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Finlande

Réussir le pari de l’agriculture durable: le modèle finlandais

Les Finlandais aiment leur agriculture et vantent ses atouts. Les conditions climatiques sont très difficiles dans ce pays et plus des trois quarts de sa superficie sont couverts par les forêts. Ajoutez quelque 188 000 lacs que compte la Finlande, il ne reste que 7% de terres arables à cultiver. Mais ce sont justement ces rudes conditions naturelles qui ont incité les Finlandais à mettre en place très tôt une recherche agricole très poussée. Et aujourd’hui, ils sont en train de mettre en place un modèle de développement durable respectueux de l'environnement.

Le café rural finlandais, lieu d'accueil et d'échange d'idées sur l'agriculture durable. Ici, la ferme de Knehtilä.
Le café rural finlandais, lieu d'accueil et d'échange d'idées sur l'agriculture durable. Ici, la ferme de Knehtilä. Agnieszka Kumor/RFI
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La recherche, avec à sa tête l’Université d’Helsinki, a permis d’augmenter la productivité des fermes finlandaises. Dans les années 1970, avec la progression du changement climatique, le pays a commencé à réfléchir à comment l’agriculture pourrait s’inscrire dans l’environnement sans trop le détruire. Et ce dans le contexte de l’économie du marché, qui n’a pas été tendre avec les agriculteurs finlandais.

Le choc de l’adhésion au marché unique

La Finlande a difficilement vécu son adhésion à l’Union européenne, en 1995. C’était un vrai choc pour les agriculteurs, qui n’étaient pas du tout préparés à perdre du jour au lendemain les subventions nationales (très élevées à l’époque) et à se voir exposés aux lois du marché. Durant les 21 ans qui se sont écoulés depuis cette époque-là, le nombre d’exploitations a été divisé par deux.

Il y a environ 54 000 fermes actuellement en Finlande, l’âge moyen des agriculteurs est de 50 ans (comme ailleurs en Europe), mais la surface moyenne des exploitations est de 42 ha. Finalement, bon an mal an, le pays a trouvé son modèle d’entreprise agricole familiale avec un tiers d’exploitations qui se sont diversifiées dans d’autres activités pour augmenter leurs revenus. Le secteur pèse pour 7 milliards d’euros dans l’économie finlandaise, et génère 2,8 % du PIB du pays. C'est moins que la Pologne (3,3 %), mais plus que la France (1,6 %). Toutefois, le plus gros problème persistant c’est le manque de compétitivité de ces fermes familiales. Le manque de profit guette les agriculteurs.

« Les antibiotiques, c'est pas automatique ! »

Pourtant l’agriculture finlandaise ne manque pas d’atouts. « Notre production laitière est restée extensive. C’est un mode d’élevage qui ne maximise pas la productivité à court terme, qui utilise des pâturages et qui est bénéfique pour l’environnement », rappelle Heikki Lehtonen, professeur à l'Institut finlandais de ressources naturelles. La viande bovine, le porc ou la volaille sont dépourvus d’antibiotiques, on les donne uniquement en cas de maladie.

Le maintien des pâturages temporaires est une idée pour laquelle se bat Liisa Pietola, responsable de l'environnement et de la bioénergie au sein de la puissante Fédération des producteurs agricoles et propriétaires forestiers, le MTK. Cette agronome de profession reste sceptique quant au critère de la Politique agricole commune (PAC) qui prône la protection systématique des prairies ou des pâturages permanents en Europe.

« Chez nous, c’est une tradition millénaire de changer de prairie régulièrement. Les sabots des animaux tassent les sols, ils doivent être régénérés. Certains procèdent par la rotation des cultures en remplaçant, par exemple, l’herbe par les oléagineux », estime-t-elle. Avec le réchauffement climatique, les sols sont gorgés d’eau. Il faut les drainer, apporter de la matière organique, corriger l’acidité ou encore diversifier les cultures pour accroître la biodiversité. Voici les gros défis qui attendent les agriculteurs finlandais.

Est-ce que le modèle durable pourrait aider ces producteurs à vivre de leur travail ? C’est en tout cas l’objectif que se donne la Fédération des producteurs agricoles et propriétaires forestiers, le MTK qui réunit 400 000 membres. Ce qui est intéressant à noter c’est que les nombreux acteurs de la filière s’efforcent à travailler ensemble en Finlande : les agriculteurs, les chercheurs ou encore les experts de ProAgria, spécialiste du management, du consulting et de la formation continue du monde agricole en Finlande.

La réponse finlandaise

Le modèle de ferme durable baptisé « la symbiose agroécologique », une première dans le pays, a vu le jour et bénéficie déjà du soutien de l’Université d’Helsinki et du ministère de l’Agriculture et de l’environnement finlandais. Le soutien de l’Institut national de ressources naturelles (Luke) a aussi été décisif. Le 1er juillet dernier, le coordinateur du projet, Kari Koppelmäki, est allé présenter ce projet lors d’un séminaire sur l’économie verte organisé à Bruxelles.

Ce séminaire entre dans le cadre d’un travail de réflexion sur le thème de la transition vers l’économie verte. Il s’agit de partager les expériences et donner des réponses concrètes pour mettre en place des programmes d’aides au développement rural qui représente l'un des volets de la Politique agricole commune (PAC) de l'Union européenne. Tout cela afin de permettre aux agriculteurs de bénéficier de manière la plus large possible des opportunités que donne la transition vers ce type d’économie. Outre le finlandais, quelques autres projets sont actuellement à l’étude, notamment en Suède, au Pays de Galles, en Belgique, en Italie et en Roumanie.

Selon Kari Koppelmäki, ce qui préoccupe le monde agricole ce sont ces deux questions cruciales : où trouver les sources de financement pour ce genre de projets, mais aussi comment faire pour que le modèle dans son fonctionnement soit rentable. Le coordinateur du modèle finlandais reste réaliste : « On ne bâtira pas l’agriculture durable en très peu de temps. Il faut changer les mentalités. Et pour cela il faut s’armer de beaucoup patience et de persuasion », estime-t-il.

L’agriculture ne sera jamais parfaitement non polluante. Mais il faut s’en approcher. Selon Liisa Pietola du MTK : « C’est le modèle durable qui paraît le plus adapté pour répondre à cette question. A condition qu’il repose sur ces trois piliers : l’environnemental, le social et l’économique ». Mais pour le moment, en Finlande ce dernier pilier manque cruellement…

 Avec le soutien de l'Union européenne / Direction générale de l'Agriculture et du Développement rural de la Commission européenne.

 

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