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Irlande du Nord

Le débat sur l'IRA provoque une crise politique

Depuis plusieurs jours, la classe politique nord-irlandaise se déchire autour d’une question cruciale : l’Armée républicaine irlandaise est-elle toujours active ? Un débat âpre, au point de menacer l’équilibre fragile du gouvernement régional. Dix-sept ans après les accords de paix du « Good Friday », la confiance semble rompue entre unionistes et républicains.

Cérémonie d'enterrement de Kevin McGuigan, ancien membre de l'IRA, le 18 août dernier.
Cérémonie d'enterrement de Kevin McGuigan, ancien membre de l'IRA, le 18 août dernier. REUTERS/Cathal McNaughton
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Pour comprendre ce qui a provoqué cette crise politique, il faut remonter au 5 mai dernier. C’est à cette date qu’un ancien responsable de l’IRA, Jock Davison, a été abattu de plusieurs balles en pleine rue, à Belfast, alors qu’il se rendait au travail. Le principal suspect, Kevin McGuigan, a à son tour été abattu le 12 août dernier. McGuigan était lui aussi un ancien membre de l’IRA, mais il était tombé en disgrâce au sein de l’organisation paramilitaire. Son assassinat porte clairement la marque d’un règlement de compte. Ce qui est malheureusement assez fréquent à Belfast.

Un assassinat aux implications politiques

On aurait très bien pu en rester là, sans une déclaration lourde de conséquences du chef de la police nord-irlandaise. Ce dernier a en effet affirmé que l’IRA était « toujours active » et que « certains de ses membres pourraient être impliqués dans l’assassinat de McGuigan ». Une déclaration qui pose problème, car l’IRA est supposée avoir disparu depuis 2005, lorsque l’organisation a déposé ses armes. Reconnaître son implication dans un règlement de compte, c’est donc reconnaître son existence.

Les propos du chef de la police nord-irlandaise ont immédiatement ravivé les tensions entre dirigeants unionistes et républicains, qui se partagent le pouvoir dans la région depuis les accords de paix de 1998.

Le Sinn Fein attaqué par les unionistes

Les unionistes en ont profité pour remettre en cause la légitimité du Sinn Fein, ancienne vitrine politique de l’IRA. Certains des plus hauts responsables du parti Républicain sont d’ailleurs des anciens membres de l’organisation paramilitaire, comme Martin McGuinness, le vice-Premier ministre d’Irlande du Nord.

Estimant que la confiance était rompue avec le Sinn Fein, le Parti unioniste d’Ulster a décidé de se retirer du gouvernement. Et le DUP, principal parti unioniste, menace de le faire à son tour.

Le risque désormais est de voir s’écrouler le gouvernement nord-irlandais. Cela fait des mois déjà que la coalition au pouvoir n’arrive pas à s’entendre sur plusieurs sujets, parmi lesquels les parades orangistes, mais aussi une batterie de réformes sociales. On peut voir dans cette dernière crise une manœuvre politique supplémentaire destinée à fragiliser le Sinn Fein avant les élections régionales de l’an prochain.

Car si le Sinn Fein a rajeuni ses cadres afin de changer son image, une fois de plus, son passé trouble remonte à la surface. Son président historique, Gerry Adams, a répété à plusieurs reprises ces derniers jours que l’IRA avait disparu. Selon plusieurs experts, ce ne serait pas tout à fait vrai. L’IRA n’aurait plus de structure militaire comme par le passé, mais elle subsisterait comme organisation criminelle, notamment liée au trafic de drogue.

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