral parfait, des alternatives pourraient permettre de mieux représenter le vote des électeurs.

■ La proportionnelle

Comme son nom l’indique, le principe de la proportionnelle est d’attribuer en un tour les sièges en fonction du nombre de voix obtenu par les différents partis. Un système déjà mis en place pour les législatives de 1986 par François Mitterrand pour tenter alors de sauver sa majorité avant une défaite de la gauche quasi-assurée. Une réforme qui a notamment permis au Front national de faire son entrée dans l’hémicycle pour la première fois depuis 1958, sans pour autant sauver les socialistes. La droite obtient la majorité et le nouveau Premier ministre Jacques Chirac repasse au mode de scrutin instauré initialement par le général de Gaulle.

Si la proportionnelle intégrale avait été appliquée pour les législatives de 2017, les résultats n’auraient rien à voir. Selon les calculs de France info, le PCF et la France insoumise obtiendraient 84 sièges, soit autant que le PS. La République en Marche (LREM) aurait 197 députés, devant Les Républicains, avec 132 sièges. Le FN passerait lui de 8 à 80 députés. Les écarts seraient donc bien plus resserrés entre les différentes forces en présence dans l’hémicycle et LREM devrait s’allier avec un autre parti pour obtenir la majorité absolue.

L’objectif du système actuel est au contraire de faire en sorte de dégager une majorité claire et d'éviter les blocages à l’Assemblée, voire des réélections, comme on a pu le voir en Belgique ou en Espagne à plusieurs reprises.

Mais il est aussi possible de trouver un juste milieu en introduisant une dose de proportionnelle – à 50% par exemple comme en Allemagne. Une mesure prônée par François Hollande et Emmanuel Macron. François Bayrou est l'un des plus fervents défenseurs de cette mesure depuis des années. Reste à définir le pourcentage de députés désignés au scrutin proportionnel.

■ Le vote alternatif

Avec cette méthode, fini le bulletin unique glissé dans l’urne. Les électeurs ne doivent plus désigner un seul candidat, mais faire une liste par ordre de préférence. Lors du dépouillement, on regarde d’abord les candidats qui se retrouvent le plus souvent en première position. Celui qui arrive dernier est éliminé. On reproduit ensuite ce calcul, mais pour les électeurs qui ont placé le candidat éliminé en première position, ont choisi le deuxième candidat sur la liste, et ainsi de suite jusqu’à ce qu'une majorité absolue se dégage.

Ce mode de scrutin est loin d’être une utopie, puisqu’il est déjà utilisé dans plusieurs municipalités américaines (San Francisco, Takoma Park et Ferndale), mais aussi en Australie pour élire la chambre des représentants, ou encore pour désigner le président irlandais.

Son atout principal est de mieux représenter les idées des électeurs qui peuvent donner leur avis sur tous les candidats au lieu d’en valider un seul.

L'inconvénient est qu'il rend plus complexe le choix des électeurs, surtout quand les candidats en lice sont nombreux. Ils étaient 11 lors de la dernière présidentielle française. Autre problème, comme pour le scrutin uninominal à deux tours, on peut se retrouver dans une situation où un candidat qui gagnerait largement contre un candidat au second tour ne parvient pas à se qualifier car la plupart des électeurs l’ont placé en deuxième choix. (Voir le paradoxe d’Arrow et de Condorcet)

■ Le vote par approbation

Avec ce système, au lieu de classer les candidats, ont choisi plutôt d’en approuver un ou plusieurs en cochant des cases ou en glissant plusieurs bulletins dans l’urne. Le candidat qui obtient le plus de bulletins est élu.

En plus de son extrême simplicité, son avantage est que les « petits candidats » ne peuvent pas pénaliser les favoris. Par ailleurs, cela évite la stratégie du « vote utile » que l’on retrouve à chaque élection présidentielle en France, surtout depuis 2002.

Mais contrairement au vote alternatif, ce système ne permet pas de nuancer ses choix. Soit on approuve, soit on désapprouve.

■ Le jugement majoritaire

L’idée est de permettre à la fois de représenter au mieux les opinions des électeurs tout en évitant des scénarios comme en 2002. Avec le jugement majoritaire, les électeurs évaluent chaque candidat. Non pas en attribuant des notes comme à l’école, mais en choisissant des mentions : excellent, très bien, bien, assez bien, passable, insuffisant, à rejeter.

Pour calculer le résultat, il faut trouver la « mention majoritaire » de chaque candidat. C’est-à-dire la mention qu’au moins 50% des électeurs sont prêts à lui attribuer, au minimum. Par exemple, si un candidat obtient 10% d’ « excellent », 10% de « très bien », 20% de « bien » et 15% d’ « assez bien », la mention majoritaire est « assez bien ».

Comme pour les deux précédents types de scrutin, celui-ci a l’avantage d’évaluer chaque candidat et de ne pas procéder par élimination ou par vote utile. Cela permet là encore d’éviter des blocages liés à des « petites candidatures ». Enfin, un candidat qui obtiendrait une écrasante majorité de mentions « bien » peut aussi bien être élu que celui qui obtiendra beaucoup d’« excellent » et de « passable ». Ce qui permet de contourner les problèmes rencontrés avec le vote alternatif et le scrutin uninominal à deux tours.

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