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Pays-Bas

Victoire contre l'extrême droite: quel gouvernement pour les Pays-Bas?

Mark Rutte pourrait rempiler pour un troisième mandat à la tête des Pays-Bas. Le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) du Premier ministre néerlandais a remporté les élections législatives, mercredi 15 mars 2017, renvoyant le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders dans les cordes. Les consultations pour former une majorité s'engagent ce jeudi. Sur qui Mark Rutte peut-il compter ?

Mark Rutte, le 15 mars 2017 à La Haye.
Mark Rutte, le 15 mars 2017 à La Haye. REUTERS/Michael Kooren
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Les derniers résultats du scrutin donnent à la formation du Premier ministre sortant 32 sièges sur 150 au sein de la Chambre basse du Parlement, soit une dizaine de moins que dans la précédente Assemblée. L'extrême droite gagne quatre sièges supplémentaires. Mais on est loin du raz-de-marée que certains annonçaient. En fait, trois partis arrivent à égalité avec 19 ou 20 sièges, dont le PVV eurosceptique et anti-islam de Geert Wilders.

Le taux de participation des législatives néerlandaises du 15 mars s'élève à 81 %, une première depuis 30 ans. Le chef du gouvernement, le libéral Mark Rutte, a surtout insisté sur son duel avec Geert Wilders : « Les Pays-Bas ont dit stop au populisme de mauvais aloi », a-t-il dit. Satisfaction d'ailleurs partagée en Europe, puisque l'Allemagne, la France et la Commission européenne se sont réjouis de sa victoire contre l'extrémisme, relate notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet.

Rubert Van Doren, membre du VVD depuis un an, a fait campagne à Amsterdam pour le parti du Premier ministre. Il est ravi du résultat, qu'il n'attendait pas aussi haut. « Les gens craignaient un peu que Wilders ne devienne le Trump néerlandais. Je pense aussi que la crise avec la Turquie le week-end dernier a joué : Mark Rutte a montré ses capacités de dirigeant, en ne s'excusant pas mais en plaidant pour la désescalade. Et Wilders a fait ce qu'il fait toujours : il n'est pas constructif et il ne propose pas de solution », explique-t-il.

Il y a quelques mois, les sondages prédisaient au PVV une trentaine de sièges. Il s'est effondré, notamment dans les derniers jours, et se retrouve au niveau des sociaux libéraux du D66 et des chrétiens démocrates. M. Wilders s'est dit prêt à co-gouverner. Sauf que tous les partis ont promis : pas d’alliance avec l’islamophobe peroxydé - qui a quand même réussi à faire passer certains de ses idées dans leurs programmes, ce qui reste une victoire.

« Bon, ce ne sont pas les 30 sièges que j'avais espérés. J'aurais préféré en avoir 30 et que Mark Rutte et les libéraux du VVD en aient 20, on aurait eu plus de poids. Mais nous faisons partie des vainqueurs, nous avons gagné quatre sièges et je vous garantis que le printemps patriotique va de l'avant. Nous avons vu, je crois, ces derniers temps dans la campagne, que beaucoup de partis ont essayé d'adopter certaines de nos positions même s'ils ne vont pas les mettre en œuvre. Je crois que notre influence est devenue importante », a déclaré Geert Wilders.

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Pas de coalition avec le PVV

Pour l’instant, en vue de former un gouvernement, M. Rutte peut compter essentiellement sur des partis qui ne sont pas de son bord politique, dans le peloton des formations parvenues aux alentours de la vingtaine de sièges. Mais il confirme que le PVV ne sera ni consulté, ni approché pour la construction d’une coalition. Aucun parti, en surtout pas le VVD, ne veut gouverner avec Geert Wilders, hormis des partis plutôt minoritaires situés aux franges de l’électorat.

Le peloton central est essentiellement composé de partis de gauche ou de centre gauche : les chrétiens démocrates, les démocrates, les socialistes - c’est-à-dire l’extrême gauche aux Pays-Bas -, alors que les travaillistes (PVDA) s’effondrent. C’est peut-être là qu’il faudra chercher la nouvelle coalition. Mais pour l'heure, il n’y a donc pas de garantie pour que Mark Rutte, malgré son score, parvienne à s'imposer comme le prochain Premier ministre. Il doit encore négocier cette coalition à venir.

En effet, pour la gauche, former une coalition avec le Premier ministre est risqué. Ses alliés du PVDA ne l’ont pas empêché de mener sa politique de rigueur, ils le paient avec une perte abyssale de 29 sièges. A l’opposé, le grand gagnant de la soirée, le parti Gauche verte, quadruple ses sièges : 16 députés, grâce à son jeune chef Jesse Feras Klaver, 30 ans. Entrée aussi à l’Assemblée de deux nouveaux partis : Denk, créé par les migrants pour les migrants, et le Forum de la démocratie, extrême droite (un ancien du PVV).

Pour le Premier ministre Mark Rutte, à première vue, une alliance avec les chrétiens démocrates et les sociaux libréaux tombe sous le sens. Mais il manque encore des sièges pour parvenir à une majorité. Peut-être faudra-t-il se tourner vers les partis chrétiens ou les écologistes pour dégager une coalition. Quoi qu'il en soit, les Pays-Bas en ont désormais pour au moins trois mois de tractations, explique notre envoyé spécial à Amsterdam, Christophe Paget.

« Pour ce qui est de la future coalition, j'espère que ce sera le VVD, les chrétiens démocrates, les sociaux libéraux du D66... Je crois qu'il nous manquerait encore quelques sièges, alors je prendrais le Forum pour la démocratie. C'est vrai qu'ils sont du même bord que Wilders, populistes, nationalistes, mais je les considère comme un parti libéral classique, et c'est mieux pour le VVD. Mieux que les Verts, par exemple, qui sont un peu trop à gauche. Cela deviendrait difficile pour gouverner », confie Rubert Van Doren, du VVD.

Revue de presse

Les Unes de tous les journaux néerlandais affichent ce jeudi le large sourire du Premier ministre sortant. « La fête de Rutte », titre le Haarlems Dagblad, revenant sur le score plus qu’honorable de son parti libéral. « Et de trois », annonce le Telegraaf, soulignant cette série de trois législatives de suite où les libéraux du VVD arrivent en tête.

Le score est supérieur aux attentes pour le Algemeen Dagblad, qui titre « Rutte malgré tout ». Car on s’attendait à ce que Mark Rutte paie beaucoup plus dans les urnes le prix de sa politique d’austérité. Le Financieel Dagblad tempère : oui, le VVD est premier, mais tout de même en net recul puisqu'il perd près d’un tiers de ses sièges à la Chambre.

Le quotidien financier revient sur le grand perdant, le Parti travailliste, qui paie très cher sa participation au gouvernement sortant. Le Volkskrant affirme que M. Rutte éloigne les populistes. Sa victoire le place loin devant Geert Wilders, qui perd son pari de devenir le premier parti des Pays-Bas.

« Rutte peut continuer, mais avec qui ? », demande en Une le NRC Handelsblad. Car toute la question est maintenant de savoir quelle sera la prochaine coalition. Le quotidien Trouw estime avoir la réponse et voit de grandes chances pour une coalition de droite.

Pierre Benazet

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