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France/ Politique

Les socialistes français, les uns contre les autres

La guerre est déclarée au Parti socialiste en France. Et personne ne semble vouloir baisser les armes. Surtout pas Manuel Valls qui, dans une grande interview à L'Obs, le nouveau nom de l'hebdomadaire Nouvel Observateur, relance la polémique. Il s'en prend à la « gauche passéiste ».

Manuel Valls, Ségolène Royal et Benoît Hamon, alors ministre, à Matignon le 2 mai 2014.
Manuel Valls, Ségolène Royal et Benoît Hamon, alors ministre, à Matignon le 2 mai 2014. AFP/JACQUES DEMARTHON
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Manuel Valls a décidé de contre-attaquer et de s’en prendre à tous ceux qui, au sein même du Parti socialiste, remettent en cause depuis des mois son action à la tête du gouvernement. Les fameux députés frondeurs, mais aussi les anciens ministres éjectés du gouvernement à la fin de l'été, Arnaud Montebourg et Benoit Hamon - qui a déclaré sur RFI que la politique du gouvernement menaçait la République.

Et puis, bien sûr, et peut-être surtout, Manuel Valls vise Martine Aubry. La maire de Lille, qui était restée silencieuse depuis l'élection de François Hollande, a décidé de sortir l'artillerie lourde pour critiquer la politique économique du gouvernement. Martine Aubry avec laquelle Manuel Valls a toujours eu des relations difficiles, notamment à cause de sa proposition de changer le nom du Parti socialiste. Une proposition qu'il reformule aujourd'hui avec un désir évident de provoquer un clivage entre les socialistes « ancienne mode », qui veulent conserver le parti tel quel, comme Martine Aubry ou Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale, pour lequel changer le nom du PS est une « faute », et lui, Manuel Valls, qui veut faire évoluer le PS en bougeant les lignes politiques et en se rapprochant du centre.

Deux visions de la gauche

Je suis membre du Parti socialiste depuis 1980.

00:25

Manuel Valls, Premier ministre

RMC-Infos

Les positions se sont radicalisées ces derniers jours mais cet affrontement était prévisible. Car l'opposition entre deux visions de la gauche a commencé depuis des mois. Et même dès le premier renoncement de François Hollande à tenir un de ses engagements de campagne. Il avait promis de renégocier le traité européen signé par Nicolas Sarkozy. Il ne l'a pas fait. Et certains députés socialistes ont marqué leur désaccord en s'abstenant ou même en votant contre l'adoption de ce traité. C'était en octobre 2012. Cette date marque l’acte fondateur des frondeurs qui se sont vraiment rebellés à partir de la nomination de Manuel Valls à Matignon, ressentie comme une provocation, en tout cas comme l'affirmation du fameux virage social libéral.

Je lui dis [...] pour le moment, concentre-toi sur tontravail de Premier ministre.

00:30

Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale

RTL

Dans ce contexte, on peut se demander si le Parti socialiste est menacé d'explosion. A voir ses principaux ténors déployer autant d'énergie à le saborder à coup de surenchères destructrices, on peut, en effet, le craindre. Et d’ailleurs, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, a senti le danger et a lancé jeudi matin un appel solennel à « l'unité des socialistes ». « Les socialistes doivent rester unis, les courants socialistes doivent débattre sans se battre, les dirigeants doivent maîtriser leur expression », a-t-il déclaré. Il y a le feu au Parti socialiste, c'est incontestable. Et Manuel Valls se positionne en pompier pyromane. Il rallume sans cesse les braises du conflit en proposant comme porte de sortie de faire table rase du vieux PS et de ses représentants.

Jouer le coup d’après

Les courants socialistes doivent débattre sans se battre.

00:58

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS

Anissa El Jabri

Cette stratégie du Premier ministre a évidemment un objectif : jouer le coup d'après. Après François Hollande. Manuel Valls veut se positionner dans le débat idéologique et dans la bataille du leadership. Il veut préparer le congrès du PS dont la date devrait être connue en novembre. Un congrès où l'identité du parti sera en jeu, où les lignes et les leaders s'affronteront. Un congrès où il y aura forcément des gagnants et des perdants. Un congrès dont le PS sortira requinqué ou disloqué. Manuel Valls veut jouer une carte. Martine Aubry ne veut pas le laisser faire, Benoit Hamon non plus. En agissant ainsi, tous se positionnent en alternative à François Hollande. Cela révèle avant tout une chose : ils considèrent que le sort de François Hollande est scellé, qu'il ne réussira pas à rebondir. Le problème, c'est qu'on en est qu'à la moitié du quinquennat et qu'à ce niveau de division et de violence entre les socialistes, cela va être difficile de tenir.

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