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Russie / Ukraine

Russie: un journaliste ukrainien condamné à 12 ans de prison pour «espionnage»

Le journaliste ukrainien Roman Souchtchenko a été condamné à douze ans de colonie pénitentiaire pour « espionnage » par la justice russe alors que l’accusation en réclamait quatorze. Ce verdict pourrait impliquer un échange de prisonniers entre Kiev et Moscou, a fait savoir la défense du condamné. L'Ukraine considère M. Souchtchenko comme un prisonnier politique.

Le journaliste ukrainien Roman Souchtchenko, condamné à douze ans de prison le 4 juin 2018 à Moscou, en Russie.
Le journaliste ukrainien Roman Souchtchenko, condamné à douze ans de prison le 4 juin 2018 à Moscou, en Russie. Vasily MAXIMOV / AFP
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Ses dénégations n’auront servi à rien. Au terme d’un procès à huis clos - les autorités russes estimant la nature des informations débattues hautement confidentielle -, le correspondant permanent de l’agence de presse ukrainienne Ukrinform à Paris a été condamné à douze ans de colonie pénitentiaire pour espionnage, lundi 4 juin 2018 à Moscou. « Je ferai bien entendu appel de cette décision », a déclaré Roman Souchtchenko après le verdict.

Détenu depuis décembre 2016, l'intéressé avait été arrêté à son arrivée à Moscou à cette époque pour avoir rassemblé à dessein des informations confidentielles sur les activités des forces armées et de la garde nationale russe. Il a depuis toujours clamé son innocence, niant appartenir aux services secrets ukrainiens comme l’affirment les autorités russes.

L'annonce de la peine intervient une semaine après la reconnaissance de sa culpabilité, un délai plutôt court pour son avocat. Cela pourrait vouloir dire que Moscou cherche à faire un échange avec Kiev, relate notre correspondant dans la capitale russe, Jean-Didier Revoin. Début mai, Kyrylo Vychynski, rédacteur en chef du bureau de l’agence publique russe Ria Novosti à Kiev, avait lui aussi été arrêté, accusé par la justice ukrainienne de « haute trahison ».

Petro Porochenko dénonce « le cynisme sans précédent du tribunal russe »

L'Ukraine dénonce l'affaire comme une manipulation, et considère Roman Soushchenko comme un prisonnier politique. Dès l'annonce du verdict, le président ukrainien a exprimé son indignation sur Twitter : « Le cynisme sans précédent du tribunal russe prouve que le régime du Kremlin ne reculera devant rien pour tenter d'anéantir l'âme de l'Ukraine. »

Colère partagée en Ukraine, tant la peine de Roman Soushchenko paraît injustifiée, explique notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert. Les autorités et défenseurs des droits de l'homme dénoncent une machination, un procès sans preuve tenu au secret, dans la droite ligne de nombreux procès politisés. En tout, on compte plus de 70 prisonniers politiques et de guerre ukrainiens en Russie. Le plus célèbre, le réalisateur Oleh Sentsov, en est à 23e jour de grève de la faim.

L'Ukraine retient aussi plusieurs dizaines de citoyens russes, arrêtés dans la guerre dans l'est du pays. Autant de symboles du climat de conflit qui perdure entre Moscou et Kiev. Les médiateurs internationaux sont sollicités pour faciliter un éventuel échange de prisonniers. Pour l'heure, Roman Sochtchenko n'échappera visiblement pas à la colonie pénitentiaire.

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