Accéder au contenu principal
France / Guyane

Guyane: mobilisation-clé à la base spatiale de Kourou pour la suite du mouvement

Le gouvernement français a refusé la requête du collectif « Pou Lagwiyanne Dekolé », qui exige une enveloppe de 2,5 milliards d'euros pour la Guyane. Le Premier ministre Bernard Cazeneuve juge « irréaliste » cette demande, appelant à poursuivre le dialogue pour mettre fin à deux semaines de crise sociale, sur fond de revendications sécuritaires. Un grand rassemblement est organisé ce mardi 4 avril 2017 à Kourou, à quelques kilomètres du Centre spatial guyanais. Tout un symbole.

La route d'accès au Centre spatial guyanais, bloquée par les protestataires lundi 3 avril 2017 à Kourou.
La route d'accès au Centre spatial guyanais, bloquée par les protestataires lundi 3 avril 2017 à Kourou. jody amiet / AFP
Publicité

Toute la soirée, lundi, les chaînes de messages sur les applications comme WhatsApp ont tourné à plein régime. L’objectif est de mobiliser la population, rapporte notre envoyé spécial en Guyane, Pierre Olivier. Les propos tenus depuis Paris par Bernard Cazeneuve, qui juge « irréaliste » le plan de 2,5 milliards d’euros réclamé pour la Guyane, ont fortement contribué à faire de la publicité au rassemblement de Kourou. Même Rodolphe Alexandre, président de l'Assemblée de Guyane, a réagi.

« Les propos sont maladroits, et même à la limite méprisants, lâche-t-il. Aujourd’hui, nous risquons d’avoir une radicalisation encore plus forte du collectif et des élus. Moi, c’est pas de la démagogie, c’est pas du populisme, ça fait dix ans à peu près que je suis au pouvoir politique. J’ai été maire, j’ai été président de région. Ce que le peuple raconte, c’est ce que nous avons exprimé : nous avons été humiliés, nous avons eu des vexations. »

« Nous ne sommes pas des quémandeurs, précise l'élu. Nous ne sommes pas des mendiants ! Nous avons la filière du bois, la filière aurifère, la filière du pétrole, de la biodiversité, de l’agro-transformation. Et lorsque les Guyanais arrivent aujourd’hui à poser la question statutaire, je ne suis pas contre. On va faire un grand débat, des états généraux, voir comment on peut avancer pour avoir plus de pouvoir. On ne peut plus accepter d’être dirigés par des technocrates à 8 000 km. »

Ce rassemblement de Kourou, les protestataires l'espèrent historique. Partout dans le département, les Guyanais se sont préparés pour l'évènement. Dans le chef-lieu, Cayenne, à 60 kilomètres de Kourou, « on y va en famille ! La grand-mère, le papa, le papy, on emmène tout le monde », explique une participante. Pour permettre aux Guyanais de s’y rendre, les stations-service ont été réapprovisionnées et les barrages routiers seront ouverts toute la journée. Une trentaine de bus a été affrétée. Ils partiront des principales villes pour rejoindre Kourou.

La fusée Ariane en phase de lancement sur la base spatiale de Kourou, symbole d'un décalage de plus en plus mal accepté entre l'abondance des technologies de pointe et la précarité qui entoure les lieux.
La fusée Ariane en phase de lancement sur la base spatiale de Kourou, symbole d'un décalage de plus en plus mal accepté entre l'abondance des technologies de pointe et la précarité qui entoure les lieux. AFP/Jody Amiet

Montrer par une forte mobilisation que la Guyane soutient encore le mouvement

A Kourou, un petit déjeuner géant sera offert aux premiers manifestants arrivés, au niveau du barrage qui bloque l’entrée de la base spatiale française, où l’ambiance est détendue. La symbolique est forte : c'est depuis ces lieux que décollent les fusées européennes Ariane. « Il y a eu des expropriés pour pouvoir installer la base spatiale. Mais ces gens-là n’ont pas été dédommagés et vivent parqués dans des taudis », confie une femme sur place.

Le symbole, c’est ce décalage entre une technologie de pointe, les milliards d’euros qu’elle engloutit et la pauvreté qui règne autour de la base de Kourou. « On ne fait pas décoller une fusée sur des bidonvilles. Et cette phrase de Mitterrand, je trouve que c’est exactement ça », explique une participante. « Quand je prends la route de Kourou pour aller à Saint-Laurent, je n’ai pas de réseau. Mais c’est ici qu’on envoie les satellites et tout ce qui s’ensuit. Ce n’est pas possible ! », renchérit un autre habitant.

Les Guyanais entendent désormais profiter des retombées économiques et technologiques de ce centre d'excellence. Ce n’est pas le cas actuellement. Et pour se faire entendre, les protestataires sont prêts à bloquer encore longtemps l’accès au Centre spatial. Depuis deux semaines, aucune fusée n'a décollé de Kourou. Les pertes s’élèvent à un million d’euros par jour pour l’Agence spatiale européenne.

Pour les collectifs et les élus locaux, le milliard d'aides proposés par la métropole n'est pas à la hauteur des attentes de la population. Ils sont donc maintenant entrés de plain-pied dans un véritable rapport de force avec l’Etat. Ce rassemblement a donc un seul objectif : montrer que les Guyanais soutiennent toujours le mouvement. Le nombre de participants sera donc déterminant pour les suites de la mobilisation en Guyane.

reportage à Cayenne
01:08

«Nous sommes venus voir le responsable afin de discuter.» A Cayenne, les «500 frères» ferment les boutiques

Pierre Olivier

 

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.