Grèce: Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des Finances

Le vice-ministre des Affaires étrangères et coordinateur dans les négociations avec les créanciers de la Grèce, Euclide Tsakalotos, a été nommé lundi 6 juillet ministre des Finances. Il remplace Yanis Varoufakis qui avait démissionné plus tôt dans la journée.

Réputé discret, Euclide Tsakalotos aura la lourde charge de rétablir la confiance entre la Grèce et ses partenaires. REUTERS/Alkis Konstantinidis

Exit Yanis Varoufakis, voilà Euclide Tsakalotos. Le vice-ministre des Affaires étrangères a été nommé ce lundi ministre des Finances. Pour le Premier ministre Alexis Tsipras, c’est le choix de la continuité. Euclide Tsakalotos avait été nommé fin avril coordinateur de l’équipe grecque des négociations à Bruxelles après l’isolement croissant de Yanis Varoufakis lors des réunions de la zone euro.

C'est aussi le choix de l'apaisement et du dialogue. Réputé calme et discret, le nouveau ministre des Finances est, en apparence,  l’antithèse de son prédécesseur, dont la personnalité souvent jugée excessive avait fini par agacer bon nombre de ses homologues européens. Mais si sur la forme, tout les sépare, les deux hommes partagent les mêmes idées sur l’avenir de la Grèce et les mesures à adopter lors des négociations. Et même si son profil semble plaire aux créanciers, Euclide Tsakalotos, d’inspiration marxiste, est souvent décrit comme un eurosceptique.

Agé de 55 ans, le nouveau ministre des Finances est né à Rotterdam, aux Pays-Bas. Il a étudié l’économie, la philosophie et la science politique à Oxford où il a décroché un doctorat en 1989. C’est ce qui explique son anglais irréprochable. Il a ensuite enseigné un temps à l’Université du Kent avant de rejoindre celle d’Athènes. Député Syriza depuis 2012, il était jusqu’alors en charge des affaires économiques internationales au sein du gouvernement grec.

Rétablir la confiance

Cette fois-ci aux Finances, ce membre de l'aile gauche de Syriza sera seul pour diriger les négociations. Bien que son style soit différent de celui de son prédécesseur, il lui faudra bien plus pour réussir à convaincre les créanciers de changer de cap après le référendum de dimanche qui a montré une claire opposition de la population aux mesures d'austérité, rapporte notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard.

Après avoir prêté serment, il a lui même admis qu'il ne prenait pas cette position au meilleur moment. Mais il a aussi déclaré penser que quelque chose pourrait désormais changer en Europe. Pour Yanis Varoufakis, son successeur et lui ont un diagnostic commun du problème et surtout le même objectif : briser le cycle de récession.

Euclide Tsakalotos participera ce mardi à sa première réunion de l’Eurogroupe. C’est désormais à lui que revient la lourde charge de rétablir la confiance entre la Grèce et ses créanciers. Et la tâche s'annonce compliquée, tant certains représentants, exaspérés par les Grecs, l'attendent au tournant.

Wolfgang Schäuble estime que ce n’est pas une question de personne mais de fond. Encore plus brutal, le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir, considère que le retrait de la Grèce de la monnaie unique est déjà en cours. Selon le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, la victoire du « non » ne rapproche pas l’Europe d’une solution. La solution passe aussi par l’unité retrouvée des Européens sur cette crise grecque. Les deux ténors de l’Eurogroupe, Michel Sapin et son homologue allemand, y travaillent. Ils se sont retrouvés à Varsovie pour préparer la réunion des ministres des Finances.