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Législatives 2017

Les grands noms de la politique trébuchent sur les marches de l'Assemblée

Le premier tour des élections législatives avait douché les espoirs de nombreuses personnalités politiques françaises qui prétendaient à l’Assemblée Nationale. Le second tour a fini d’enterrer les grands partis français, même si plusieurs membres des Républicains et quelques rescapés du PS ont sauvé les meubles : Stéphane Le Foll, Eric Ciotti, Eric Woerth… Aux extrémités de l’échiquier politique, les élections de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon prouvent que la casse a été limitée, sans pour autant que l’on puisse vraiment parler de victoire.

Malgré le soutien du ministre des Affaires étrangères Bernard Cazeneuve (à g.), l'ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem (à d.), ici en campagne le 29 mai 2017, est défaite dans sa circonscription, comme beaucoup de ténors socialistes.
Malgré le soutien du ministre des Affaires étrangères Bernard Cazeneuve (à g.), l'ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem (à d.), ici en campagne le 29 mai 2017, est défaite dans sa circonscription, comme beaucoup de ténors socialistes. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Le ralliement de personnalités de gauche à Emmanuel Macron a porté ses fruits : ainsi François de Rugy, candidat écologiste à la primaire de gauche pour la présidentielle s’impose avec plus de 65% des voix à Nantes (ouest) avec le soutien de La République en Marche (LREM).

Des pontes du Parti socialiste (PS) ont profité de l’absence de candidat LREM pour être élus, comme l’ancien ministre de l’Agriculture et fidèle de François Hollande Stéphane Le Foll, dans la Sarthe (ouest).

Le mouvement du président Macron n’a pas non plus présenté de candidat face à Manuel Valls, dans l’Essonne. Qui plus est, l’ancien Premier ministre n’avait face à lui aucun candidat investi par le Parti socialiste. Manuel Valls a pourtant eu beaucoup de mal à s’imposer face à la candidate de la France insoumise (LFI), Farida Amrani, qui a décidé de déposer un recours pour demander le recompte des bulletins : seules 139 voix séparent les deux prétendants à la députation.

A l’instar de Manuel Valls (sauf annulation du scrutin dans sa circonscription), les anciennes ministres de François Hollande Delphine Batho (Ecologie), Barbara Pompili (Secrétaire d’Etat à la Biodiversité) ou encore George Pau-Langevin (Outre-Mer) ont été réélues dans leur circonscription respective des Deux-Sèvres, de la Somme et de Paris.

Tous leurs collègues n’ont pas eu cette chance : s’ils étaient nombreux à s’incliner dès le premier tour, d’autres membres des gouvernements de Manuel Valls sont tombés dimanche 18 juin. Myriam El Khomri (Travail) à Paris, Marisol Touraine (Santé) en Indre-et-Loire (centre), Jean-Jacques Urvoas (Justice) dans le Finistère (ouest) ou Najat Vallaud-Belkacem (Education) dans le Rhône (sud-est) ont perdu leur siège – les deux premières face aux Républicains, les deux secondes face à une personnalité investie par La République en Marche.

Au total, le PS n’obtient que 29 députés à l’Assemblée, soit dix fois moins qu’au cours de la dernière législature.

La droite a « besoin de [se] remettre en cause »

Qualifiée avec 23 points de retard sur le candidat LREM, l'ancienne ministre Les Républicains Nathalie Kosciusko-Morizet recueille 45,47% des voix et est battue dans la 2e circonscription de Paris, abandonnée par le candidat à la présidentielle François Fillon, et considérée comme imperdable pour la droite. Après avoir été agressée lors d’une distribution de tract jeudi 15 juin, elle avait passé une nuit en observation à l’hôpital et avait dû voter par procuration.

L’obtention de 113 sièges par Les Républicains signe un recul de la droite traditionnelle française (l'UMP, ancien nom des Républicains, avait 194 députés dans la précédente Assemblée). « Nous avons besoin de nous remettre en  », a concédé le secrétaire général du parti Bernard Accoyer, qui peut toutefois se targuer de quelques victoires marquantes.

Ainsi, l’ancien ministre du Budget, le Républicain Eric Woerth, s’impose de justesse dans l’Oise (nord) face à une candidate LREM. Même cas de figure pour le fervent soutien de François Fillon, membre de l’aile droite des Républicains Eric Ciotti, dans la première circonscription de Nice (sud-est).

Marine Le Pen passe, mais pas tous ses lieutenants

La présidente du Front national Marine Le Pen est élue députée à l'Assemblée pour la première fois, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, avec 58,60% des voix, au détriment de la candidate de La République en Marche Anne Roquet. Largement battue au second tour de la présidentielle, Marine Le Pen a imputé l'échec de son parti – seulement 8 députés frontistes, trop peu pour former un groupe parlementaire – à un « mode de scrutin clairement anti-démocratique ».

