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Nucléaire

Nucléaire: Areva aurait menti à l’Etat sur la valeur d’UraMin

Selon le quotidien Libération, Areva aurait trompé l'Etat lors de l'acquisition en 2007 d'UraMin, une société d'exploitation minière canadienne. Le groupe nucléaire avait à l'époque déboursé 1,8 milliards d'euros pour racheter la société propriétaire de 3 gisements en Afrique. Une opération en or qui s'est révélée être un fiasco et, au dire du journal Libération, un scandale d'Etat.

Areva, l’ancien fleuron du nucléaire français, est aujourd'hui au bord de la faillite, et surtout au coeur d'un scandale d'Etat.
Areva, l’ancien fleuron du nucléaire français, est aujourd'hui au bord de la faillite, et surtout au coeur d'un scandale d'Etat. AFP PHOTO BERTRAND GUAY
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Si mensonge il y a eu de la part d'Areva, comme l'affirme Libération, documents à l'appui, c'est un scandale d'Etat, puisque le fiasco UraMin a coûté 2 milliards et demi d'euros au contribuable. Les documents que le quotidien s'est procurés révèlent qu'un directeur de la division Mines, Daniel Wouters, mais aussi Olivier Fric, le mari de la présidente du groupe à l'époque, Anne Lauvergeon, connaissaient la surévaluation des gisements d'uranium d'Uramin, en Centrafrique, en Namibie et en Afrique du Sud.

Les deux hommes auraient également des liens, révèle Libération, avec les actionnaires de la société canadienne, rachetée à prix d'or, alors qu'elle n'en valait pas tant.

Ce serait alors la preuve non seulement d'un aveuglement volontaire, qui a mené au désastre financier de l'ancien fleuron français du nucléaire, mais cela transformerait l'affaire Uramin en une gigantesque escroquerie, aux dépens de l'Etat, actionnaire à plus de 86%. L'affaire fait l'objet de deux informations judiciaires lancées en mai dernier.


Retour sur les conditions du rachat d’UraMin

En 2007, les prix de l'uranium sont au plus haut. Areva, champion mondial du nucléaire cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement en uranium. Le géant français s'appuie à l'époque quasi exclusivement sur ses mines d'uranium au Niger et au Kazakhstan, et cherche de nouveaux gisements dans lesquels investir.

En 2005, le groupe s'intéresse un moment à la mine australienne d'Olympic Dam, l'une des plus grandes au monde, mais l'Etat - premier actionnaire d'Areva - n'y est pas favorable. En 2007, un ancien banquier spécialisé dans les acquisitions minières recruté par le géant français du nucléaire parle alors à la présidente d’Areva Anne Lauvergeon d'une petite et toute jeune société canadienne, UraMin.

Immatriculée aux Iles Vierges, cotée à Londres et Toronto, UraMin est spécialisée dans l'extraction d'uranium sur le continent africain. Elle détient 3 gisements : Trekkopje en Namibie, Bakouma en Centrafrique et Ryst Kuil en Afrique du Sud. Trois mines explorées mais toujours pas exploitées. A l'époque, les prix de l'uranium atteignent des sommets, les places sont chères, les parts de marché aussi et Areva veut consolider sa place dans le cercle des premiers producteurs mondiaux d'uranium.

UraMin : une opportunité à ne pas rater

Les négociations s'engagent entre Areva et UraMin tout début 2007. Les allers-retours se multiplient, et à mesure que le temps passe, les cours de l'uranium continuent de grimper, tout comme l'action UraMin en Bourse. Alors que les discussions sont censées être secrètes, le titre flambe, ce qui bien des années plus tard éveillera les soupçons.

Y a-t-il eu délit d'initié ? Quoi qu'il en soit, en juin 2007, Areva obtient le feu vert de l'Etat, et rachète la petite société canadienne 2,5 milliards de dollars, soit 1,8 milliard d'euros. C'est-à-dire quatre fois et demie la valeur de la société un an plus tôt valorisée à 300 millions de dollars.

L'acquisition restera dans les annales du géant français comme l'une des plus importantes de son histoire. L'Etat salue une belle opération. Un joli coup pour Anne Lauvergeon qui mise sur une exploitation rapide des gisements rachetés avec les premières productions attendues début 2010 pour la mine de Trekkopje en Namibie.

Une opération en or qui se révèle être un fiasco

En 2009 Areva obtient du gouvernement namibien sa licence d'exploitation pour Trekkopje, pour une durée de 25 ans renouvelables. La mine doit devenir l'une des plus grosses pourvoyeuses d'uranium au monde. La confiance est telle qu'Areva signe un contrat avec la Chine, dans lequel Pékin s'engage à acheter 35% de la production namibienne d'Areva.

Mais rapidement, le groupe déchante. De nouvelles mesures révèlent que la teneur en uranium de Trekkopje est 40% inférieure à ce qui avait été prévu au moment de l’acquisition. Trekkopje n'est pas la poule aux œufs d'or espérée, en Afrique du Sud, les études menées peinent à confirmer les ressources effectives du gisement et les quantités d'uranium.

Quant au gisement de Bakouma en Centrafrique, c'est un gisement difficile à exploiter. Avec des cours de l'uranium au sommet, le moindre projet d'extraction était rentable, mais il y a eu la catastrophe de Fukushima. Imprévisible certes, mais qui a entrainé avec elles les cours et fait chuter les prix.

UraMin s'est révélé un gouffre. Ou peut-être l'a-t-il toujours été, certains savaient et ont choisi de ne rien dire. Anne Lauvergeon a-t-elle sciemment entrainé Areva dans ce fiasco, ou a-t-elle été trompée ? Des questions toujours sans réponses. En tout cas, le rachat UraMin pèse sur le groupe depuis fin 2011. Areva a divisé par cinq la valeur comptable d’UraMin.

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