Discours aux ambassadeurs: la dernière rentrée diplomatique de François Hollande

C’était ce mardi matin, le 30 août : le discours annuel du président de la République aux ambassadeurs français, réunis à Paris avant de rejoindre leur pays d’affectation. Un classique rendez-vous de rentrée qui permet au chef de l’Etat de tracer les grandes lignes de la politique étrangère française. C’était aussi le dernier discours aux ambassadeurs du quinquennat de François Hollande.

Le président français a accueilli ce mardi matin les ambassadeurs français pour leur dresser les grandes lignes de l'action diplomatique de la France pendant la dernière année de son quinquennat. REUTERS/Francois Mori

Avec notre envoyé spécial à l’Elysée,  Nicolas Falez

Une annonce forte pour commencer : la France demande l’arrêt des négociations sur le Tafta, le Traité de libre-échange transatlantique. Il y a un déséquilibre évident dans ces négociations et celui-ci est en faveur des Etats-Unis, a regretté le président français. Aussi n’y aura-t-il pas d’accord de libre-échange avant la fin du mandat de Barack Obama, en janvier 2017.

« La négociation s’est enlisée, les positions n’ont pas été respectées, le déséquilibre est évident, a déclaré François Hollande. Alors, le mieux, c’est que nous en fassions lucidement le constat. Et plutôt que de prolonger une discussion qui, sur ces bases, ne peut pas aboutir, mieux vaut faire en sorte que nous puissions avertir les uns et les autres que la France ne pourra pas approuver un accord qui aura été ainsi préparé sans les bases indispensables pour une conclusion positive. » Un trait est donc tiré sur le projet de zone de libre-échange de part et d'autre de l'Atlantique.

Cinq propositions pour l'Europe

Autre temps fort, à quelques semaines du sommet européen de Bratislava et après la décision britannique de quitter l’Union européenne, le président a fait cinq propositions pour relancer l'Europe de « l’après-Brexit ». Les grandes lignes des propositions françaises sont le renforcement de la sécurité aux frontières avec un contrôle systématique de chaque entrée et sortie ; la relance du projet de défense européenne avec des fonds accrus pour la sécurité et la défense européennes, la lutte contre le « dumping » économique et fiscal, une politique de la recherche et du numérique, et enfin redonner confiance en l'UE aux jeunes Européens. Ces cinq pistes seront présentées au projet sommet européen à Bratislava à la mi-septembre.

François Hollande a également fait un tour d'horizon des dossiers internationaux comme le conflit au Moyen-Orient et la lutte contre le terrorisme. Le président français a pointé le risque d'embrasement en Syrie en raison de la multiplicité des acteurs étrangers sur le terrain. La France plaide pour un retour à la table des négociations et s'alarme de l'usage fait par les belligérants en Syrie d'armes chimiques. Paris veut une résolution à l'ONU. Et concernant l'organisation Etat islamique, le président français a dressé une mise en garde : le mouvement est affaibli en Irak et en Syrie, mais il se répand en Afrique et en Asie.

COP 21 : et les ratifications ?

Autre dossier qui compte beaucoup pour le gouvernement, organisateur du dernier grand rendez-vous de négociation sur le climat : la COP21. Et plus précisément la ratification de l'accord, qui n'avance pas beaucoup. Le président français a invité les ambassadeurs à plaider dans les pays où ils seront en poste pour une ratification du texte avant la prochaine réunion, à Marrakech, en novembre prochain.

→ Écouter sur RFI : Fabius, ex-président de la COP21, est inquiet (entretien de Pierre Radanne)