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Ecosse: le «còsagach» pour contrer le blues de l’hiver

Après le « hygge » danois, l’Ecosse promeut elle aussi son style de vie douillet avec le « còsagach ». En gaélique, cela signifie être bien au chaud alors que les températures hivernales sont rudes, sans le stress de la vie quotidienne. Ce n’est pas une attitude nouvelle : pour VisitScotland, l’organisation publique de promotion touristique de l’Ecosse, il s’agit de poser un concept sur une habitude culturellement répandue. Pour faire l’expérience du « còsagach », que certains appellent aussi « coorie » (synonyme de câlin), direction le nord de l’Ecosse, où la neige est tombée abondement en ce début de février 2019.

Paysage autour du chalet Eagle Brae en Ecosse
Paysage autour du chalet Eagle Brae en Ecosse RFI/Assa Samaké-Roman
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Prendre le temps

La vie moderne laisse peu de temps à la flânerie, et nombreux sont les citadins qui rêvent de pouvoir appuyer sur le bouton pause. Le còsagach offre précisément cela : une opportunité de savourer chaque instant, sans injonction à l’efficacité. S’il y a bien un endroit qui illustre cela, c’est Leakey’s, la deuxième plus grande librairie d’occasion d’Ecosse, située à Inverness, la capitale des Highlands, dans une ancienne église gaélique de la fin du XVIIIe siècle. Impossible d’y venir pour acquérir un livre précis et repartir aussitôt : les ouvrages sont classés par genre mais pas par ordre alphabétique. Il faut donc avoir l’œil, s’armer de patience, et se laisser séduire par le lieu.

Leakey's est la deuxième plus grande librairie d'occasion d'Ecosse. Elle est située à Inverness
Leakey's est la deuxième plus grande librairie d'occasion d'Ecosse. Elle est située à Inverness RFI/Assa Samaké-Roman

Le còsagach se mérite

Les chutes de neige ont provoqué retards et perturbations, mais certainement pas empêché les Ecossais d’apprécier l’extérieur. Prendre un grand bol d’air frais sur les plages du nord du pays ou se rendre sur un site historique : tous ces chemins mènent au còsagach.

Lesley Watson, ancienne professeure d’histoire désormais guide touristique et gérante de Solway Tours avec son ancien collègue Mark Turner, explique qu’elle aime maintenant passer du temps en Ecosse, admirer ses paysages et transmettre son histoire. Le site de la bataille de Culloden (16 avril 1746) est l’endroit idéal pour concilier tout cela. Difficile d’imaginer aujourd’hui que cette vaste lande est un endroit synonyme de désastre humain et politique pour l’Ecosse : ce fut la fin tragique des révoltes jacobites et le début de la prohibition du mode de vie des Highlands.

Après les heures passées dans le froid, le retour au chaud a d’autant plus de saveur. L’intimité de la maison fera l’affaire, mais la chaleur d’un feu de bois dans le pub du quartier semble bien plus adaptée. C’est la raison pour laquelle VisitScotland estime que le còsagach n’est pas si compliqué à promouvoir. Comme les comédies de la mythique Cornetto Trilogy (Shaun of The Dead, Hot Fuzz et The World’s End) d’Edgar Wright le montrent, le pub est une institution fondamentale de la culture du Royaume-Uni. Plus qu’un bar où sont servis boissons abordables et plats traditionnels, le pub représente le salon de la communauté, un point focal de socialisation.

Un art de vivre eco-friendly

Le còsagach, appliqué à la lettre, est un mode de vie peu coûteux pour l’environnement. L’Ecosse jouit d’une réputation sans égale pour la qualité de ses produits, comme le whisky de la région du Speyside ou la bière. Black Isle Brewery, qui a fêté son vingtième anniversaire l’an passé et qui ne fait que des bières biologiques, est l’une des brasseries les plus reconnues.

L’éco-tourisme n’aura pas attendu le còsagach pour s’installer en Ecosse. A Eagle Brae, Mike et Pawana Spenser-Nairn proposent des chalets de luxe en bois à flanc de colline à 30 minutes d’Inverness. L’immense terrain, qui appartient à la famille de Mike depuis les années 1930, contient dix habitats totalement autosuffisants en énergie renouvelable.

Depuis son ouverture en 2013, la popularité d’Eagle Brae n’est plus à démontrer. Pour Mike, c’est parce que « nos vies deviennent de plus en plus intenses. Nous avons besoin de nous déconnecter et de revenir à un environnement rustique. » Son épouse Pawana ajoute : « La semaine dernière, des clients m’ont dit qu’ils avaient éteint leur téléphone pendant une semaine. » Cette digital detox de l’extrême n’est cependant pas la norme, selon Mike : « La plupart veulent quand même avoir accès au WiFi pour partager leurs belles photos ! »

Maintenant que l’Ecosse tente de montrer que les Scandinaves n’ont pas le monopole du cosy, le còsagach aura-t-il le même succès que ses prédécesseurs ? Pour le moment, il n’y a pas eu d’avalanche de produits dérivés. Mais la réussite du concept sera sûrement de rester un mode de vie somme toute très épuré : nul besoin d’investir dans des plaids et bougies qui contiendraient le secret du bonheur, il suffit d’estimer l’hiver à sa juste valeur.

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