Accéder au contenu principal
SUEDE / RELIGIONS

Le ramadan en Suède, pays où le soleil ne se couche jamais

Le ramadan 2011 prendra fin ce 31 août 2011. Pour les quelques centaines de milliers de musulmans vivant en Suède, ce mois de jeûne a parfois été une gageure : dans une bonne partie du pays, le soleil ne se couche presque pas. Comment alors déterminer l'heure de la rupture du jeûne ?

Stockholm. Le minaret de la mosquée voisine avec le clocher de l'église Katarina (arrière-plan).
Stockholm. Le minaret de la mosquée voisine avec le clocher de l'église Katarina (arrière-plan). © RFI/ Benoît Derrier
Publicité

21h00 : le soir descend doucement sur Stockholm. Pour les musulmans pratiquants, c'est la rupture du jeûne. Pas un n'a mangé ni bu depuis 3 heures du matin. Heureusement, sous le 60ème parallèle – la latitude de la capitale suédoise – les longues journées d'été sont rarement torrides. « Il ne fait pas très chaud alors on n'a pas très soif ! » assure Abdeljalil, étudiant d'origine algérienne, en pénétrant dans la mosquée principale où se tient chaque soir une prière, aux alentours de 22h30.

Quelle heure choisir pour la rupture du jeûne ?

Mais si Stockholm est située à une latitude similaire à celle du nord de l'Écosse, et présente donc une nuit encore marquée, la Suède s'étire vers le nord jusqu'au-delà du cercle polaire arctique, où le soleil ne se couche plus du tout pendant l'été. C'est le célèbre soleil de minuit, observable de mars à septembre. Un phénomène problématique que le Coran ne prend pas en compte pour la pratique du ramadan. En l'absence d'une aurorité supérieure qui fixerait les règles – comme le pape chez les chrétiens – il a fallu édicter une fatwa, c'est-à-dire une règle coranique indiquant une conduite à suivre. En l'occurrence, il y a en trois bien distinctes.

Soit les horaires de rupture du jeûne sont calqués sur ceux du point le plus septentrional présentant un coucher et de lever de soleil marqué, c'est-à-dire à quelques centaines de kilomètres au nord de Stockholm.

Soit on adopte le comportement du pays musulman le plus proche – Bosnie ou Turquie.

Soit on suit tout simplement les horaires de La Mecque, pratiquement invariables tout au long de l'année. Cette dernière solution est généralement adoptée en hiver pour parer au problème inverse : des journées très courtes, voire une nuit permanente pour les plus hautes latitudes.

L'été, même si chacun est tenté de suivre les habitudes de son pays d'origine, les différentes organisations musulmanes s'accordent à définir un horaire précis de rupture de jeûne, une règle pour l'ensemble de la communauté.

« La mosquée principale de Stockholm, précise Abdallah Salah, président de l'Alliance des musulmans de Stockholm, accueille des fidèles de 70 pays différents. Alors on essaie de trouver une solution qui convienne à tout le monde, adaptée au mode de vie européen. » Cette année, l'interminable diète allait ainsi de 3h00 à 21h00 pour toute la partie sud de la Suède, qui regroupe les trois principales agglomérations : Stockholm, Göteborg et Malmö.

En 2015, le ramadan tombera en plein solstice d'été

Le problème est apparu il y a une vingtaine d'années, avec l'arrivée massive de musulmans du Moyen-Orient, dont certains se sont installés sous les latitudes boréales – comme au Canada. Pour eux, les dix prochaines années seront particulièrement rudes, car le ramadan, qui suit le calendrier lunaire, a lieu chaque année onze jours plus tôt.

En 2015, il tombera en plein solstice d'été, quand les journées sont les plus longues et les plus chaudes (le mercure peut bel et bien monter jusqu'à 30°C en Suède, en juin et juillet). « À ce moment-là, poursuit Alballah Salah, il risque d'y avoir pas mal de problèmes, parce qu'on ne pourra pas dé-jeûner avant 22h20, ce qui ne laissera plus beaucoup de temps pour la prière et une seconde collation avant le lever du soleil, à... deux heures du matin. »

 

Les musulmans en Suède

Il n'existe pas de statistiques sur la population musulmane en Suède mais une étude de l'Open Society Institute, publiée en 2007, fournit quelques repères.

La présence des musulmans en Suède remonte à la période après la Seconde Guerre mondiale. Les premiers immigrants étaient des Tatars, originaires de la Finlande et des régions baltiques mais leur nombre reste très faible. Dans les années 60, une première vague de travailleurs en provenance de Turquie et des Balkans viennent grossir les rangs de la communauté. Ils s'installent dans trois villes principales où l'industrie est très active : Stockholm, Göteborg et Malmö. Leurs familles arriveront dans la décennie suivante.

Après la révolution iranienne, et la guerre Iran-Irak, les Iraniens constituent le groupe le plus important des migrants de confession musulmane dans les années 90. Les réfugiés de l'ex-Yougoslavie, puis des Somaliens et des Éthiopiens à la moitié des années 2000 viennent grossir leurs rangs.

Les Suédois convertis représentaient entre 2 000 et 3 000 personnes en 2007.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.