Allemagne: Recep Erdogan devra continuer à composer avec Angela Merkel
Ces élections allemandes étaient suivies de très près en Turquie où le président, Recep Tayyip Erdogan, s’est impliqué de manière inédite dans la campagne.
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Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Recep Tayyip Erdogan est allé très loin puisque, pour la première fois, il avait donné une consigne aux quelque trois millions de Turcs vivant en Allemagne, dont environ 1,2 million ont le droit de vote. Lui qui ne cesse d’accuser les Européens d’ingérence dans sa politique avait appelé ses compatriotes à ne voter ni pour le parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel, ni pour les sociaux-démocrates, ni pour les écologistes.
Pure provocation, évidemment. Recep Tayyip Erdogan sait très bien qu’il n’a pas les moyens d’influencer le résultat d’une élection allemande. Et il s’attendait – comme tout le monde – à une victoire d’Angela Merkel.
En fait, le président turc n’a pas digéré l’appel de la chancelière, pendant la campagne, à arrêter les négociations d’adhésion d’Ankara à l’Union européenne, et ses critiques récurrentes sur la situation des droits de l’homme en Turquie. Il l’accuse d’avoir soutenu le camp du non au référendum d’avril sur la réforme instaurant un régime présidentiel. Il l’accuse aussi d’héberger des « terroristes » en Allemagne – qu’il s’agisse de sympathisants du Parti des travailleurs du Kurdistan (le PKK).
Recep Tayyip Erdogan compare souvent les gouvernements européens qui lui semblent hostiles, comme celui d’Angela Merkel, aux nazis et aux fascistes. Il leur reproche d’attiser l’islamophobie et la turcophobie à des fins électorales, au risque de faire grimper l’extrême droite.
Si le président turc se permet ces provocations, c’est qu’il sait qu’il reste un interlocuteur incontournable pour les Européens, et notamment pour Angela Merkel. Incontournable sur la question des réfugiés, mais aussi sur celle des ressortissants allemands emprisonnés en Turquie – ils sont une dizaine, dont des journalistes. Un récent décret donne d’ailleurs au chef de l’État – et non plus à un juge – le pouvoir d’approuver l’extradition d’un étranger incarcéré en Turquie. Chantage et provocations : Angela Merkel, qui côtoie Recep Tayyip Erdogan depuis douze ans, sait donc à quoi s’attendre dans les prochaines années.
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