Russie: l'ONG des droits de l'homme Agora risque la dissolution
En Russie, pour la première fois depuis la promulgation de la loi sur les agents étrangers, une ONG risque d'être dissoute suite à la décision d'une Cour suprême. En effet, à la demande du ministère de l'Intérieur, la Cour suprême du Tatarstan, région où l'ONG a son siège, a ordonné la dissolution de l'organisation de défense des droits de l'homme Agora, sur l'ensemble du territoire de la Russie. L'ONG va faire appel.
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Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Agora est une association de juristes et d'avocats, très engagée dans les procès à connotation politique, comme celui des activistes de Bolotnaya, des Poussy Riots, ou plus récemment du cinéaste Oleg Sentsov ou de l'artiste Petr Pavlenski.
Agora existe depuis 2005. En 2013, les autorités lui ont ordonné de s'enregistrer comme agent de l'étranger et en juillet 2014, l'inscription a été effectuée d'autorité par le ministère de la Justice.
D'après l'ONG, le ministère lui reprocherait d'essayer d'influencer l'opinion publique et la politique de l'Etat. Ces activités, qualifiées par les autorités de « politiques », auraient été décelées dans les interviews données par les dirigeants de l'association, et dans les conseils dispensés lors des séminaires de formation des juristes organisés par l'association.
Cette décision intervient le jour même où le conseil pour les droits de l'homme auprès du président critique sévèrement un projet d'amendement définissant ce qu'est une activité politique. Le conseil note que la définition proposée par le gouvernement, au lieu de préciser et de restreindre la qualification d'agent de l'étranger, au contraire, élargit le champs d'application de cette loi à quasiment toutes les activités. Le conseil demande au gouvernement de revoir sa copie.
En quatre ans, 116 ONG ont déjà été qualifiées d'agent de l'étranger.
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