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France

[Reportage] A Aulnay-sous-Bois, la tension est redescendue d'un cran

Cela fait une semaine que Théo, 22 ans, a été brutalement interpellé à Aulnay-sous-Bois, en région parisienne. Il est toujours hospitalisé. Et si la gravité de ses blessures ne fait pas de doute, leur origine, elle, fait débat, en tout cas juridiquement. Le jeune homme affirme avoir été violé par un policier qui, lui, plaide un geste involontaire. Une défense qui ravive les tensions dans certaines banlieues françaises : 28 personnes ont été appréhendées hier soir en Seine-Saint-Denis. Dans la cité des 3000, le calme est revenu, mais la colère est toujours prégnante, notamment chez les jeunes. Reportage.

Après plusieurs nuits de violence, le calme commence à revenir à Aulnay-sous-Bois, mais les tensions sont toujours palpables.
Après plusieurs nuits de violence, le calme commence à revenir à Aulnay-sous-Bois, mais les tensions sont toujours palpables. FRANCOIS GUILLOT / AFP
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Avec notre envoyé spécial à Aulnay-sous-Bois à la Cité des 3000Stéphane Lagarde

A Aulnay-sous-Bois, plus de traces de véhicules calcinés. Seule la présence de groupes de policiers et de patrouilles de véhicules de police dans la cité témoignent d’une certaine tension.

C’est relativement calme, dit-on ici du côté de la mairie d’Aulnay-sous-Bois, qui reste prudente et où l'on réclame le maintien d’un dispositif important de sécurité déployée par la préfecture. Un hélicoptère survolait encore hier soir la Cité des 3000.

Ce que craignent les autorités, c’est ce qu’on appelle ici du « tourisme émeutier », des jeunes venus d’autres quartiers, et désireux d’en découdre avec les forces de l’ordre.
Du coup, les bus ne passent plus dans la Cité des 3000 où l'on pouvait croiser beaucoup d’habitants à pied ce matin qui se rendaient au marché ou au travail. Des jeunes notamment nous ont expliqué que l’appel au calme de Théo et la visite du président de la République François Hollande au chevet du jeune homme avait contribué à apaiser les esprits.

La colère est toujours là

Tous ici maintenant réclament la justice pour Théo. Ce sont des mots qui sont encore inscrits sur les murs de la cité. Ce matin, l’IGPN, la police des polices, a conclu à un accident, et non à un viol commis par le policier mis en examen. Si la justice arrivait à la même conclusion, nous a confié un jeune de la cité, il y aurait un risque de nouvel embrasement.

« Mon rôle de maire, c’est de protéger Théo et sa famille, mais aussi toutes les Aulnaisiennes et tous les Aulnaisiens. L’appel au calme lancé par Théo avant-hier a été entendu. Mais des tensions restent palpables », a déclaré le maire de la ville Bruno Beschizza.

Nous sommes maintenant dans le temps judiciaire, insiste le maire, il faut laisser la justice faire son travail dans le respect des familles. Une justice réclamée par tous ceux que RFI a croisés cet après-midi, dont Joël et Marie qui sortaient de la boulangerie. « Nous n’avons pas dormi pendant deux jours parce que les gens ont manifesté, car n’est pas bien de se comporter comme cela en tant que policier, c’est méchant », estime Joël. « J’attends que justice soit rendue, on a confiance en la justice et on espère que ces policiers paieront pour leurs actes parce que ce qu’ils ont fait n’est pas normal », ajoute Marie.

Les habitants de la cité et d’Aulnay restent sous le choc. Et le temps de la justice est parfois plus long que celui espéré par les jeunes notamment. Cet après-midi à Aulnay on pouvait voir des flammes qui consumaient une ambulance incendiée près de la rue.

Bataille judiciaire autour du viol présumé

Le fonctionnaire accusé d'avoir violé le jeune Théo est mis en examen pour « viol aggravé ». Trois autres le sont pour « violences volontaires en réunion ». Mais selon l'avocat du principal mis en cause, l'acte de pénétration dans l'anus de la victime est « involontaire ». Le viol ne serait donc pas constitué. « Théo sait qu'il a été violé et il le ressent comme un viol », rétorque l'avocat du jeune homme.

Par ailleurs, plusieurs associations antiracistes seront reçues lundi à Matignon. Elles entendent souligner la « dimension raciste » de l'interpellation violente de Théo.

Condamnés pour violences urbaines

Trois hommes qui avaient pris part aux violences urbaines après l'interpellation brutale de Théo ont été condamnés ce jeudi à Bobigny à des peines de deux à trois mois de prison avec sursis pour injures et complicité de violences. Mercredi, deux jeunes avaient déjà été condamnés à six mois de prison ferme pour « embuscade » contre la police. Trois autres, poursuivis pour les mêmes faits, ont été condamnés à six mois de prison avec sursis. Un sixième prévenu, accusé de jets de pierre à l'encontre des forces de l'ordre, a été relaxé.

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