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Guyane

Crise en Guyane: une manifestation dégénère, un policier blessé

Pour la première fois depuis le début du mouvement il y a trois semaines, des affrontements ont éclaté devant la préfecture de Cayenne entre forces de l'ordre et manifestants. Un commissaire a été blessé, du gaz lacrymogène a été utilisé par les gendarmes. A l'origine, les collectifs devaient rencontrer le préfet dans l'après-midi. Mais la rencontre a été annulée, ce qui aurait entraîné les incidents.

Des policiers anti-émeutes montent la garde à l'entrée du centre spatial de Kourou, le 4 avril 2017. (Photo d'illustration)
Des policiers anti-émeutes montent la garde à l'entrée du centre spatial de Kourou, le 4 avril 2017. (Photo d'illustration) jody amiet / AFP
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« On comprend vos revendications. Mais ce soir, ça part en live. Le commissaire est sérieusement blessé », a déclaré un policier au mégaphone depuis la porte d'entrée de la préfecture, barricadée. « Blessé lourdement à la clavicule », cet homme est resté « inconscient au sol pendant une dizaine de minutes » et « on a été obligé d'utiliser du gaz lacrymogène pour l'extraire », avant qu'il ne soit évacué par les secours, a déclaré Laurent Lenoble, directeur de cabinet du préfet de Guyane, à l'Agence France-Presse (AFP).

Plusieurs autres policiers, ainsi qu'un autre commissaire, sont « légèrement blessés » après avoir été également frappés, selon Laurent Lenoble, qui a qualifié ces violences d'« inacceptables ». Le collectif a « pris un tournant » qui est « loin de respecter les valeurs républicaines » et il s'est « discrédité », a-t-il regretté.

D'après un membre du collectif « Pou La Gwiyann dékolé » (Pour que la Guyane décolle), qui organisait depuis le milieu d'après-midi un rassemblement devant le préfecture, pour exiger la prise en compte de ses revendications, les « 500 frères contre la délinquance », un groupe dont les membres encagoulés encadrent les manifestations, « avaient fait un cordon devant les policiers ». « Mais la foule a réussi à porter des coups. »

Affrontements

L'ambiance était devenue électrique, alors qu'une délégation ayant rendez-vous avec le préfet avait longuement patienté, avant d'être éconduite. « C'est du foutage de gueule. Il ne faudra pas pleurer après cela. C'est de la faute de la France », avait déclaré peu avant les incidents Mikaël Mancée, un porte-parole des « 500 frères », tandis que les esprits s'échauffaient.

« On a compris qu'ils avaient l'intention d'investir la préfecture », comme le collectif a occupé dans la nuit de mardi à mercredi le centre spatial, à Kourou, a justifié Laurent Lenoble, pour qui les policiers n'ont commis « aucune provocation ».

« Nous venons chercher la discussion, et on nous amène les lacrymos », a dénoncé de son côté Dimitri Guard. Et ce cadre du collectif de s'interroger : « devant la préfecture, il y a beaucoup enfants. On ne peut déjà pas leur proposer d'éducation en Guyane. Est-ce qu'en plus il faut les gazer ? »

Pic-nic citoyen

Le collectif a installé des tentes et fait venir nourriture et musique. Des centaines de personnes ont participé dans la nuit à un « pic-nic » citoyen.

Alors que le Conseil des ministres a validé mercredi une aide d'urgence de plus d'un milliard d'euros à destination de ce département d'Outre-mer sinistré, « Pou La Gwiyann dékolé » réclame 2,1 milliards supplémentaires. « On ne peut pas aller au-delà et on n'ira pas au-delà », a répondu Laurent Lenoble. De nouvelles demandes devront être faites au prochain gouvernement, « qui aura cinq ans pour travailler », a-t-il remarqué.

Mais le mouvement semble être entré dans une phase de division, certains appelant au démantèlement des barrages érigés sur le territoire, alors que d'autres veulent aller « jusqu'au bout ».

Le blocage du port de Cayenne, par lequel passent plus de 90% des importations et exportations de la Guyane, provoque des pénuries. Dans les supermarchés, les rayons de produits frais sont vides. Tous les vols ont été annulés jeudi à l'aéroport de Cayenne, après que les pompiers ont cessé le travail dans cette infrastructure qui fonctionnait déjà a minima. Deux avions devaient partir vendredi de Guyane, a indiqué un passager du second vol, prévu en début de soirée.

(Avec AFP)

REPORTAGE

Là on ne discute plus, parce qu'ils nous ont agressés alors qu'on était pacifiques.

01:15

Manifestation devant la préfecture de Cayenne

Pierre Olivier

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