Accéder au contenu principal
Ukraine

Ukraine: retour en force de l'opposant apatride Mikheïl Saakachvili

C'est un feuilleton à rebondissements en Ukraine. Dimanche 10 septembre, l'ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili a forcé le passage pour rentrer en Ukraine à partir de la Pologne. Le chef de l'Etat Petro Porochenko lui avait retiré sa citoyenneté ukrainienne fin juillet. Mikheïl Saakachvili avait déjà perdu sa nationalité géorgienne. Il veut se rendre à Kiev pour défendre ses droits et se réinsérer dans la politique. Son retour ouvre une période d'incertitude.

L'ex-président géorgien et opposant ukrainien Mikheïl Saakachvili (centre), accompagné de l'opposante ukrainienne Ioulia Tymoshenko, à son retour dans le pays, le 10 septembre 2017.
L'ex-président géorgien et opposant ukrainien Mikheïl Saakachvili (centre), accompagné de l'opposante ukrainienne Ioulia Tymoshenko, à son retour dans le pays, le 10 septembre 2017. REUTERS/Valentyn Ogirenko
Publicité

Avec notre envoyé spécial à la frontière ukraino-polonaise,  Sébastien Gobert

Réussir à franchir la frontière de son pays d'adoption. Telle était la grande difficulté de l'opération de communication lancée par l'apatride Mikheïl Saakachvili, revenu de son exil new-yorkais pour atterrir en Pologne ces derniers temps.

L'ancien président géorgien avait annoncé vouloir rentrer en Ukraine le 10 septembre dernier, mouvement qu'il avait rendu public depuis la Pologne, dénonçant la décision du président ukrainien Petro Porochenko de lui retirer sa citoyenneté. Ce qu'il considère comme une sorte de vengeance politique.

Retour en arrière : en 2013, après dix ans au pouvoir, Mikheïl Saakachvili quitte la présidence géorgienne. Deux ans plus tard, en 2015, il obtient la nationalité ukrainienne, ce qui lui fait perdre la géorgienne. Puis il rafle le poste de gouverneur de l'oblast d'Odessa.

Mais l'année suivante, il démissionne, fonde un parti politique, et se retrouve finalement déchu de sa nationalité ukrainienne, ce qui le rend apatride. Une histoire hors norme pour un ancien chef d'Etat.

Dimanche, M. Saakachvili a invité des personnalités politiques et une dizaine de journalistes pour sa tentative. Sauf que son cortège de bus n’a même pas essayé de passer le poste-frontière routier, quadrillé par des militaires ukrainiens.

L'opposant et son cortège se sont alors rabattus sur le train. Mais après plusieurs heures d'attente, c'est dans des hurlements et des slogans enthousiastes que des centaines de ses sympathisants ont envahi le poste-frontière, se ruant sur les douaniers ukrainiens sous les regards médusés de leurs homologues polonais.

Et d'emporter leur héros avec eux. Un retour en Ukraine digne d'une scène de cinéma, et qui pourrait faire de lui le principal opposant à Petro Porochenko. « Je ne comprends pas pourquoi, mais on dirait que Porochenko a plus peur de moi que de Poutine », a-t-il lancé.

Accueil triomphal

Le parti ukrainien de Mikheïl Saakachvili représente seulement 2 % des intentions de vote. Mais les autorités ukrainiennes ont subi un revers en gérant la situation avec des manigances et des mensonges.

Elles menacent les organisateurs de l'assaut du poste-frontière de poursuites judiciaires, mais ne savent toujours pas quoi faire de M. Saakachvili. Il a connu un accueil triomphal dans l'ouest de l'Ukraine, et doit bientôt remonter à Kiev. Avec, à chaque kilomètre, le risque d'une escalade des tensions.

Moustafa Nayyem, député réformateur à Kiev, accompagnait l'ancien président géorgien dimanche. Pour lui, l'affaire dépasse le simple cadre personnel. « Si on ne réagit pas maintenant, alors le pouvoir se sentira libre de réprimer chaque citoyen, chaque opposant, quiconque exprime son opinion » selon lui.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.