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Turquie

Entre Erdogan et l'Union européenne, le torchon brûle

Le président turc Recep Tayyip Erdogan multiplie les charges contre l'Union européenne. Ce mercredi, il a encore rappelé que la Turquie n’avait pas de leçon de démocratie à recevoir de Bruxelles. Dès le début de la semaine, le président turc avait demandé aux Européens de «s’occuper de leurs affaires», suite aux critiques européennes sur l’arrestation d’une quarantaine de journalistes. Les relations entre Ankara et ses partenaires de l’Union européenne n'ont jamais été aussi fraîches, ce qui a provoqué une chute brutale de la monnaie nationale.

Recep Tayyip Erdogan, le 28 août 2014.
Recep Tayyip Erdogan, le 28 août 2014. REUTERS/Umit Bektas
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De notre correspondant à Istanbul,

Recep Tayyip Erdogan disait lundi 15 décembre, que l’Union européenne « n’avait pas à mettre son nez dans les décisions de justice » de la Turquie. Mercredi, il lançait aux Européens : «Vous pouvez toujours dire du mal, écrire des informations mensongères, nous ne changerons pas de route ». C’est vrai, le torchon brûle, et dans son discours, le président turc semble de plus en plus nettement couper les ponts avec Bruxelles.

En fait, ce que Recep Tayyip Erdogan ne digère pas, c’est que les représentants de l’Union européenne, sous couvert de valeurs démocratiques et de libertés individuelles, semblent défendre et protéger les adeptes de la confrérie Gülen, ses ennemis jurés. Erdogan est persuadé qu’ils ont monté ou préparent un complot contre lui et son gouvernement. Il enrage que les Occidentaux ne croient pas à ces soupçons de complot et ne le soutiennent pas dans son combat pour défendre son pouvoir. D’où les attaques sur le thème « l’Europe n’a pas à faire la morale à la Turquie », car l’UE ne défend pas assez; ou pas du tout, sa démocratie, son pouvoir.

Chute brutale de la monnaie nationale

La livre turque, mercredi, avait perdu 10 % de sa valeur, trahissant la peur des milieux d’affaires, très pro-européens. La glissade de la monnaie nationale a été stoppée grâce à l’intervention de la Banque centrale, mais l’inquiétude demeure. Les commentaires des éditorialistes expriment bien le doute qui s’installe désormais, et passent en revue les scénarios possibles. Selon l'un d'entre eux, « le choix que l’on a aujourd’hui, c’est entre l’Union européenne et Recep tayyip Erdogan, entre la démocratie et… ». Il faut comprendre le contraire de la démocratie, donc la dictature.

Un autre craint de voir les négociations d’adhésion ou l’attribution des fonds structurels suspendus. Et beaucoup en tout cas ont bien compris que la question européenne n’était pas une priorité pour le gouvernement Erdogan, et que les acquis européens et l’espoir d’être membre un jour sont sur le point de s’évanouir, sans doute à jamais. 

La Turquie et l'Europe

Le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan illustre bien dans une interview au journal Vatan ce vendredi le sentiment de profonde défiance que nourrit Ankara vis-à-vis de l’Union européenne : « Nous n’accepterons jamais d’être un pays sous influence, sous pression », répète-t-il, évoquant même sans ambages l’éventualité que les Européens travaillent de concert avec la confrérie Gülen, donc complotent contre le gouvernement en place.

Il ne reste donc plus beaucoup d’espoir pour voir les négociations d’adhésion, déjà fort fragilisées, reprendre un rythme normal. Pour la population, c’est l’inverse : plus le régime en place se durcit et s’éloigne des critères européens, plus son intérêt pour une adhésion remonte. Le dernier sondage d’opinion montre qu’un peu plus de 50 % de la population y est aujourd’hui favorable. C’est la première fois depuis bien des années que ce taux repasse la barre symbolique d’un soutien sur deux. 

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