[Reportage] En Serbie, le mouvement anti-Vucic s'organise
Depuis trois jours, les protestations contre le régime d’Aleksandar Vucic, le Premier ministre qui vient de remporter la présidentielle, ne cessent d’attirer du monde. Reportage dans la capitale serbe.
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Avec notre correspondant à Belgrade,Laurent Rouy
Mercredi, les manifestations avaient lieu dans une dizaine de villes de province et à Belgrade, où environ 3 000 manifestants, surtout des étudiants, se sont rassemblés, comme Ana, 22 ans : « On proteste contre le régime de Vucic. Il n’a donné qu’un sandwich et 1000 dinars [moins de 10 euros] au peuple. C’est le prix qu’il pensait payer pour acheter leur bulletin de vote. En Serbie, il n’y a pas de politique culturelle, le système éducatif s’effondre, le système de santé est dans un état lamentable. La seule chance pour les jeunes, c’est l’émigration. »
Le mouvement s’organise spontanément sur les réseaux sociaux et non pas à l’initiative d’un parti, même si les médias proches du pouvoir suggèrent que les perdants de l’élection manipulent les jeunes.
En marge des manifestations, beaucoup de curieux, qui même s’ils soutiennent les jeunes, ne se joignent pas au cortège, comme ce Belgradois de 47 ans : « Moi j’ai fait les manifs des années 1990 et nos droits à l’époque, on les a arrachés dans la rue. On a renversé Milosevic. Les jeunes ont toujours été ceux qui protestent, qui manifestent. C’est à eux de se battre pour une vie meilleure. »
Revendications
Les deux premiers jours, les banderoles des manifestants affichaient « non » à la dictature, ou lançaient des insultes au vainqueur de la présidentielle, Aleksandar Vucic, mais en ce troisième jour les revendications s’organisent : les protestataires demandent le renvoi des membres de la Commission électorale, la démission du rédacteur en chef de la télévision d’Etat et un nouveau gouvernement.
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