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France / Religion

Emmanuel Macron au Vatican: une visite lourde de symboles

Emmanuel Macron se rend à Rome pour une visite officielle au Vatican, mardi 26 juin. Le président de la République va rencontrer le pape François en audience privée. Mais il va aussi prendre possession de son titre de « premier et unique chanoine honoraire de l’archibasilique majeure de Saint-Jean-de-Latran », héritage d'une tradition historique.

Le discours d'Emmanuel Macron au Collège des Bernardins en avril 2018 avait provoqué de vives réactions.
Le discours d'Emmanuel Macron au Collège des Bernardins en avril 2018 avait provoqué de vives réactions. LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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Le titre de « premier et unique chanoine honoraire de l’archibasilique majeure de Saint-Jean-de-Latran » est avant tout honorifique. Il revient aux rois de France depuis Henri IV comme remerciement pour le don au Saint-Siège de l’abbaye de Clairac, dans le Lot-et-Garonne.

La tradition a perduré jusqu’à nos jours. Les présidents de la République française sont tous chanoines de Latran. Certains choisissent de venir prendre possession de leur titre, comme le général de Gaulle ou Jacques Chirac. D’autres, à l'instar de François Mitterrand ou François Hollande, ne le font pas.

Monseigneur Rougé, ancien directeur du service pastoral d’études politiques et prochain évêque des Hauts-de-Seine, se réjouit qu’Emmanuel Macron vienne recevoir ce titre. « Le fait de le recevoir sobrement et simplement est une manière d’accueillir une histoire qui fait partie de la vie d’aujourd’hui où la France, comme le disait Emmanuel Macron aux Bernardins, a peut-être des racines mais aussi une sève chrétienne », estime-t-il.

Réparer le « lien abîmé »

Le président de la République a en effet prononcé un discours important devant la conférence des Evêques au Collège des Bernardins en avril dernier. S'adressant aux catholiques de France, il leur a dit : « Le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, il nous importe de le réparer. Pour cela, il n’est pas d’autre moyen qu’un dialogue en vérité. Ce dialogue est indispensable et si je devais résumer mon point de vue, je dirais qu’une Eglise prétendant se désintéresser des questions temporelles n’irait pas au bout de sa vocation et qu’un président de la République prétendant se désintéresser de l’Eglise et des catholiques manquerait à son devoir ».

Ces propos ont fait polémiques, car certains y ont vu une atteinte à la laïcité. Bruno Cautrès, politologue du centre de recherche politique de Science Po, explique pourquoi ce sujet est si sensible en France : « On peut voir qu’Emmanuel Macron prête beaucoup d’attention à montrer qu’il lui tient à cœur [d'avoir] des bonnes relations entre la France et l’Eglise catholique. Ca pose toujours la question de cette tension : peut-on être un chef d’un Etat laïc et en même temps entretenir des rapports avec les Eglises ? ».

Des convergences avec le pape ?

Dans l’entourage du chef de l’Etat, on assume totalement ce message aux catholiques et on explique qu’Emmanuel Macron a voulu réaffirmer l’importance de leur contribution dans la vie publique, les inviter à s’engager. La notion d’engagement, c’est un point de convergence avec le pape François. Les deux hommes ont une autre chose en commun : une éducation jésuite. Emmanuel Macron, qui a été baptisé à 12 ans à sa demande, a étudié au lycée La Providence à Amiens.

Quant au titre de chanoine de Latran, le président de la République n’a pas hésité à choisir de le recevoir. Pourtant, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, estime que cela ne va pas forcément de soi. « Pourquoi ni François Mitterrand, ni François Hollande n’ont pas été cherchés ce titre ? Tout simplement parce qu’ils avaient le souci de rappeler que nous sommes une République laïque et de ne pas donner le sentiment qu’il y a un lien particulier établi entre l’Eglise catholique et l’Etat français », explique-t-il.

La comparaison avec Nicolas Sarkozy

Emmanuel Macron doit donc prendre des précautions lors de cette visite. D’autant plus que le dernier président qui est allé recevoir son titre de chanoine de Latran, Nicolas Sarkozy, avait provoqué beaucoup de remous avec le discours prononcé à Rome. « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé même s’il est important qu’il s’en approche parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance », avait-il déclaré.

A l’Elysée, on s’attendait à la comparaison avec Nicolas Sarkozy et on explique que les deux démarches n’ont rien à voir. Emmanuel Macron a d’ailleurs choisi de ne pas prononcer pas de discours au Latran. Le meilleur moyen pour éviter de prêter le flanc aux critiques.

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