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Italie

Après le drame, l’Italie décrète l’état d’urgence pour un an à Gênes

Le gouvernement italien annonce des mesures après la chute d'un pont d'autoroute à Gênes, en Italie. L'état d'urgence a été déclaré dans la région. Il y aujourd'hui peu de chances de trouver des survivants. Au moins 39 personnes sont mortes. L'enquête pour trouver les responsables a débuté. Un universitaire avait alerté sur un défaut de conception bien avant la catastrophe.

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte (c), aux côtés du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (d) et du ministre du Travail et de l'Industrie Luigi Di Maio, a annoncé une série de mesures. Gênes, le 15 août 2018.
Le Premier ministre italien Giuseppe Conte (c), aux côtés du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (d) et du ministre du Travail et de l'Industrie Luigi Di Maio, a annoncé une série de mesures. Gênes, le 15 août 2018. REUTERS/Stefano Rellandini
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A la demande de la région, « nous avons décrété l'état d'urgence pour 12 mois », a annoncé mercredi après-midi le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, à l'issue d'un Conseil des ministres extraordinaire à Gênes.

Cet état d'urgence offre un « cadre normatif » pour la gestion du site et l'assistance aux plus de 630 personnes évacuées et dont les habitations, en contrebas de ce qui reste du pont, sont condamnées, a expliqué le président de la région Giovanni Toti.

L'Etat va par exemple prendre en charge l'assistance des victimes. Cela lui permet aussi de débloquer une somme d’aide d'urgence de 5 millions d'euros. Le Premier ministre a aussi annoncé une journée de deuil national à une date qui reste à déterminer pour coïncider avec une cérémonie de funérailles des victimes.

Le temps est compté

Malgré les efforts incessants des équipes de pompiers qui ont travaillé toute la nuit et qui s’affairaient toujours mercredi en fin de journée avec l’aide de chiens et de pelleteuses dans l'amas de béton et de ferraille gisant en contrebas du pont, le bilan des victimes sauvées n'a pas beaucoup évolué dans la journée.

On dénombre 39 morts et 16 blessés, dont neuf dans un état grave, ainsi que plusieurs disparus. Trois enfants âgés de 8 à 13 ans figurent parmi les morts. Il y a également quatre jeunes Français, ainsi que trois Chiliens et un Colombien.

La partie en contrebas du pont qui s'est écroulé a des airs de zone sinistrée par un tremblement de terre. Des grues aident à déblayer et accéder à des cavités où des victimes pourraient être coincées, mais l’espoir de retrouver des survivants s’amenuise. 

Ce sont environ 35 voitures et plusieurs camions, selon la protection civile, qui ont été précipités mardi en fin de matinée dans le vide d'une hauteur de 45 mètres dans l'effondrement soudain et inexpliqué d'une portion de plus de 200 mètres du pont Morandi. Un ouvrage massif en béton de la fin des années 1960 qui a régulièrement dû faire l'objet d'importants travaux d'entretien.

L'effondrement « n'est pas dû à la fatalité », a martelé le procureur de Gênes, Francesco Cozzi, venu sur les lieux, alors que l'enquête vient seulement de débuter.

L'autoroute et le viaduc effondré vus du port de Gênes.
L'autoroute et le viaduc effondré vus du port de Gênes. REUTERS/Stefano Rellandini


■ Un chercheur avait prévu le drame

La polémique enfle. Qui est responsable ? Le gouvernement met en cause la société chargée de gérer l'autoroute. Les autorités l'accusent de ne pas avoir assuré l'entretien du viaduc. Giuseppe Conte a confirmé que le gouvernement entendait révoquer la concession de la société gérant le tronçon d'autoroute, Autostrade per l'Italia qui gère près de la moitié des quelque 6 000 km d'autoroute du pays.

Mais une autre piste refait surface : et s'il s'agissait d'un défaut d'origine ? Un problème de conception au moment de la construction du pont ? C'est la thèse défendue par un spécialiste du béton armé, un universitaire qui avait donné l'alerte il y a déjà plusieurs années. Bien avant la catastrophe.

Il s'appelle Antonio Brencich et est professeur d'ingénierie à l'université de Gênes. Dès 2016, il parlait d'échec technique à propos du pont Morandi. Un ouvrage présenté comme novateur à l'époque de sa construction, mais qui a très vite montré ses limites.

« Le problème, ce ne sont pas les matériaux. Ils n'étaient pas de mauvaise qualité, affirme-t-il. Mais ce sont les choix technologiques choisis pour ce projet, ce qu'on appelle le système de précompression, qui n'a pas tenu ses promesses. Ça a entraîné une dégradation des matériaux, une corrosion très rapide, qui était impensable. Imaginez qu'en 1990, alors que le pont n'avait que 23 ans, ce qui n'est rien du tout pour un ouvrage de ce type, il a fallu remplacer les haubans - les câbles qui retiennent la structure - parce que leur état était trop préoccupant. »

Ces câbles ont-ils fini par céder et provoquer le drame ? C'est possible, mais ça n'explique pas tout. D'après Antonio Brencich, même si une partie du pont s'écroulait, le pylône central aurait dû rester debout. Est-ce alors un problème de maintenance ? : à la fin des années 1990, l'entretien du viaduc avait déjà coûté 80% de la somme dépensée pour sa construction.

Le viaduc de Gênes est le 5e pont à s'effondrer en Italie en cinq ans : deux en Sicile en 2014, dont l'un le lendemain de son inauguration, et deux autres en Lombardie et dans les Marches en 2017.

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