Son compagnon, Louis Aliot, est lui aussi élu dans les Pyrénées-Orientales. Le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot a pour sa part été éliminé en Moselle, « victime de la vague Macron », selon son propre aveu. Il en va de même pour son frère Damien Philippot, battu dans l’Aisne.

L'avocat Gilbert Collard, soutenu par le Front national a été réélu de justesse, avec 50,16% des suffrages, soit une différence de 123 voix, pour un second mandat, au détriment de la candidate La République en Marche. L'épouse de Robert Ménard, fondateur de Reporters sans Frontières et aujourd’hui maire de Béziers, proche du FN, Emmanuelle Ménard, a elle aussi battu la candidate de la République en Marche, dans une circonscription de l’Hérault (Sud).

L'ancien candidat souverainiste à l'élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, brièvement rallié au Front national dans la course à l’Elysée après sa défaite au premier tour, est réélu dans la 8e circonscription de l'Essonne au détriment d'un candidat LREM.

Jean-Luc Mélenchon élu avec une abstention proche des 60%

Elu à Marseille, dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône (sud), Jean-Luc Mélenchon réussit son parachutage face à la candidate LREM Corinne Versini, dans un secteur où le député socialiste sortant, Patrick Mennucci, avait été éliminé au premier tour. En Seine-Saint-Denis (banlieue parisienne), les porte-parole de la France insoumise Alexis Corbière et Clémentine Autain sont élus à la députation pour la première fois. Dans le même département, LFI emporte quatre autres sièges, et un cinquième revient à Marie-George Buffet (Parti communiste).

Dans son discours, Jean-Luc Mélenchon a reconnu une « victoire écrasante » de La République en Marche. Mais il a aussi estimé que l’abstention – plus de 57%, un record sous la Ve République française - « a une signification politique offensive ». Pour le chef de file de la France insoumise, « Notre peuple est entré dans une forme de grève générale civique dans cette élection, faisant ainsi la démonstration de l’état d’épuisement d’institutions qui prétendent organiser la vie de la société avec un scrutin où une minorité étriquée a tous les pouvoirs. » Jean-Luc Mélenchon voit dans cette abstention, qui s’élève à plus de 64% dans sa circonscription, une « énergie disponible qu’il faut savoir appeler au combat ».

Les ministres de Macron en bonne position

Le vrai succès de ces législatives reste celui d’En Marche !, qui obtient la majorité absolue sans avoir besoin de ses alliés, avec 308 députés à l’Assemblée. Carton plein pour les six ministres et secrétaires d’Etat du gouvernement d’Edouard Philippe, qui auraient dû démissionner en cas de défaite, mais qui s’imposent, pour la plupart, de la tête et des épaules :

  • Bruno Le Maire (Economie) gagne facilement dans l’Eure (nord-ouest), avec plus de 64% des voix. L’ancien candidat à la primaire de la droite s’impose face au Front national et obtient un troisième mandat consécutif de député.
  • Richard Ferrand (Cohésion des Territoires), malgré l’ouverture d’une enquête sur des soupçons de conflit d’intérêts lorsqu’il était directeur des Mutuelles de Bretagne, a été élu à plus de 56% dans le Finistère (ouest) face au candidat de la droite.
  • Annick Girardin (Outre-Mer) s’impose de justesse sur l’île de Saint-Pierre et Miquelon, avec seulement 136 voix d’avance. Investie par le Parti radical de gauche et soutenue par La République en Marche, l'ancienne ministre entame son troisième mandat de députée dans l'archipel proche du Canada.
  • Marielle de Sarnez (Affaires européennes), est confortablement élue dans la 11e circonscription de Paris, sous les couleurs du MoDem.
  • Pour sa part, le secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi s’empare de peu la 16e circonscription parisienne.
  • Le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement Christophe Castaner est quant à lui élu dans un fauteuil, avec plus de 61% des voix, dans sa circonscription des Alpes-de-Haute-Provence (sud-est). L’ancien socialiste a toutefois reconnu que malgré la « belle mobilisation pour La République en Marche », le niveau élevé d'abstention signifiait pour la démocratie française « un échec global ».

Réécoutez l'invité du matin, membre du bureau national du PS, Emmanuel Maurel, au micro de Frédric Rivière

En vertu de la règle du non-cumul des mandats, les membres du gouvernement devraient laisser leur place à leurs suppléants et suppléantes. Au lendemain du second tour des législatives, lundi 19 juin, un remaniement ministériel « technique », a par ailleurs amené au départ de Richard Ferrand. L'ancien socialiste renonce à son poste de ministre et devrait mener les troupes de la majorité présidentielle à l'Assemblée.

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