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France / Syrie

Filières jihadistes: le gouvernement français passe à l’offensive

Après le retour de quatre journalistes français, otages en Syrie pendant dix mois, Paris veut stopper ses ressortissants aux élans jihadistes. François Hollande a fait preuve d'une grande fermeté sur le sujet, lors d'une exposition à l'Institut du monde arabe. Tout sera fait pour « dissuader, empêcher, punir »  les futurs jihadistes en Syrie. Un message délivré à la veille de la présentation d'un plan du ministère de l'Intérieur pour lutter contre ce phénomène.

Des jeunes jihadistes à l'aéroport d'Alep, le 25 janvier 2014.
Des jeunes jihadistes à l'aéroport d'Alep, le 25 janvier 2014. REUTERS/Saad Abobrahim
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François Hollande, président de la République française

Florent Guignard

« Je veux, ici, souligner les cruautés du fanatisme quand il s’empare de certains individus et mettre en garde ceux qui s’y laissent prendre. Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur travaille à un plan pour dissuader, empêcher, punir ceux ou celles qui seraient tentés d’aller livrer des combats là où ils n’ont pas leur place. Ce plan n’est pas fait pour empêcher l’acte de foi, mais il est fait pour que la religion ne soit pas utilisée à d’autres fin et notamment, la fin la plus abominable, qui est celle du terrorisme. »

Le message de François Hollande se veut à la fois ferme et tolérant. Ferme à l'encontre de ces jeunes Français qui partent faire le jihad, en particulier en Syrie. Il y aurait eu, parmi les ravisseurs des quatre journalistes français ramenés à Paris ce week-end, des hommes parlant très bien le français. M. Hollande veut « dissuader » ses ressortissants, les « empêcher » d'agir, de partir. Un plan d'action sera donc présenté ce mercredi en Conseil des ministres par Bernard Caseneuve, patron de la place Beauvau. Le projet se détaille en 22 points censés permettre une meilleure prévention et un suivi plus efficace.

Des mesures existent déjà, mais elles seront renforcées autour de trois axes : prévention, sanction et resocialisation. François Hollande a parlé de cyber-surveillance accrue sur les réseaux sociaux, Internet, sur les sites extrémistes, etc. Il serait aussi question de surveiller plus étroitement les lieux de recrutement des candidats au radicalisme. Le président a parlé par ailleurs de « techniques humaines » pour être au plus près des familles souvent dépassées par ces apprentis jihadistes, dont certains sont d'ailleurs mineurs. Le plan prévoit que les familles, lorsqu'elles s'inquiètent, puissent alerter une structure spécialisée où les jeunes pourront rencontrer des éducateurs, des services sociaux ou des psychologues.

→ À (RE)LIRE : Inquiétudes sur la radicalisation d’adolescents français

Il s'agit entre autres de détecter les personnes susceptibles d'être embrigadées. Ils seraient environ 700 Français et jeunes gens étrangers à être partis de l'Hexagone pour faire le voyage en Syrie. Mais afin de détecter de façon précoce toute radicalisation et d'éviter un repli sur soi, les mairies et l'Education nationale pourraient être partenaires d'une campagne de sensibilisation. Parmi les mesures avancées figure par ailleurs tout un volet de fichage ; en cas de suspicion, les profils « à risque » pourraient être inscrits sur la liste des personnes recherchées et également au système d'information Shengen. Tout passage par un aéroport déclencherait une alerte.

Il est urgent que la France cesse de regarder partir ses enfants et qu’elle permette aux parents de donner leur accord pour un départ à l'étranger

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Me Bruno Blanquer, avocat de la famille de Sahra

Anna Piekarec

La mesure emblématique du dispositif, c'est le rétablissement de l'autorisation parentale de sortie du territoire pour les mineurs, supprimée depuis le 1er janvier 2013. Une mesure prise à la grande satisfaction de Me Bruno Blanquer, avocat au Barreau de Narbonne aux côtés des parents d'une jeune fille de 17 ans, partie clandestinement du sud de la France pour la Syrie. Pour lui, il est inadmissible que la jeune fille mineure ait pu prendre l’avion toute seule pour la Turquie d’où elle s’est rendue en Syrie et cela « extraordinairement facilement », sans avoir subi aucun contrôle.

La jeune Sahra a disparu le 11 mars alors qu'elle était censée se rendre en cours. Elle n’est toujours pas revenue à la maison. Depuis mars, elle est quelque part en Syrie. Ses parents engagent une action pour mettre en cause la responsabilité de l'Etat, a annoncé leur avocat.

→ À (RE)LIRE :Jihadistes français en Syrie, une démarche solitaire ?

Mais au-delà de ce volet sécuritaire, c'est aussi un message de tolérance que François Hollande a délivré, à l'heure où les terroristes « dévoient » la religion.Le président, dans son rôle, veut à tout prix éviter l'amalgame entre musulmans et jihadistes. Et l'inauguration de cette exposition consacrée au hadj est un témoignage adressé aux musulmans de France, régulièrement stigmatisés - du 11-Septembre à l'affaire Mohammed Merah -. L'entourage du président rappelle d'ailleurs que l'Institut du monde arabe n'avait pas reçu de visite présidentielle depuis 2007. Nicolas Sarkozy n'y a jamais mis les pieds.

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