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FRANCE

La rentrée «difficile» de François Hollande

La rentrée c’est maintenant, pour le gouvernement. Après 15 jours de vacances, François Hollande, Manuel Valls et tous les ministres ont retrouvé Paris en début de semaine avant le Conseil des ministres ce mercredi 20 août. Et cela alors que la situation économique n’a jamais été aussi difficile depuis le début du quinquennat.

François Hollande sur le porte-avion «Charles-de-Gaulle» à Toulon, le 15 août 2014.
François Hollande sur le porte-avion «Charles-de-Gaulle» à Toulon, le 15 août 2014. AFP PHOTO / POOL / PHILIPPE WOJAZER
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« Une rentrée difficile ». C’est l’expression… de la rentrée. Le Premier ministre Manuel Valls l’avait dit dès le 1er août, juste avant de partir en vacances, histoire de préparer les esprits alors que tous les signaux économiques sont au rouge. Il l’a encore dit le 15 août, après son déjeuner de travail avec François Hollande au fort de Brégançon, dans le Var, lors de cette pré-rentrée médiatisée du couple exécutif, en marge des commémorations du débarquement de Provence. « La situation est difficile, nous avons un ralentissement de la croissance, mais nous ne pouvons pas baisser les bras, a résumé Manuel Valls. Moi, je dois la vérité aux Français, leur dire que c’est difficile, mais le cap doit rester le même, il ne s’agit pas de zigzaguer, il s’agit d’avoir du sang froid, de tenir bon. »

Un Premier ministre droit dans ses bottes. On ne change pas une politique qui ne produit pour l'instant aucun résultat. Le pacte de responsabilité et les allègements de cotisations sociales pour les entreprises n'ont pour l'instant pas fait baisser le chômage. Seuls les actionnaires se remplissent les poches : les dividendes versées par les grands groupes français ont bondi de 30% au printemps, au moment même où tombaient les premiers chèques versés par l’Etat aux entreprises dans le but initial d’améliorer leur compétitivité.

L'équation impossible

La politique de l’offre n’a pas encore fait ses preuves. Alors que la croissance est au point mort, les impôts ne rentrent pas, le manque à gagner pour l’Etat devrait atteindre 10 milliards d’euros cette année. Réduire les déficits tout en redonnant du pouvoir d'achat aux Français, c'est l'équation impossible du gouvernement. A tel point qu’un conseiller de François Hollande parle d’une « situation catastrophique ».

C’est la nouveauté de cette rentrée au sommet de l’Etat : on n'est plus dans le déni, la méthode Coué, l'optimisme érigé en principe de gouvernement. « L'inversion de la courbe du chômage », « le retournement économique » : François Hollande n'en parle plus désormais. Mais le président pense toujours être sur la bonne voie. Il a même profité des commémorations du débarquement de Provence, le 15 août, pour justifier une nouvelle fois ses réformes : « La France, cinquième puissance économique du monde, entend par les réformes qu’elle engage, rester à ce niveau », déclarait-il dans son hommage aux anciens combattants de la Libération. Un discours auquel pourtant les Français ne croient pas, mais alors pas du tout : 8 Français sur 10, selon un sondage Ifop pourle Journal du Dimanche, ne font pas confiance au président et au gouvernement sur les questions économiques.

Âpre rentrée politique

Rentrée difficile sur le front économique, mais aussi sur le front politique : la majorité se prépare à de nouveaux soubresauts. Avec les écologistes, qui font leur rentrée jeudi à Bordeaux. Les deux anciens ministres EELV, Cécile Duflot et Pascal Canfin, publient ces jours-ci chacun un livre pour dire tout le mal qu’ils pensent de la politique de François Hollande. Et ça va mal au sein même du Parti socialiste. On était parti avant l'été avec le mouvement des frondeurs, cette minorité bruyante de députés socialistes qui contestent le pacte de responsabilité. Ils sont toujours là. « Irresponsables », selon Manuel Valls. En tout cas prêts à reprendre le bras de fer avec le gouvernement, puisqu'ils estiment que l'absence de résultat leur donne plutôt raison. « Le compte n’y est pas, juge ainsi le député Christian Paul, proche de Martine Aubry. La vision de la situation économique n’est pas claire. Je serai profondément désolé si le gouvernement s’enfermait dans des certitudes toutes faites, alors que la situation a empiré, en France et en Europe. Il faut des solutions françaises mais aussi européennes. »

Et l'Europe ?

Le salut de la France passe-t-il par l'Europe ? En cette rentrée « difficile », l’Europe apparaît un peu comme la dernière gâchette de François Hollande. Il prépare activement le Conseil européen du 30 août, et espère obtenir souplesse sur les déficits (les fameux 3%), et relance de la croissance au niveau européen. Mais peut-on avoir gain de cause lorsqu’on apparait comme un mauvais élève ? « La France a un vrai problème de crédibilité, estime Axel Poniatowski, vice-président UMP de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale. François Hollande ne sera pas en mesure d’imposer quoi que ce soit. Ni lui ni Manuel Valls n’impressionnent qui que ce soit. En réalité nos partenaires sont en train de se pencher sur le lit du malade, et le malade c’est la France. »

Un pays malade, un président affaibli : François Hollande applique l'adage bien connu, « l'union fait la force ». Les sociaux-démocrates se retrouveront à Paris, le 29 août, à la veille du Conseil européen. C'est l'Elysée qui invite, un signe qui ne trompe pas.

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