Accéder au contenu principal
Italie / Espagne

Aquarius: deux migrants se seraient noyés lors des opérations de sauvetage

L'ONG Médecins sans frontières a confirmé que deux migrants se seraient noyés pendant les opérations de sauvetage de l'Aquarius lors du week-end dernier. Hassiba Hadj Sahraoui, conseillère en affaires humanitaires de MSF, fait le point sur RFI et revient sur les discussions politiques suscitées par cette affaire, alors que lka France devrait finalement accueillir des personnes.

Les rescapés de l'Aquarius, le 14 juin 2018 en mer.
Les rescapés de l'Aquarius, le 14 juin 2018 en mer. Medecins Sans Frontieres / AFP
Publicité

Hassiba Hadj Sahraoui, conseillère en affaires humanitaires de MSF, revient sur l'état des rescapés et de l'équipage de l'Aquarius, actuellement en route vers Valence, où ils devraient arriver dimanche à la mi-journée. Elle confirme d'abord que deux migrants ou réfugiés seraient morts.

« Des personnes secourues s’enquéraient du sort de leurs familles, en disant : "Mais on ne l’a pas vu, on ne l’a pas vu… Que s’est-il passé ? Il était à l’eau !" Voilà comment on a eu la confirmation que deux personnes semblaient être décédées, ce qui n’est pas définitif. »

« C'est une difficulté de la mer, on ne saura probablement jamais ce qui s’est réellement passé, ajoute Hassiba Hadj Sahraoui. Si la personne voyageait seule, sans aucun ami ou membre de la famille, quelqu’un peut se noyer sans que personne ne le remarque... »

L'humanitaire évoque « l'ambiance » sur l'Aquarius, où tout le monde a été mis à rude épreuve cette semaine. « Ils sont passés un petit peu par tous les états », explique-t-elle. D'un côté, la perspective du « dénouement d’une situation très difficile ». Et de l'autre, « énormément d’incertitude » sur la suite.

Selon Madrid, la France va accueillir des rescapés de l'Aquarius après examen de leur situation. Des rescapés qui proviennent de 26 pays, dont 23 du continent africain mais aussi d'Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan. Parmi eux : six femmes enceintes, 11 enfants de moins de 5 ans et 123 mineurs non accompagnés, selon MSF.

Environ 630 personnes avaient été recueillies au large des côtes libyennes le week-end dernier, mais le nouveau ministre italien de l'Intérieur, le dirigeant de la Ligue Matteo Salvini (extrême droite), avait fermé les ports à l'Aquarius. Le nouveau gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez s'est donc proposé.

« On a une expérience très particulière »

Cette affaire a également donné lieu à des échanges peu diplomatiques au sein de l'Union européenne. Notamment des propos du président français contre Rome. Aussi, Emmanuel Macron et le nouveau chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, ont tenu à afficher vendredi une « entente parfaite ».

Pendant un rendez-vous à l'Elysée, les deux hommes ont évoqué trois pistes : la modification du règlement de Dublin, le renforcement des frontières extérieures de l'UE et le renforcement de la coopération avec les pays de départ. Notamment via des centres européens pour « trier » les migrants dans ces pays.

De nombreuses ONG réclament depuis longtemps que les demandes d'asile puissent être déposées au plus près des pays de départ, à l'instar de MSF. Mais elles craignent que ces centres soit un moyen pour l'Europe de se défausser de ses responsabilités, analyse Hassiba Hadj Sahraoui.

« Une façon de parquer les personnes »

« Ce qui nous intéresse, en tant qu’organisation humanitaire, c’est que personne ne meure en mer et que les personnes qui ont besoin de protection internationale puissent demander l’asile. On a une expérience très particulière qui est celle de la situation des réfugiés en Libye », dit-elle.

Depuis décembre et la vidéo de CNN montrant des migrants réduits en esclavage en Libye, « un certain nombre de réfugiés, de demandeurs d’asile - notamment des Erythréens et des Somaliens -, ont été évacués vers le Niger, avec l’idée que leurs demandes d’asile seront examinées sur place », explique-t-elle.

Or, « en réalité, les personnes ont été transférées au Niger et elles attendent toujours. Très peu de personnes ont maintenant pu se rendre dans un pays d’accueil », constate la conseillère en affaires humanitaires de MSF, qui regrette que ces centres soient souvent « une façon de parquer les personnes ».

Le problème ? « L'obligation d'examiner les demandes d’asile n’est pas du tout prise au sérieux ». « Mais à voir ; on est prêts à entendre parler des différentes propositions, dès lors qu’il ne s’agit pas de trouver des subterfuges pour échapper à ces obligations internationales. »

Mais MSF, pour l'heure, perd patience : « Alors que nous ne sommes pas en mer, qui procède aux opérations de sauvetage ? », demande Hassiba Hadj Sahraoui. « On sait que d’autres personnes sont mortes depuis nos opérations de sauvetage le week-end dernier », fait-elle remarquer...

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.