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Turquie

Chute de la livre en Turquie: une «guerre économique» américaine pour Erdogan

Une nouvelle fois, c'est sur le terrain économique que Donald Trump compte faire plier son adversaire. Depuis plusieurs mois déjà, les relations entre les Etats Unis et la Turquie sont au plus bas. Des sanctions américaines contre des ministres turcs, le 1er août, avaient entraînés une chute de la livre. Une chute qui s'est brusquement aggravée hier vendredi après l'annonce de nouvelles taxes par Donald Trump. La livre turque a perdu jusqu'à -24% dans la journée face au dollar. Le président turc dénonce une «guerre économique».

Dans un bureau de change à Istanbul, le 10 août 2018: vendredi, la TRY a franchi le seuil psychologique de six contre un billet vert.
Dans un bureau de change à Istanbul, le 10 août 2018: vendredi, la TRY a franchi le seuil psychologique de six contre un billet vert. REUTERS/Murad Sezer
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Le président turc a appelé vendredi ses concitoyens à lutter contre cette « guerre économique » en changeant leurs devises étrangères en livres turques. Car, pour Recep Tayyp Erdogan, la Turquie est en guerre: elle est attaquée par les marchés, c’est d’ailleurs ce que reprennent ce matin les nombreux journaux pro-gouvernementaux.

« C’est une attaque économique », « nous allons gagner la guerre économique » peut-on lire par exemple à la Une de ses titres, rapporte notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Du côté des quotidiens d’opposition on se penche surtout sur les conséquences à venir pour les Turcs : les travailleurs sont aujourd’hui 16 % plus pauvres pour le journal de gauche Evrensel. « Le régime d’un seul homme » mène le pays à la catastrophe titre encore BirGün en évoquant du nouveau système présidentiel.

Les approvisionnements pharmaceutiques menacés ?

Enfin le quotidien Cumhurriyet sonne l’alarme avec un exemple concret : la crise des médicaments est à notre porte. C’est le président de l’Association des pharmaciens qui l’explique : en raison de la chute de la livre turque, moins de médicaments ont été importés ces dernières semaines. Résultat, le spécialiste s’inquiète: pour des centaines de produits il ne reste plus que dix jours de stock dans les dépôts.

Cela fait presque un an que les relations entre la Turquie et les Etats-Unis se dégradent mais le tweet de Donald Trump vendredi (annonçant le doublement des taxes douanières sur l'aluminium et l'acier turcs) a mis une sacrée pagaille. fragilisant encore un peu plus l’économie turque et semant aussi le doute sur les marchés internationaux, toujours sensibles aux coups de semonces du président américain, précise notre correspondant à Washington, Grégoire Pourtier.

à (re)lire: la revue de la presse du jour «A la Une: Trump tweete, la livre turque dévisse»

Au comptoir une jeune femme profite de la dégringolade la livre turque pour changer 100 euros en livres turques... Pas de mouvements de panique dans les bureaux de change, mais une certaine résignation, et la conviction que cette crise va s’installer dans la durée

01:14

Dans un bureau de change à Istanbiul: écoutez le reportage de notre correspondant Alexandre Billette

RFI

Les bourses européennes ont clôturé en baisse

La chute brutale de la livre turque après plusieurs années d'érosion s'est immédiatement répercutée sur les marchés financiers européens, prompts à s'émouvoir de l'aggravation des tensions entre les États-Unis et la Turquie. Les bourses de Paris, Londres, Francfort et Madrid ont clôturé en baisse et ce sont surtout les banques qui en ont fait les frais car les plus exposées à l'effondrement de la monnaie nationale turque. L’euro lui aussi a accusé le coup.

Mais les investisseurs s'inquiètent surtout des mesures du président Erdogan pour enrayer la crise, mesures auxquelles ils ne croient pas une seconde, comme l'appel au peuple turc à soutenir sa monnaie en vendant son or et ses devises étrangères, alors que c'est le mouvement inverse qui s'observe. Pour les analystes, pour enrayer l'inflation et la chute de la livre, la meilleure solution serait de décider une hausse massive des taux d'intérêt. Or, le président turc s'y refuse absolument.

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