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Bruxelles / Sommet Otan

Sommet de l'Otan: la lutte antiterroriste au menu pour Trump et Macron

Ce jeudi 25 mai, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) réunit les chefs d’Etat et de gouvernement de ses 28 pays membres à Bruxelles. Ce sera une première pour Emmanuel Macron mais aussi pour Donald Trump. Le président américain arrive devant ses pairs, alors que tous ont encore en tête ses déclarations tonitruantes et parfois contradictoires sur l’Otan et alors qu'une série de scandales sur une supposée collusion entre l’entourage de Donald Trump et la Russie lors des élections américaines en 2016 ne rassure guère ses alliés de l'Alliance atlantique.

Des troupes américaines de l'Otan sautent en parachute lors de l'opération «Anaconda», exercice militaire de grande ampleur effectué en Pologne dans le cadre du soutien aux pays baltes.
Des troupes américaines de l'Otan sautent en parachute lors de l'opération «Anaconda», exercice militaire de grande ampleur effectué en Pologne dans le cadre du soutien aux pays baltes. JANEK SKARZYNSKI / AFP
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Avec notre envoyée spéciale à Bruxelles,

« L’Otan est obsolète ». Cette phrase, répétée sans cesse par Donald Trump durant sa campagne électorale de 2016, trottera probablement dans la tête de plus d’un des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Otan quand ils se prêteront aux poignées de mains d’usage avec le nouveau président américain, ce jeudi à Bruxelles.

C’est une tradition au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord d’organiser une « réunion spéciale » après une élection présidentielle aux Etats-Unis afin de permettre au nouveau locataire de la Maison Blanche de faire la connaissance de ses homologues. Mais rarement une telle première rencontre a été tant attendue - et tant crainte par certains - que ce premier face-à-face avec Donald Trump.

Car, même si le président Trump est revenu sur sa position initiale en ce qui concerne l’Alliance atlantique, en déclarant en avril dernier que finalement « l’Otan n’est plus obsolète », le malaise au sein des alliés reste tangible.

« Pour Donald Trump tout fait partie d’un deal »

Les déclarations de Donald Trump et sa position vis-à-vis de l’Otan « sont marquées par un manque de compétence et beaucoup d’impatience », fait remarquer Jorge Benitez, membre de l’Atlantic Council, un think tank basé à Washington. « Le président américain a une vision essentiellement transactionnelle du monde », explique de son côté François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la Recherche stratégique, « tout fait partie d’un deal ».

Et justement, en ce qui concerne l'Otan, le deal n'est pas bon, constate Donald Trump. Le président estime notamment que l'Alliance devrait faire plus en matière de lutte contre le terrorisme. Trois jours après l'attentat de Manchester, ce sujet devrait dominer la réunion de Bruxelles.

Manifestation contre le sommet de l'Otan à Bruxelles, le 24 mai 2017.
Manifestation contre le sommet de l'Otan à Bruxelles, le 24 mai 2017. REUTERS/Kai Pfaffenbach

La lutte antiterroriste et le partage du fardeau financier

« L'administration Trump demande deux choses en particulier: d'abord elle demande que nos alliés augmentent le nombre de troupes déployées en Afghanistan », rapporte Jorge Benitez. « Et, deuxièmement, les Etats-Unis voudraient que l'Otan rejoigne formellement la coalition contre le groupe Etat islamique. Tous les Etats membres font déjà partie de cette coalition. Mais l'administration voudrait que l'alliance elle-même rejoigne la coalition. Certains membres de l'Otan n'y sont pas favorables. Donc sur ce point les négociations continuent ».

Donald Trump mettra également le doigt sur un vieux problème déjà soulevé par ses prédécesseurs : les Etats-Unis assument seuls près de 70% du budget de défense de l'Otan. Le président américain réclame que ses alliés dépensent au moins 2% de leur PIB pour la Défense. Un objectif que s'étaient d'ailleurs fixés les 28 membres en 2014. Mais seuls cinq pays y sont parvenus. Injuste, estime Donald Trump qui, dans des interviews à des médias américains, était allé jusqu’à mettre en question la solidarité des Etats-Unis en cas d’attaque d’un pays de l’Alliance atlantique (le fameux article 5) si le pays concerné ne paye pas sa juste part pour le budget otanien. Le partage du fardeau financier sera donc l'une des priorités de Donald Trump à Bruxelles.

« Il y aura vraisemblablement des pressions médiatiquement fortes du président Trump », prédit le spécialiste François Heisbourg. « Et il y aura un acquiescement médiatiquement affirmé de la part des Etats membres de l'Otan, puisque c'est un engagement qu'ils ont déjà pris il y a trois ans. Dans la pratique je ne suis pas sûr que cela changera grand-chose à grand-chose. »

Des soldats allemands lors d'un exercice de l'Otan en Lituanie, le 17 mai 2017.
Des soldats allemands lors d'un exercice de l'Otan en Lituanie, le 17 mai 2017. REUTERS/Ints Kalnins

La confiance des alliés ébranlée

Tous les analystes s’accordent pour dire qu’on n’attend pas de décisions stratégiques ou politiques majeures à l’issue de cette réunion de l’Otan qui devra avant tout permettre aux chefs d’Etat et de gouvernement une première prise de contact avec des nouveaux venus. Or, c'est précisément cette prise de contact avec Donald Trump qui suscite la nervosité de ses homologues.

« Le président sera déçu que la plupart des alliés n'atteindront pas tout de suite l'objectif des 2% du PIB pour le budget de la défense », croit savoir Jorge Benitez. « Cela pourrait le pousser à faire des déclarations provocatrices. Dès qu'il parle librement ou qu'il commence à tweeter, sa communication devient hostile. Cela risque de nuire aux relations avec nos alliés. Et si la meilleure chose que le président américain trouve à dire sur l'Otan est que celle-ci n'est plus obsolète, je crois que nous avons un problème. »

Si, dans l’entourage du président on s’attend à ce que celui-ci réaffirmera ce jeudi à Bruxelles l’engagement sans faille des Etats-Unis au sein de l’Otan, les alliés auront du mal à retrouver la confiance ébranlée par les prises de positions irresponsables du président Donald Trump, souligne aussi François Heisbourg : « A partir du moment où vous avez dit que l'alliance était conditionnelle, même si après vous dites qu'elle est inconditionnelle, vous avez créé une situation nouvelle rien qu'en disant ça. Il y a des mots qui créent des faits. Et le fait est que chaque Etat membre de l'Alliance atlantique est désormais obligé de se poser la question de la pérennité et de la nature de la relation avec les Etats-Unis. Donc quel que soit le déroulement de ce sommet, je pense que les uns et les autres se sépareront aussi inquiets après la réunion qu'avant. »

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