Le Parlement européen vote une procédure de sanctions contre la Hongrie
Ce mercredi 12 septembre, le Parlement européen a dénoncé la menace « systémique » contre les valeurs de l'UE en Hongrie, et demande à l'Union de réagir en lançant la procédure dite de l'article 7. Il s'agit du mécanisme le plus radical visant un pays bafouant les règles européennes. C'est la première fois que le Parlement européen use de son droit d'initiative pour demander au Conseil (les Etats membres) de se prononcer sur la situation de l'Etat de droit d'un pays membre.
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Décision à la symbolique politique forte, le vote du Parlement à l'encontre de la Hongrie lance une longue procédure dont l'issue est incertaine mais qui peut - en théorie - mener à des sanctions à l'encontre de Budapest. La procédure, dite de l'article 7, est rarissime dans l'histoire de l'Union européenne. Néanmoins, c'est la deuxième fois en un an qu'elle est déclenchée. Fin décembre 2017 en effet, la Commission avait initié celle-ci contre la Pologne. Elle en est pour l'instant à un stade préliminaire, après l'audition de Varsovie sur ses réformes controversée fin juin par le Conseil des ministres des Affaires européennes.
Un vote très serré
Mais ce 12 septembre est un « vote historique », a réagi l'eurodéputée socialiste Sylvie Guillaume sur Twitter. Le vote de l'hémicycle s'annonçait serré, étant donné les règles strictes auquel il était soumis : outre la simple majorité des voix (376), la résolution devait recueillir au moins les deux tiers des suffrages exprimés. Elle est finalement passée avec 448 votes pour et 197 contre (et 48 abstentions).
La résolution votée par le Parlement « invite le Conseil à constater s'il existe un risque clair de violation grave, par la Hongrie, des valeurs visées à l'article 2 du traité de l'Union européenne et à adresser à la Hongrie des recommandations appropriées à cet égard ». Le débat précédant le vote a donné lieu à un âpre face-à-face entre le Premier ministre Viktor Orban, venu défendre « l'honneur » de son pays, et les parlementaires.
Une opinion « déjà faite »
M. Orban n'a pas cherché à convaincre son auditoire, dont il estimait que l'opinion était « déjà faite ». Combattif et véhément, il a dénoncé une « vengeance » de ses opposants et martelé qu'il ne céderait à aucun « chantage ». « Je n'accepterai pas que les forces pro-immigration nous menacent, fassent un chantage et calomnient la Hongrie sur la base de fausses accusations », a lancé le dirigeant ultra conservateur. Pour la ministre française Nathalie Loiseau, qui a affirmé son soutien à la résolution, Viktor Orban s'est adressé « plus à ses électeurs en Hongrie qu'aux parlementaires », « fonctionnement habituel des nationalistes », a-t-elle observé lors d'un point presse.
Le rapport de l'eurodéputée Judith Sargentini (Verts) établit une longue liste de « préoccupations » portant sur le bafouement des libertés et valeurs prônées par l'Union européenne dans la presse, au sein des universités, contre les minorités, contre les migrants, mais aussi en matière de corruption et d'indépendance de la justice. Soutenue par les sociaux-démocrates, les libéraux, les Verts et la gauche radicale, mais dénoncée par les groupes souverainistes qui siègent au Parlement, le sort de la résolution dépendait surtout du vote du PPE (Parti populaire européen).
Pas de consignes de vote au PPE
La principale formation politique dans l'hémicycle accueille en effet en son sein le Fidesz de Viktor Orban (12 représentants sur les 218 eurodéputés du groupe). Incapable de s'accorder en interne, la formation de droite n'avait pas donné de consigne de vote. Mais son chef, l'Allemand Manfred Weber, avait annoncé son intention de voter personnellement en faveur de la résolution. « J'ai toujours été favorable à construire des passerelles, et je veux continuer à le faire, mais hier (mardi 11 septembre) je n'ai vu aucune volonté de la part du Premier ministre hongrois de faire un pas vers ses partenaires de l'UE et répondre à nos inquiétudes », a expliqué M. Weber sur Twitter.
Avec sa ligne dure anti-immigration, son style autoritaire, ses prises de position anti-UE, Viktor Orban incarne la vague populiste qui déferle sur l'Europe. Fin août, il avait, après une rencontre avec le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, désigné le président français Emmanuel Macron comme son ennemi en Europe. A Budapest, on qualifie ce vote du Parlement européen de « petite vengeance » des « pro-immigration ».
(avec AFP)
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