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RUSSIE

Russie: l’éducation patriotique selon Vladimir Poutine

En Russie, le 1er septembre est la date de la rentrée scolaire et universitaire. Le pays connaît une vague de patriotisme sans précédent depuis l’annexion de la Crimée. En ce qui concerne l’école, début juillet, Vladimir Poutine a expressément demandé une éducation plus patriotique. « Plutôt des cours de cuisine, ou de sport de combats locaux, avait-il déclaré, que des cours de yoga ».  

Des élèves de Moscou en visite au musée central des Forces armées.
Des élèves de Moscou en visite au musée central des Forces armées. (Photo by: Sovfoto/UIG via Getty Images)
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Le ministre de la Culture Vladimir Medinski souhaite une éducation plus patriotique, tout comme Vladimir Poutine : « Nous apprenons de plus en plus les langues étrangères, mais cela ne devrait pas être fait au détriment de l’apprentissage de la langue russe, de notre littérature, de notre histoire commune ». Le ministre de la Culture a ajouté que les politiques « démodées » de tolérance et de multiculturalisme européennes avaient « complètement échoué » en Europe.

Pas de cours de patriotisme, mais un état d’esprit

Alors comment est-ce que cela se traduit dans les programmes scolaires russes ? Pour le ministre de l’Education du gouvernement de Moscou, Isaac Kalina, c'est d’abord un état d’esprit : « Tout d’abord, je pense que toute la vie scolaire est une leçon de patriotisme. Parce qu'un bon enseignement de mathématique, je le dis en tant que professeur de mathématique, doit aussi former une personne capable de se servir des maths pour le bien de sa ville, pour le bien du pays ou il habite. C’est ça l’apprentissage du patriotisme ».

Pas de cours de patriotisme donc, mais plutôt un changement d’état d’esprit dont se réjouit Iaroslav Kuzminov, recteur du haut collège d'économie : « J’ai l’impression que l’école moscovite aujourd’hui forme les patriotes beaucoup mieux qu’il ya dix ans. Tout simplement parce qu’elle enseigne mieux, parce que l’autorité de l’enseignant d’histoire ou de géographie, l’autorité de l’enseignant de littérature est devenue plus importante. Si les élèves respectent leur professeur, ils apprennent les premières leçons du respects de l'Etat. »

Le président Poutine a également prôné des changements en matière d’apprentissage de l’histoire. Les historiens et les enseignants ont été priés par le président russe de plancher sur un nouveau manuel d’histoire qui devra « minimiser les spéculations autour des grands jalons du passé» et présenter à la jeunesse « une image historique objective, excluant toute interprétation contradictoire ». Ce manuel sera unique et servira à tous les élèves du secondaire.

Mais certains historiens ont rué dans les brancards. Iskander Magadeev, maître de conférence à l’Institut des relations internationales à Moscou, note qu'en Russie « tout changement dans l’histoire est un signe de ce qui se passe en politique. » Et « le fait que ce travail soit pris en main par des politiques est un problème », estime t-il, même si le contrôle de l’Etat est moins important que sous l’URSS. La sortie de ce manuel est prévue pour la rentrée 2016. Mais le ministre fédéral de l’Education vient de dire qu’il ne fallait pas s'imaginer un livre unique, mais plutôt un concept et un ensemble de recommandations. Et devant un grand rassemblement des jeunes qui le soutiennent, le 30 août, Vladimir Poutine a rappelé que le concept unique de l’enseignement de l’histoire lui semblait nécessaire.

Une liberté qui permet de faire du zèle patriotique

Pour Andreï Kazlov, qui est directeur d’école et professeur d’histoire, les écoles ont encore une grande marge d’appréciation. « A mon avis, le rôle de l’Etat est très exagéré dans l'enseignement de l’histoire. Puisque en réalité, il n’ y a aucun contrôle sur ce que fait l’enseignant dans la classe pendant la leçon. Il y a des sujets sur lesquels on nous demande d’attirer l’attention, comme les 200 ans de la bataille de Borodino ou l’anniversaire de la grande guerre patriotique, mais pour ça il y a les lecons d’histoire, de littérature. Ca fait partie des programmes. Mais faire quelque chose de spécial à ce sujet, non, on ne le fait pas dans notre école. Ce n’est pas dans notre tradition ». 

Andreï Kazlov dirige une école plutôt libérale, et il admet que certains de ces confrères ont une politique éducative différente. Certaines écoles font du zèle en matière de patriotique. Il connait des établissements où l'on continue à organiser ce jeu paramilitaire qui s’appelle Zarnitsa, comme à l’époque soviétique, et on l'on voit des enseignants qui habillent les enfants en uniforme militaire.

« Mais, ajoute-t il, on a encore la liberté de choix. Ainsi notre école ne participe pas à toutes les manifestations. Par exemple, en ce qui concerne le parcours du combattant, j’ai reçu une demande pour présenter une équipe de notre école. Mais j’ai refusé et il n’y aura pas de conséquence pour moi. Il existe aussi une compétition pour démonter et remonter un fusil le plus vite possible. Mais moi, je n’apprends pas aux élèves les bases militaires, même si à la télé, on peut voir des émissions où les enfants courent, montent et démontent des fusils. Un stand de tir nous a aussi été proposé avec des séances gratuites. Mais nous ne le faisons pas. J’estime que c’est aux parents de décider ».

Il existe aussi des associations comme celle qui distribue les rubans de Saint-Georges, et entretient la mémoire des anciens combattants, qui interviennent dans les écoles. Ce directeur note que ce sont parfois les parents qui demandent plus d’éducation au patriotisme. La seule vraie nouveauté, c’est une nouvelle loi concernant le drapeau et l’hymne, qui vient d’être votée. A partir du 1er septembre, le drapeau doit flotter au-dessus de l’école en permanence, et l’hymne doit être joué avant toutes les manifestations officielles.

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