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Droits de l'homme

Crimes contre les journalistes: depuis 10 ans, les femmes de plus en plus visées

Alors que ce 2 novembre est marqué par la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, l’association des Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon – dont la mort en 2013 est à l’origine de cette journée – vient de publier dans Libération une tribune intitulée « Femmes journalistes assassinées, leur cri nous hante ». Comme le rappelle l’Unesco, leur nombre a sensiblement augmenté ces dix dernières années.

Une femme allume une bougie lors de la veillée funèbre en hommage à Daphne Caruana Galizia, à Malte, le 16 octobre 2017.
Une femme allume une bougie lors de la veillée funèbre en hommage à Daphne Caruana Galizia, à Malte, le 16 octobre 2017. REUTERS/Darrin Zammit Lupi
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Dans son rapport sur l'année 2017 publié en décembre dernier, Reporters sans frontières remarquait que dans une année pourtant moins meurtrière que les précédentes pour les journalistes dans le monde, le nombre des victimes féminines a doublé. L’Unesco précise de son côté qu'il s'agit là d'un record depuis 2006.

2017 : année noire pour les femmes journalistes

En mars, la journaliste turque Tuba Akyilmaz est tuée par un sniper alors qu'elle couvre des combats impliquant des forces kurdes. Le même mois, au Mexique, le pays qui compte le plus de journalistes assassinés au monde après la Syrie, Miroslava Breach Velducea est retrouvée le corps criblé de balles dans sa voiture. Elle venait de publier un article sur les rivalités armées dans le cartel de Juarez.

En juin, la journaliste suisse Véronique Robert meurt dans l'explosion d'un engin artisanal alors qu'elle suit une unité des forces spéciales antiterroristes en Irak. En août, la journaliste suédoise Kim Wall est violée puis assassinée par l'homme sur qui elle fait un reportage. En septembre, la militante féministe, critique du nationalisme hindou, Gauri Lankesh, est abattue en sortant de chez elle, à Bangalore. Elles sont dix en tout à avoir perdu la vie dans l’exercice de leur travail.

Le 11 octobre 2018, Reporters sans frontières publie un nouveau rapport indiquant que le nombre de journalistes assassinés a déjà atteint celui de l'année précédente. Parmi eux, trois femmes. L'Américaine Wendi Winters et l'Afghane Maharam Darani sont décédées dans des tueries de masse visant des journalistes. La journaliste mexicaine Pamela Montenegro a quant à elle été personnellement visée, abattue dans un restaurant d'Acapulco par deux tireurs qui sont parvenus à prendre la fuite. YouTubeuse satirique sous le nom de « La Nana Pelucas », elle était principalement connue dans l’État de Guerrero, où elle dénonçait la corruption et le crime organisé.

Deux journalistes d’investigation européennes récemment assassinées

Le compte-rendu n’évoque pas le meurtre d’une quatrième femme, la Bulgare Viktoria Marinova, qui a pourtant eu lieu cinq jours auparavant. Présentatrice à TVN, une chaîne de télévision locale de Ruse, dans le nord du pays, Viktoria Marinova diffuse le 30 septembre dernier une émission sur le blanchiment d’argent d’une entreprise du bâtiment mettant en cause des politiciens et des entrepreneurs connus. Son corps est retrouvé une semaine plus tard dans un parc de la ville. L’autopsie révélera qu’elle a été violée et torturée avant d’être assassinée.

Viktoria Marinova est la troisième journaliste d’investigation européenne assassinée en un an, après le Tchèque Jan Kuciak et la Maltaise Daphne Caruana Galizia, tuée en octobre 2017 dans l’explosion d’une voiture piégée pour avoir dénoncé sur son blog la corruption à Malte.

La mort de ces trois journalistes est exemplaire de plusieurs tendances lourdes de ces dernières années. Les assassinats de journalistes femmes sont souvent précédés de tortures et de violences sexuelles. Le rapport de l’Unesco rappelle par ailleurs qu’elles doivent faire face aux menaces liées au genre.

Comme la majorité des journalistes tués en 2017, Viktoria Marinova, Jan Kuciak et Daphne Caruana Galizia n'ont pas été dans une zone en guerre, ont fait l'objet d'attaques ciblées qui ont eu lieu dans leur propre pays. Comme 90 % des victimes, ce sont enfin des journalistes locaux qui enquêtaient sur la politique, la corruption et la criminalité.

L’impunité, dénoncée en ce 2 novembre, reste édifiante : seul un cas sur dix est porté devant la justice. Si des exécutants sont parfois identifiés, les commanditaires demeurent souvent intouchables, surtout lorsqu’ils sont proches du pouvoir, ou se confondent avec lui.

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