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France

Les Français plus tolérants malgré les attentats

La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a publié lundi 2 mai son rapport annuel sur le racisme. En 2015, en dépit des attentats jihadistes qui ont frappé la région parisienne, les Français sont nettement plus tolérants.

Un arc-en-ciel surplombe la butte Montmartre à Paris.
Un arc-en-ciel surplombe la butte Montmartre à Paris. REUTERS/Christian Hartmann
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Les résultats ont de quoi faire mentir les projections les plus pessimistes. Malgré les attentats meurtriers de janvier et de novembre, malgré la poussée du Front national aux élections, 2015 se hisse au second rang des années les plus tolérantes depuis 26 ans.

Cette hausse de la tolérance marque la fin de quatre ans de baisse consécutive depuis 2008, année du début de la crise économique et sociale, jusqu’à la stabilisation des chiffres en 2014.

Les Français refusent les amalgames

En 2015, la tolérance a progressé de cinq points par rapport à l’année précédente. Un constat net et « étonnant », écrivent les auteurs du rapport. Après les évènements meurtriers qui ont frappé Charlie Hebdo, Montrouge, et l’Hyper Casher en janvier, puis le Stade de France, le Bataclan et les terrasses parisiennes en novembre, l’année qui s’est écoulée ne réunissait pas « à première vue, les conditions permettant de l’expliquer », ajoutent-ils.

Le choc émotionnel provoqué par ces évènements ne s’est pas traduit par un repli sur soi, mais au contraire, par une « réaction républicaine », peut-on lire dans le rapport.

Des électeurs de droite plus tolérants

Pour autant, les attentats qui ont frappé la France n’expliquent pas à eux seuls ces résultats. La CNCDH évoque le « recentrage » d’une partie de l’électorat de droite, en progression de 9 points. Chez ces électeurs, le niveau de tolérance dépasse le niveau record atteint en 2009, mais reste plus faible que celui des électeurs de gauche, traditionnellement plus ouverts.

Du côté de l’extrême droite, l’analyse montre que près de 9 sympathisants et électeurs sur 10 estiment les réactions racistes justifiables. Et ce, alors que la mobilisation contre le Front national en 2015 fait partie des pistes envisagées par les chercheurs pour expliquer la hausse de la tolérance en France.

+ 223% d’actes antimusulmans en 2015

Face à ce résultat positif, les chiffres du ministère de l’Intérieur viennent pourtant jouer les trouble-fête. En 2015, les faits délictueux à caractère raciste, antisémite et antimusulman ont augmenté de 22,4 %, un record depuis les premiers relevés de ces statistiques.

Dans son rapport, la CNCDH propose une lecture plus détaillée de ces chiffres. Si les actes antisémites ont reculé de 5,1 %, les actes antimusulmans ont bondi de 223 %. Une contradiction entre les faits à caractères racistes et les opinions qui n’est qu’ « apparente », écrivent les chercheurs, « les deux obéissant à des logiques distinctes ».

A l’origine des actes racistes se trouvent pourtant des préjugés qui résistent malgré les années. La communauté juive est encore souvent associée à l’argent, au pouvoir. Les Roms sont pour beaucoup perçus comme des « bénéficiaires abusifs des prestations sociales », sont associés à la misère, l’insalubrité et la mendicité. Pour autant, les mobilisations autour des droits des Roms menées depuis 2009 auraient permis une baisse de la romaphobie.

La CNCDH émet toutefois une réserve sur la sincérité des réponses avancées par les Français. L’institution précise que l’amélioration de la tolérance en France pourrait s’expliquer par la place qu’occupe « le politiquement correct » dans la société française. Une incertitude à laquelle vient s’ajouter celle des résultats des futurs rapports annuels. Car si les Français sont plus tolérants qu’auparavant, rien ne prouve que la tendance observée en 2015 se confirme dans les années à venir.

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