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Irlande du Nord / Royaume-Uni / Union européenne

Brexit: le Parlement européen rejette les propositions de Boris Johnson

Le groupe de pilotage du Parlement européen considère que les propositions formulées par le Premier ministre britannique ne peuvent pas fonctionner et n'apportent pas de solutions.

Boris Johnson, Premier ministre du Royaume-Uni
Boris Johnson, Premier ministre du Royaume-Uni REUTERS/Henry Nicholls
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Le gouvernement britannique a envoyé mercredi deux documents à la Commission européenne : une lettre à Jean-Claude Juncker et une note explicative décrivant un nouvel accord de sortie possible. À prendre ou à laisser, selon Boris Johnson.

Une offre d'abord accueillie positivement

Pour les Vingt-Sept, l’offre britannique a au moins l’avantage de répondre à la demande formulée de manière pressante depuis la démission de Theresa May, observe notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. À savoir une proposition écrite, transposable en termes juridiques et susceptible d’être mise en œuvre.

Les Européens ont d’ailleurs accueilli positivement le fait qu’il allait enfin être possible de travailler sur une proposition concrète. Après avoir appelé Boris Johnson, Jean-Claude Juncker a d’ailleurs jugé positive sa volonté de chercher une solution, même s’il existe des points problématiques.

Les doutes des Vingt-Sept se concentrent sur le fait que ce nouveau filet de sécurité ne serait pas illimité, mais renouvelable tous les quatre ans, sur le retrait de l’Irlande du Nord de l’Union douanière européenne et enfin sur la faisabilité de la mise en place de moyens purement technologiques pour remplacer les contrôles douaniers à la frontière irlandaise.

Une porte ouverte à la fraude fiscale

Bien que la sortie de l'union douanière signifie qu'il y aura une frontière douanière entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, qui restera membre de l'UE, le plan de Boris Johnson ne prévoit pas de contrôles « ni à la frontière ni même près de la frontière ». Pour cela, il envisage de simplifier et d'améliorer la législation en matière de douanes.

Une proposition qui n’est pas viable et qui sera la porte ouverte à la fraude fiscale, selon Kevin O’Rourke, professeur d’économie à New York University d’Abu Dahbi et auteur d’un best-seller Une brève histoire du Brexit, aux éditions Odile Jacob.

« Nous dire qu’il y aura des systèmes électroniques, de la paperasse, qui permettra peut-être de faciliter tout cela pour ceux qui sont honnêtes, le problème n'est pas là. Le problème, c’est la fraude fiscale. Pour contrôler cela, il faut des compteurs physiques, tout le monde le sait. »

Pour le professeur d'économie, « les Britanniques ont toujours espéré qu’ils pourraient se servir de l’Irlande du Nord comme cheval de Troie, et que les Européens allaient accepter. Il me semble que les négociateurs européens les ont vus venir de loin et on ne va jamais accepter cela. »

Un risque d'affaiblissement

Le Premier ministre britannique a détaillé son plan, qu’il décrit comme un « compromis raisonnable » dans une lettre au président de la Commission européenne. Selon Boris Johnson, il permet de régler le casse-tête de la frontière irlandaise, sur lequel butent toujours les négociations.

S’il y a une chose qui va vraiment affaiblir l’union de l’Irlande du nord avec la Grande-Bretagne, ce sera une sortie sans accord

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Kevin O'Rourke, professeur d'économie à la New York University d'Abu Dahbi et auteur du livre «Une brève histoire du Bexit»

Anastasia Becchio

Une proposition rejettée

Dans un tweet du 2 octobre, Guy Verhofstad, président du groupe de pilotage, a exprimé la défaveur du comité face aux propositions du Premier ministre. L'offre de Boris Johnson ne constitue pas une base pour un accord et pour sortir de l'impasse sur le Brexit.

Cette offre « ne peut pas fonctionner », parce qu'elle n'apporte pas de solutions pour la frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande, juge un haut responsable de l'Union européenne.

La presse britannique partagée sur la possibilité d'un accord avec Bruxelles

Le tabloïd Daily Express évoque « une avancée » pour Boris Johnson et annonce que l'Union européenne a qualifié son plan de « positif ».

Dans The Independent, c'est l'inverse, Bruxelles est prête à rejeter le plan du Premier ministre avec le sentiment que Downing Street essaie de lui faire porter la responsabilité d’une sortie brutale sans accord.

Même analyse dans le Guardian, pour qui le dirigeant conservateur semble mener un combat perdu d’avance après les remarques « cinglantes » en privé du négociateur Michel Barnier qui aurait décrit son plan comme « un piège ».

Pour le Times et le Financial Times, le plan de Boris Johnson « ne tient qu’à un fil » après le refus des Européens d’entamer formellement pour le moment des négociations.

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