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Espagne / Centre Pompidou Malaga

Le Centre Pompidou Málaga, première étape d’une conquête mondiale

Déjà mondialement connu, le Centre Pompidou de Paris souhaite se « multiplier » dans le monde entier, grâce à un nouveau concept. Le premier « Centre Pompidou provisoire » ouvre ses portes ce samedi 28 mars à Málaga, en Espagne. Située dans un bâtiment futuriste appelé « Cubo » (cube) qui se trouve au port de la ville andalouse, cette aventure constitue le fer de lance d’un développement international conçu par le président du Centre Pompidou à Paris, Alain Seban. Entretien.

Le Centre Pompidou Málaga ouvre le 28 mars ses portes et servira pour le Centre Pompidou à Paris comme laboratoire et vitrine pour le développement au niveau mondial.
Le Centre Pompidou Málaga ouvre le 28 mars ses portes et servira pour le Centre Pompidou à Paris comme laboratoire et vitrine pour le développement au niveau mondial. DR
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RFI : Le Centre Pompidou provisoire à Málaga montrera pendant cinq ans sur 2 000 mètres carrés une traversée de l’art des 20e et 21e siècles à travers de 80 œuvres de sa prestigieuse collection. Est-ce qu'il s'agit d'un petit Centre Pompidou à durée limitée ?

Alain Seban : L’idée est que l’on s’installe dans un lieu existant ; on fait le minimum d’investissement nécessaire pour que l’on puisse recevoir des œuvres du musée avec des normes très précises et on va rester quatre ou cinq ans, le temps pour développer un concept de développement culturel. C’est le cas à Málaga, une ville qui mise sur les musées pour son développement.

Pourquoi Málaga ? Pourquoi pas Pékin en Chine, Delhi en Inde ou dans des favelas brésiliennes à Sao Paolo ?

L’idée du Centre Pompidou provisoire est de construire un réseau mondial et on va aller notamment dans ces pays que vous venez de citer : la Chine, le Brésil, l’Inde, des pays avec des scènes contemporaines tout à fait extraordinaires et dont nous devons renforcer la présence de notre collection. Maintenant, c’est un tout nouveau concept que personne n’a jamais mis en oeuvre. Donc il fallait le tester : un laboratoire qui est en même temps une vitrine. Avec Málaga, nous avons un partenaire qui est très réactif et prêt à s’engager. En même temps, on aura la possibilité d’être très présent sur place pour porter ce concept à la perfection. Cela nous permettra ensuite de le développer à la fois mondialement et, c’est aussi très important, en France.

Málaga est un pont entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Avez-vous des projets « provisoires » en Afrique ?

Pas encore, parce que je pense que les choses ne sont pas encore tout à fait mûres en Afrique, même si elles évoluent très rapidement. En revanche, nous avons des discussions assez sérieuses dans plusieurs pays de l’Amérique latine et d’Extrême-Orient. Après Málaga, l’objectif sera de créer un Centre Pompidou hors d’Europe et ensuite, une fois que deux centres provisoires ont été créés, [d'en] implanter un en France.

À quelle échéance ?

Une des choses que nous allons vérifier à Málaga, c’est combien pouvons nous en avoir en même temps. Je pense que trois est certainement possible. Donc en fonction des négociations menées à l’étranger, on peut imaginer une deuxième ouverture hors de France l’année prochaine et probablement vers la fin de l’année prochaine ou début 2017 une ouverture en France.

Pour son ouverture, le Louvre-Lens avait présenté La Liberté guidant le peuple de Delacroix. Quelle sera l’œuvre emblématique du parcours du Centre Pompidou à Málaga, ville natale de Picasso ?

Picasso inspire d’une certaine manière tout le parcours, puisqu’il est autour de la question du corps. Une question qui est centrale dans l’œuvre de Picasso. Il y aura des œuvres importantes de Picasso, notamment le Chapeau à fleurs (1940), mais l’œuvre qui sera la plus emblématique et qui va véritablement incarner le Centre Pompidou Málaga, c’est la commande que nous avons passée à Daniel Buren, l’un des plus importants artistes français d’aujourd’hui, pour le Cubo, ce prolongement de verre du Centre Pompidou Málaga. Cela sera une identité visuelle très forte pour cette nouvelle institution avec des couleurs très vives et proches de couleurs primaires qui rappellent l’architecture colorée du Centre Pompidou.

Comme à Paris, vous prévoyez une programmation pluridisciplinaire avec la danse, la vidéo, le cinéma, des happenings… Est-ce que vous allez intégrer aussi des acteurs et des artistes locaux ou espagnols dans la programmation à Málaga ?

C’est l’idée. Il y a le parcours permanent, des expositions temporaires et une programmation pluridisciplinaire. Cela fait partie de l’ADN du Centre Pompidou et le Centre Pompidou provisoire doit être un concentré, le meilleur du Centre Pompidou en partenariat avec des acteurs culturels locaux.

On connaît le Centre Pompidou-Metz avec son très grand succès, mais aussi avec ses difficultés budgétaires. Est-ce que le concept du « provisoire » est une réponse à ces difficultés rencontrées à Metz ?

C’est un modèle économique complètement différent puisque le Centre Pompidou provisoire apporte une rémunération au Centre Pompidou, entre 1 et 1,5 million d’euros par an. L’enjeu aujourd’hui est d’avoir une économie qui soit moins dépendante de la fréquentation des expositions temporaires à Paris, donc de diversifier nos recettes. Pour le reste, l’ensemble des recettes et des dépenses de l’opération des Centres Pompidou provisoires est laissé à nos partenaires locaux.

Aujourd’hui, il y a plusieurs concepts pratiqués par les musées français : la délocalisation avec le MuCEM, la décentralisation avec le Louvre-Lens et le Centre Pompidou-Metz. Quels sont les avantages du concept du « provisoire » ?

Ce qui est fondamental, c’est l’idée du provisoire, d’une forme d’agilité qui est préservée puisqu’à l’échéance, le Centre Pompidou provisoire va s’installer ailleurs. Donc il y a la possibilité de créer un réseau mondial, avec trois Centres Pompidou provisoires en même temps, mais on ne pourra pas couvrir le monde avec des Centres provisoires. Le deuxième avantage : nous nous insérons dans une démarche d’appui à des projets de développement culturel auxquels nous apportons la visibilité qui donne le nom et l’image très forts du Centre Pompidou. Nous ne venons pas dans une démarche un peu impérialiste de planter notre drapeau, imposer notre marque, mais nous venons en soutien. Je pense que c’est cela qui va nous déverrouiller l’accès à de grands pays comme la Chine, le Brésil ou l’Inde qui ambitionnent légitimement de construire leurs institutions dans un domaine aussi stratégique que l’art contemporain.

En 2011, vous avez lancé le Centre Pompidou mobile qui a attiré en deux ans 250 000 visiteurs en France. Qu’est-ce que vous attendez pour le Centre Pompidou provisoire à Málaga ?

Málaga possède un potentiel considérable. C’est une très grande ville avec quasiment un million d’habitants dans l’agglomération et quatre millions de touristes par an. Si vous regardez les chiffres de fréquentation du musée Picasso de Málaga qui est une très belle institution, il a attiré 400 000 visiteurs par an, ce qui est considérable. Je rappelle qu’à Metz, nous étions à 300 000 visiteurs, avec une progression de cinq pour cent par rapport à l’année passée.

El Cubo, le Centre Pompidou provisoire à Málaga, lors de l’ouverture le 27 mars 2015.
El Cubo, le Centre Pompidou provisoire à Málaga, lors de l’ouverture le 27 mars 2015. REUTERS/Jon Nazca

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