Accéder au contenu principal
Brexit

Brexit: les cinq scénarios pour la suite

À douze jours de la date de sortie de l'Union européenne, les députés britanniques ont imposé samedi 19 octobre à Boris Johnson de demander un report du Brexit sans se prononcer sur l'accord obtenu à Bruxelles. Voici les cinq scénarios possibles.

Manifestation anti-Brexit ce samedi à Londres.
Manifestation anti-Brexit ce samedi à Londres. REUTERS/Henry Nicholls
Publicité

Dans la soirée du 19 octobre, après le camouflet essuyé devant le Parlement qui n'a pas voté l'accord que le Premier ministre a conclu quelques jours auparavant avec Bruxelles, ce dernier a fait envoyer trois lettres à Donald Tusk, président du Conseil européen.

La première était obligatoire (avant minuit), en vertu de la loi Benn, pour demander un report du Brexit de trois mois. Mais Boris Johnson n'est aucunement favorable à un report, pusiqu'il souhaite toujours un Brexit avant le 31 octobre. Il envoie donc une deuxième lettre, signée cette fois - la première ne l'était pas -, pour signifier qu'il n'est pas d'accord avec ce report mais qu'il était légalement contraint de le demander. Enfin, Tim Barrow, ambassadeur britannique à l'UE a envoyé une troisième lettre pour préciser que celle réclamant un délai est uniquement envoyée pour se plier à la loi.

Donald Tusk a confirmé avoir reçu les lettres. « Je vais maintenant commencer à consulter les dirigeants de l'UE sur la manière de réagir », a-t-il indiqué sur Twitter après avoir parlé au téléphone avec Boris Johnson. Les ambassadeurs des Vingt-Sept se retrouvent donc dimanche à 9h30 (7h30 TU) pour évoquer la suite du processus.

Dès lors, cinq scenarios se dessinent.

1. Report
Cette hypothèse est devenue plus probable samedi puisque l'accord de Boris Johnson n'a pas été voté. En vertu d'une loi adoptée en septembre, le Premier ministre a demandé à l'Union européenne un report de trois mois, jusqu'au 31 janvier 2020. Si l'Union européenne propose une date différente, Boris Johnson doit l'accepter. Le Premier ministre s'est toujours dit opposé à tout report et a affirmé samedi qu'il ne comptait pas « négocier » un délai avec l'Union européenne. Sans expliquer ce qu'il voulait dire par là. Les Européens doivent accepter un report à l'unanimité.

2. Sortie avec accord
Le Parlement a repoussé sa décision, mais n'a pas rejeté l'accord de Brexit. Boris Johnson a assuré que son gouvernement introduirait la semaine prochaine les projets de loi d'application du compromis. Même si un report est demandé et accepté par l'UE, le Royaume-Uni peut en théorie sortir de l'Union européenne à la fin du mois si tous les textes nécessaires sont adoptés d'ici là. Le Royaume-Uni quitterait l'Union européenne le 31 octobre à 23h GMT. Une extension courte peut également être accordée pour permettre aux députés de voter l'accord.

3. Sortie sans accord
C'est l'hypothèse par défaut si l'accord n'est pas approuvé d'ici à la fin du mois et qu'aucun report n'est décidé, soit parce que Boris Johnson refuse de le demander malgré la loi, soit parce que les Européens le refusent. Ce scénario est particulièrement redouté par les milieux économiques, qui craignent une dégringolade de la livre (causant par ricochet une hausse des prix), voire une récession, avec le rétablissement de droits de douane et le spectre de pénuries de produits alimentaires, d'essence et de médicaments. Le gouvernement de Boris Johnson s'est préparé activement à ce scénario, multipliant les annonces de milliards de livres destinés à amortir le choc.

4. Élections anticipées
Quelle que soit la forme retenue pour le Brexit, la crise politique dans laquelle est plongé le Royaume-Uni est telle, comme l'a montré encore la séance de samedi, que des élections législatives anticipées paraissent inéluctables. Tous les partis politiques s'y préparent activement. Des élections peuvent être déclenchées si le principal parti d'opposition, le Labour, soutient une motion de censure, ce à quoi il s'est jusqu'à présent refusé, voulant écarter d'abord l'hypothèse d'une sortie sans accord. Le Premier ministre a aussi tenté à deux reprises de déclencher ces élections mais a échoué faute de l'appui de l'opposition. Pour lui, ce scrutin est la seule chance de regagner la majorité qu'il a progressivement perdue au fil des défections ou des exclusions de députés rebelles.

5. Nouveau référendum
C'est l'option défendue par le Parti travailliste, la principale formation d'opposition, et qu'ont réclamée encore samedi des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Londres. L'idée est soutenue par les anciens Premier ministre John Major (conservateur) et Tony Blair (travailliste). Le soutien d'une majorité de députés à un référendum, qui risquerait de raviver un peu plus les divisions, est loin d'être certain. Et les sondages ne permettent pas de dessiner de tendance claire quant au résultat.

(avec AFP)


► ANALYSE

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

Ce énième coup de théâtre est une nouvelle défaite humiliante pour Boris Johnson qui a vu les chances de voir son accord de Brexit adopté ce samedi réduites à néant par un simple amendement approuvé à seulement 16 voix d’écart. Dès lors, c'en est terminé du vote crucial du « Super Samedi » au Parlement, annoncé avec roulements de tambour par Downing street et qui était censé sceller le sort du pays d’ici le 31 octobre.

En adoptant l’amendement Letwin, les députés viennent de suspendre l’approbation de l’accord de Boris Johnson tant que la législation nécessaire à son application n’a pas été votée au parlement. Ce coup de force, destiné à éviter une sortie sans accord, oblige aussi Boris Johnson à demander à Bruxelles un report du Brexit.

« Pas question ! », a immédiatement prévenu le Premier ministre qui a la ferme intention de maintenir sa stratégie de sortie le 31 octobre. Que mijote le leader conservateur ? Est-ce qu’il bluffe ou est-ce qu’il a un plan secret ? Personne ne le sait. Les experts répètent que la loi est suffisamment étanche pour empêcher Boris Johnson de la contourner, sinon, il risque de se mettre dans l’illégalité.

Comme il s’est engagé à demander une extension à Bruxelles, certains ont avancé qu’il allait envoyer une lettre, mais assortie d’une autre lettre contredisant la première et réitérant la détermination du gouvernement à sortir à la fin du mois. Une stratégie effectivement mise en place par Boris Johnson.

► À LIRE AUSSI: Report de la décision sur l'accord de Brexit

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.