Législatives anticipées en Arménie: Pachinian espère renforcer son pouvoir
Près de huit mois après la révolution de velours, qui a porté Nikol Pachinian au pouvoir, l’ancien journaliste espère obtenir une large majorité au Parlement lors des élections législatives ce dimanche 9 décembre. Ce scrutin anticipé est crucial, car le nouveau dirigeant arménien a besoin de cette majorité pour mener à bien les réformes qu’il a promises à ses partisans, notamment la lutte contre la corruption et contre la pauvreté.
Publié le : Modifié le :
Avec notre envoyé spécial à Erevan, Daniel Vallot
Dans une échoppe installée dans un ancien box de parking, en plein centre d’Erevan, Spartak vend des t-shirts bariolés, emballés sous plastique. Aux gestes lents et à la démarche fatiguée, cet ancien fonctionnaire à la retraite touche 39 000 drams arméniens par mois, soit un peu moins de 70 euros. « Ma retraite me permet à peine de payer mes factures, dit ce retraité de 69 ans. J’ai des enfants, mais eux-mêmes ont du mal à joindre les deux bouts et ne peuvent pas m’aider. J’ai un cancer et, depuis deux ans, je suis un traitement qui coûte beaucoup d’argent. Alors, je travaille ici pour essayer de gagner cette somme, mais pour l’instant je n’y arrive pas. »
Dimanche 9 décembre, Spartak ira voter pour Nikol Pachinian. Sa situation ne s’est pas améliorée depuis la révolution, mais il le fera pour ses enfants nous et pour leur avenir, dit-il.
À quelques mètres de là, Arsen, assure qu’il ira lui aussi voter pour l’ancien journaliste. Aux yeux de cet habitant d’Erevan, Nikol Pachinian a déjà rempli une partie de son contrat en luttant contre la corruption : « Avant, la corruption était catastrophique ! Les pots-de-vin étaient monnaie courante, et personne n’était puni, raconte-t-il. Aujourd’hui, les gens ont peur de demander un bakchich, la réglementation est beaucoup plus stricte. Donc, oui, on voit vraiment que ça va dans le bon sens. »
Dans les rues de la capitale arménienne, l’espoir suscité par la révolution de velours n’est pas encore retombé et Nikol Pachinian a conservé une grande partie de sa popularité. L’ancien journaliste espère tirer les bénéfices de cet engouement, pour obtenir la majorité la plus large possible à l’issue du scrutin.
Voter pour nous, cela signifie voter pour notre programme, pour notre façon transparente de gouverner. Et pour notre combat contre la corruption.
Sona Ghazaryan
L'ancien parti au pouvoir veut incarner l'opposition
Le parti Républicain qui était aux commandes avant la révolution devrait, lui, subir une cuisante défaite. Il pourrait même ne pas dépasser la barre des 5% qui lui permettrait d'être représenté. L'ancien parti au pouvoir espère malgré tout entrer au Parlement et incarner l'opposition au nouveau dirigeant.
« Tout d'abord, il est clair qu'à l'issue de ces élections, c'est le parti de monsieur Pachinian qui va emporter la majorité, reconnait David Harutyunyan, en charge de la campagne électorale au sein du parti Républicain. Mais ce qui est important pour notre démocratie, c'est d'avoir une véritable opposition au sein du Parlement. Une opposition compétente, qui a une expérience du pouvoir, et qui peut révéler tout ce qui peut s'avérer dangereux pour le pays. Donc notre message c'est : "si vous êtes inquiets, votez pour nous". Il y a beaucoup de sujet d'inquiétudes : la liberté de la presse, les pressions exercées sur la justice, la politique économique et sociale... Il y a beaucoup de sujets qui nous inquiètent. »
Dans les rues de la capitale arménienne, l’espoir suscité par la «révolution de velours» n’est pas encore retombé - Reportage
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne