Turquie: les négociations avec la rébellion du PKK relancées
En Turquie, le processus de négociation avec la rébellion du PKK, ouvert il y a deux ans, semble relancé après une rencontre au sommet entre le gouvernement et des députés kurdes, samedi 28 février. Ils ont fait une déclaration commune en 10 points, visant à obtenir le dépôt des armes et de nouvelles garanties constitutionnelles pour les Kurdes. « La Turquie est plus proche que jamais de la paix », estime le parti pro-kurde HDP.
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Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Cette annonce conjointe, la première depuis le début de contacts informels entre Ankara et Abdullah Öcalan, marque le véritable début de négociations jusque-là floues et difficiles. Attendue depuis plusieurs semaines, elle a été rendue possible après la visite d'une délégation de députés kurdes au quartier général du PKK en Irak du nord, puis dans la prison du chef de la rébellion.
C'est le député Sirri Süreyya Önder, du parti pro-kurde HDP, qui a lu l'appel d'Öcalan, toujours emprisonné, avalisé par le gouvernement : « Notre objectif fondamental est d’arriver à une solution démocratique qui transformera 30 ans d’affrontements en une paix durable. Le principe de cet objectif étant partagé, j’appelle le PKK à réunir, au cours du printemps, un congrès extraordinaire pour prendre la décision stratégique et historique à renoncer à la lutte armée. »
Pour Ahmet Insel, enseignant à l'université de Galatasaray, cet appel constitue une étape cruciale, dans l'histoire du PKK et de la Turquie.
« Jusque-là, c'était un appel pour un cessez-le-feu qui était prononcé. Là, il appelle le Congrès du PKK à se réunir, à prendre une décision pour dire "voilà, nous arrêtons la lutte armée comme stratégie", que la lutte armée ne soit plus un moyen du PKK pour faire gagner la revendication kurde. Cet après-midi, il y a eu une déclaration de l'organisation politique du PKK qui met comme condition que le gouvernement aussi fasse de son côté des avancées concrètes sur le problème kurde. Autrement dit, la balle est actuellement plus dans le camp du gouvernement AKP que dans le camp du PKK pour les quelques semaines à venir. »
Il reste au gouvernement à traduire dans les faits son engagement, à inscrire dans la future constitution les principes de l'identité kurde et d'une décentralisation accrue. Il lui faudra aussi renoncer à la législation dite de « sécurité intérieure ». A trois mois d'élections législatives, l'AKP au pouvoir est au pied du mur.
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