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France

Le démantèlement de la «jungle» de Calais, malgré les résistances et les feux

L'évacuation de la « jungle » de Calais devrait être terminée ce mercredi soir. C'est en tout cas ce que dit la préfecture du Pas-de-Calais. Depuis le début des opérations lundi plus de 5 000 migrants ont été réorientées vers des centres d'accueil partout en France. Et les derniers migrants devraient quitter les lieux dans les heures qui viennent.

D'épaisses fumées noires s'élèvent au-dessus du camp de Calais, ce mercredi 26 octobre, après midi.
D'épaisses fumées noires s'élèvent au-dessus du camp de Calais, ce mercredi 26 octobre, après midi. DENIS CHARLET / AFP
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Avec notre envoyée spéciale à Calais,  Alice Pozycki, et l'AFP

Dès demain matin, des engins de chantiers devraient nettoyer le site pour faire place nette. Seule inquiétude : la présence de quelques migrants qui refusent de partir. Des maraudes des services de l'Etat frappent aux portes des abris, ouvrent les tentes. Escortées par la police, elles tentent de convaincre les migrants encore présents de quitter la « jungle ».

Ajmal attrape le papier qu'on lui tend, et qui stipule qu'il doit partir. Le jeune Afghan porte une longue tunique noire. Son objectif à lui, c'est d'aller en Angleterre. « S'ils mettent fin à la " jungle ", alors nous dormirons dans la rue », promet-il.

Le jeune homme en est convaincu : « Si 2 000 personnes refusent de partir, on pourra rester ici. La police ne pourra pas contrôler 2 000 personnes, ils diront que l'on peut rester dans la " jungle ". » Mais il ne sont, ce mercredi soir, plus qu'une poignée. Une centaine, selon des journalistes présents sur place. La « jungle » de Calais, est donc à l'abandon, vidée de ses 6 500 occupants, recensés par les autorités. C'est désormais un terrain vague de 10 hectares, en feu.

Multiples feux ce mercredi midi

Car depuis mardi soir, on ne compte plus les départs d'incendies, qui se sont mulitpliés ce mercredi peu avant midi, dégageant d'épais panaches de fumée noire visibles depuis le port de Calais, à 500 mètres de là. Les flammes léchaient certains poteaux électriques, et la camionnette d'une association s'est embrasée. Tandis que régnait une forte odeur de brûlé, de petites explosions se sont faites entendre en plus du crépitement omniprésent des abris en train de brûler. Des pompiers sont arrivés mais leur nombre ne leur ont pas permis de lutter contre tous les feux en même temps.

Des bénévoles et migrants ont donc tenté d'éteindre les flammes avec leurs propres moyens : des extincteurs et de petites lances à eau. Certains ont aussi mis à l'abri des bombonnes de gaz. Un 4x4 de bénévole tractant une remorque pleine de bonbonnes de gaz (plus de dix) est sorti vers 12h15 du bidonville.

Les incendies sont une « tradition, notamment pour certaines communautés qui mettent le feu à leur habitation au moment de la quitter », ce qui « prouve aussi que les migrants s'en vont », avait affirmé la préfète Fabienne Buccio ce mercredi matin. Le même phénomène avait été constaté en mars 2016 lors du démantèlement de la zone Sud.

Les bénévoles tentent de sauver l'essentiel avant le départ

Le démantèlement des premiers abris vides avait démarré mardi. Pour les associations, le compte à rebours avait commencé. Une bénévole poussait un caddie rempli de couvertures. « On a beaucoup de choses à essayer de récupérer avant de devoir sortir », expliquait-elle.

Et d'ajouter : « Ça a coûté tellement cher, il y a tellement de gens qui n'avaient pas d'argent et qui ont donné... Il faut respecter tous ces gars de l'humanitaire, et tous les hommes qui ont entouré ces hommes. »

A côté d'elle, un Anglais démontait une cabane pour récupérer le bois avant qu'il ne soit détruit... Pendant ce temps, dès le début de soirée, mardi, plusieurs incendies se déclaraient dans le bidonville, des feux qui se sont intensifié dans la nuit.

La «jungle» de Calais, le 25 octobre 2016.
La «jungle» de Calais, le 25 octobre 2016. REUTERS/Pascal Rossignol

Les pompiers obligés d'intervenir sous protection policière mardi

Au final, au moins deux bonbonnes de gaz ont explosé dans la nuit de mardi à mercredi, obligeant plusieurs personnes du campement à s'éloigner sur la « bande des 100 mètres », une zone franche à l'ouest du camp et en bordure de la rocade portuaire.

Un migrant syrien a été touché par l'explosion des bouteilles de gaz. Il a été transporté à l'hôpital pour une blessure aux tympans, selon la préfecture du Pas-de-Calais interrogée par l'Agence France-Presse.

Pendant la nuit, les incendies ont été combattus par les pompiers de Calais, Marck-en-Calaisis, Desvres ou encore Saint-Omer. Les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) les ont accompagnés. « Nous avons été caillassés et avons dû intervenir protégés par les forces de police », a confié un soldat du feu sur place.

→ Lire aussi : De Calais à Cantin, à bord d'un bus avec des réfugiés soudanais

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