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Allemagne

«La retraite de Hitler», ces pensions du IIIe Reich qui font polémique en Europe

Le versement de pensions au profit de personnes qui ont combattu au sein des forces armées du Troisième Reich suscite une polémique lancée en Belgique. De nombreux pays sont concernés. En France, 54 personnes toucheraient cette retraite. Mais qualifier l’ensemble des bénéficiaires de collaborateurs ou de criminels de guerre est sans doute un peu simpliste. 

130 000 Alsaciens et Mosellans ont été incorporés dans l'armée régulière allemande, parmi eux certains ont été intégrés à la Waffen-SS. On les appelle les «malgré-nous».
130 000 Alsaciens et Mosellans ont été incorporés dans l'armée régulière allemande, parmi eux certains ont été intégrés à la Waffen-SS. On les appelle les «malgré-nous». Photo by Apic/Getty Images
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De notre correspondant à Berlin

« Hitler-Rente » ou « la retraite de Hitler », c'est le titre percutant d'un article du quotidien populaire Bild Zeitung paru il y a quelques jours. Le journal faisait référence à un décret du régime nazi de 1941 accordant la nationalité allemande aux étrangers s’engageant volontairement dans la Wehrmacht ou la Waffen-SS. Cette dernière organisation n’était plus, depuis le début de la guerre, considérée comme le bras armé du parti nazi mais dépendait de l’armée allemande.

Par ailleurs, des personnes ont été enrôlées de force dans les forces allemandes dans des régions annexées par le Troisième Reich après 1940. Cela vaut pour l’Alsace-Lorraine, le duché du Luxembourg et les cantons germanophones en Belgique d’Eupen et Malmédy. Dans ces territoires considérés comme allemands, la conscription s’appliquait comme dans le reste du Reich.

Les versements peuvent atteindre 1 200€ mensuels

Une loi de 1951, deux ans après la création de la République fédérale d’Allemagne, règle la question des indemnités et retraites pour les personnes victimes de la Seconde Guerre mondiale. Pour prétendre à une prestation, il faut avoir été blessé durant cette période au front, avoir été prisonnier ou enrôlé de force. Les versements mensuels vont de 400 à 1 200 euros. La plus grande majorité des bénéficiaires vivent en RFA. Ils sont aujourd’hui 66 000 contre environ 2 000 personnes vivant à l’étranger (un quart y ont la nationalité allemande). Au sein de ce groupe de bénéficiaires, les Polonais (573) sont les plus nombreux. 54 personnes résidant en France touchent aujourd’hui des prestations mensuelles sur la base de cette loi allemande.

Combien de criminels de guerre parmi ces pensionnaires ?

Très tôt, ces dispositions ont provoqué des polémiques. Fondées uniquement sur des critères juridiques, elles ne prenaient pas en compte le parcours individuel de personnes s’étant rendues coupables de crimes de guerre ou contre l’humanité.

Dans les années 50, les pensions versées aux veuves de dignitaires nazis comme Heinrich Himmler provoquent des polémiques. Il y a 25 ans, un documentaire sur 128 Lettons, membres de la Waffen-SS et qui avaient participé aux exécutions de masse de juifs dans leur pays, suscite un vif débat politique. Le cas de Heinz Barth, qui avait participé aux massacres d’Oradour-sur-Glane en France et bénéficiait également d’une retraite, défraie aussi la chronique.

La loi est modifiée en 1998, statuant que les personnes qui, par leurs actes, se sont rendues coupables de crimes de guerre ou contre l’humanité ne peuvent alors plus bénéficier de telles prestations. D’après le ministère des Affaires sociales à Berlin, 99 personnes ont vu leurs retraites remises en cause. Un nombre plus que symbolique.

Les députés belges demandent l'arrêt du versement de ces retraites

La polémique actuelle sur les étrangers percevant ces prestations a pris naissance en Belgique où 18 personnes sont concernées. Les députés à Bruxelles ont demandé de mettre fin à ces versements et demandent à l’Allemagne de lui fournir la liste des bénéficiaires,  ce qui parait difficile en raison de la protection des données privées.

Le versement de ces retraites ne signifie pas que les intéressés se sont rendus coupables de crimes de guerre. L’historien allemand Martin Göllnitz, interrogé par RFI, souligne : « Ces situations sont extrêmement compliquées et demandent un examen individuel de chaque cas. Le droit social ne permet pas en principe de remettre en cause des prestations sociales si un bénéficiaire s’est rendu coupable d’actions contraires au droit pénal ».

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