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Turquie / Russie / Otan

L’Otan embarrassée par la livraison de missiles russes S-400 à la Turquie

La Russie l'appelle « système S-400 Triumph », mais l'Alliance atlantique le désigne sous le nom de code « SA-21 ». C’est le choix de la Turquie et les premières livraisons de batteries et stations radar ont commencé vendredi 12 juillet, à la fureur des États-Unis. Une crise diplomatico-militaire qui gêne nettement l’Otan.

La Russie a commencé à livrer ses premiers missiles à la Turquie vendredi 12 juillet.
La Russie a commencé à livrer ses premiers missiles à la Turquie vendredi 12 juillet. HANDOUT / TURKISH DEFENCE MINISTRY / AFP
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Ankara a choisi de s'équiper du système de défense antiaérienne dernier cri développé par l’industrie russe de l’armement, le S-400 « Triumph », considéré par les experts comme équivalent voire supérieur au système américain « Patriot », mais pour un coût moindre. Les livraisons ont démarré vendredi.

Ces premières livraisons de missiles russes à la Turquie sont un embarras pour l’Otan, tiraillée entre son inquiétude pour les systèmes d’armes des Alliés et la nécessité de ne pas mettre sur la sellette un pays membre, explique notre correspondant à Bruxelles - où se trouve le siège de l'Alliance -, Pierre Benazet.

L'Alliance antlantique ne peut se permettre de jeter le discrédit sur la Turquie, qui reste un Allié au même titre que les 28 autres pays membres. Le quartier général de l’Otan a donc décidé de s’exprimer sous couvert d’anonymat, pour affirmer son « inquiétude devant les conséquences potentielles de la décision turque ».

La crainte du « cheval de Troie » dans les rangs de l'Alliance atlantique

Ces conséquences portent sur l'un des piliers de la politique d’armement de l’Otan, le concept d’interopérabilité. « Chacun des pays de l’Alliance est libre de décider quels équipements militaires il achète », concède l’Otan, mais ces équipements doivent pouvoir être compatibles, interopérables les uns les autres.

Ce ne devrait pas être le cas des missiles russes, mais en fait, la véritable crainte est inverse ; à savoir que la Turquie mette en réseau son système russe avec ses autres systèmes d’armes achetés à des pays de l’Otan, États-Unis en tête. Certains à Bruxelles estiment que ce serait comme un « cheval de Troie ».

La préoccupation, c'est que la Turquie permette à l’industrie russe de l’armement de connaître le fonctionnement des armements alliés, et cherche à les rendre vulnérables. D'où la fureur de Washington, qui craint pour les secrets technologiques du nouvel avion furtif F-35, dont la Turquie souhaite s'équiper.

Une nouvelle preuve du pectaculaire revirement entre Moscou et Ankara

Avec ces achats, la Russie parvient à se rapprocher de la Turquie, à l’éloigner encore des Américains, et sème la zizanie à l'Otan. Elle est gagnante sur tous les tableaux, observe notre correspondant à Moscou Daniel Vallot, qui précise que sur le plan industriel et financier, le succès s'évalue à plus de 2 millards de dollars.

Cette affaire de S-400, fleuron de l’armement russe déjà vendu à la Chine et à l’Inde par le passé, confirme au npassage, de façon éclatante, que Moscou et Ankara se sont totalement réconciliés depuis la crise de 2015, lorsqu’un avion russe avait été abattu par la Turquie, non loin de la frontière syrienne.

C'est très important pour Moscou, car la Russie a fait de la Turquie un partenaire clé de sa politique au Moyen-Orient. En particulier dans le dossier syrien.

En Turquie, le gouvernement, mais aussi une grande partie de la population, voient les États-Unis comme un partenaire qui manque de fiabilité: le soutien de Washington pour les Kurdes en Syrie, le manque d'empathie de Washington pour le cas de Fethullah Gülen qui continue de vivre aux États-Unis...

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Anissa El Jabri

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