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Russie / médias

«Conversations avec Monsieur Poutine»: le film d'Oliver Stone vu de Moscou

Les deux premières parties du film «Conversations avec Monsieur Poutine» du cinéaste américain Oliver Stone ont été diffusées ce lundi soir à la télévision française. Le film qui a été acheté par une dizaine de pays a déjà été diffusé aux Etats-Unis et en Russie. Mais en Russie, ce film, très complaisant, n'avait rien d'extraordinaire.

Capture d'écran de la bande-annonce de «Conversations avec Monsieur Poutine», d'Oliver Stone.
Capture d'écran de la bande-annonce de «Conversations avec Monsieur Poutine», d'Oliver Stone. https://www.youtube.com/watch?v=BrBoj760aD8
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En Russie, le film d'Oliver Stone a été diffusé sur la première chaîne, la plus populaire du pays, entre le 19 et le 22 juin, à une heure de grande écoute. La chaîne en avait fait une large publicité, et le premier épisode a été suivi par 6,46 millions de spectateurs. Mais l'audience a baissé chaque jour, et ils n'étaient plus que 5 millions pour le dernier épisode, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne.

Comme le note le politologue Alexandre Baunov, ce film n'était pas destiné au public russe, auquel il n'apprend rien. « C'est la ligne directe avec les médias américains », estime-t-il, en faisant référence à l'émission annuelle de Vladimir Poutine de questions-réponses avec les téléspectateurs russes. Et pour le président russe, parler à Oliver Stone qui se spécialise dans les interviews d'hommes politiques qui se veulent hors de l'establishment, c'est très confortable.

Pour Tatiana Stanovaya, également politologue, c'est surtout Oliver Stone qui donne sa vision du monde, tandis que sa collègue Ekaterina Schulmann assassine le film. « Ni auteur, ni image, rien ! » dit-elle.

La télévision indépendante TV Rain a choisi de le faire commenter par un jeune sportif qui ne mâche pas ses mots. Il ne croit pas Poutine quand il explique que les pays n'ont rien à craindre en Russie. Il ne le croit pas non plus quand il dit que les services de renseignement n'enquêtent que sur décision de la justice « Aux Etats-Unis, tu es surveillé, mais tu peux dire ce que tu veux. Ici tu ne peux rien dire ! Et si tu as un avis, tu fais partie des 2 % de merdeux », persifle-t-il, faisant allusion aux propos d'un journaliste à propos des manifestants anticorruption. Mais ce qu'il l'a le plus frappé, c'est que Oliver Stone appelle Poutine le nouveau tsar. « Ah ça, ça lui plaît quand on l'appelle le tsar ! »

Une certaine fascination dont il ne se cache pas

C’est le résultat de 12 entretiens avec le président russe Vladimir Poutine qui a commencé à être diffusé ce lundi soir sur la chaîne de télévision France 3. De ces interviews filmées entre juillet 2015 et février 2017, Oliver Stone a réalisé quatre épisodes d’une heure chacun qui n’offrent aucune révélation et qui traitent le maître du Kremlin avec une relative bienveillance.

Car le metteur en scène de 70 ans, trois fois oscarisé, aime les personnages atypiques, hauts en couleur, à l’allure et la réputation de durs et de méchants. Il a réalisé des entretiens avec Fidel Castro, Hugo Chavez ou Richard Nixon.

D’entrée, il apparaît que Vladimir Poutine exerce sur lui une certaine fascination dont il ne se cache pas. « Vous êtes un excellent directeur général d’entreprise », déclare le réalisateur à son interlocuteur, sans la moindre ironie ou distance apparente. « La Russie est votre entreprise ».

Il finit ainsi par laisser le président russe prendre le contrôle des entretiens où Vladimir Poutine s’inquiète de ce qu’il considère comme des velléités militaires américaines en Europe de l’Est. « Nous essayons de détruire cet équilibre » des forces en présence qui a permis d’éviter un conflit depuis l’après-guerre, affirme-t-il. « Et c’est une grande erreur ».

Par cette série d’entretiens, Olivier Stone a expliqué à la télévision publique australienne avoir voulu rompre avec « l’image orientée politiquement et idéologiquement » de Vladimir Poutine. « Vous devez écouter et juger par vous-même », a-t-il insisté.

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